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La non pratique de la planification familiale et son impact socio-économique dans le groupement Cirunga en territoire de Kabare.


par Christian CISHANGI
Institut supérieur de développement rural des grands lacs à  Goma - Graduat en développement rural 2020
  

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02. PROBLEMATIQUE

Dans le monde, près de 123 millions de femmes principalement dans les pays en voie de développement n'ont pas recours à la contraception bien qu'elles aient exprimé le souhait d'espacer les naissances et de limiter les nombres de leurs enfants, sur l'ensemble de grossesses qui se produisent chaque année dans le monde, 38% ne sont pas désirées et près de 6 grossesses sur 10 se concluent par un avortement provoqué, l'accès à la planification familiale volontaire et sans danger constitue un droit fondamental. La planification familiale est cruciale pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ; c'est également un facteur essentiel de réduction de la pauvreté. Pourtant environ 214 millions des femmes qui souhaitent avoir recours à des méthodes de planification familiale efficaces et sans danger s'en ont pris la possibilité car elles n'ont pas accès aux informations et aux services nécessaires, ou ne sont pas soutenues par leur partenaire ou leur communauté. (OMS, 2015).

La question de P.F concerne le monde entier car des grossesses très nombreuses, très rapprochées et celles relevées chez les adolescents et les femmes de plus de 35 ans mettent en danger la vie des concernées et sont responsables d'un tiers environ des décès des naissances. Le problème de la santé peut être influencé par plusieurs facteurs à travers le monde parmi lesquels nous citons : une mauvaise condition d'hygiène du milieu, de l'environnement et de l'habitat, la pauvreté, l'insuffisance alimentaire, l'apparition des nouvelles pathologies

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épidémiques, les catastrophes, les guerres et les conflits armés. (Smith RHONDA&ALII, 2009)

La P.F est l'un des moyens les plus efficaces pour améliorer la santé des femmes et leurs enfants ; ainsi le monde entier a consacré son effort en planning familial. En Asie, sur 210 millions des grossesses qui se produisent chaque année près de 80 millions sont non planifiées. Ces grossesses sont l'une des principales raisons du recours à l'avortement. A l'échelle Mondiale, quelques 55% des femmes ayant un besoin non satisfait en service de planning familial souhaitent un espacement de naissance et 45% veulent limiter le nombre de leurs grossesses. (Lori ASH, et TOSHIKO KANEDO, 2007).

En 1979, la Chine avait instauré la politique de l'enfant unique pour réduire la croissance rapide de la population, la politique de l'enfant unique contraint les femmes à ne pas avoir plus d'un enfant sous peine des sanctions financières et de non-reconnaissance de la part du gouvernement des enfants excédentaires. Les minorités ethniques vivant essentiellement dans des régions rurales moins densément peuplés, bénéficiaient généralement d'une application plus souple de la politique de l'enfant unique. A la suite du vieillissement rapide de la population, la chine a progressivement assoupli la politique de l'enfant unique à partir du début des années 2000, le couple dont l'un des conjoints est enfant unique est autorisé à avoir deux enfants puis l'a aboli en octobre 2000. ( www.refworld.org).

Depuis l'instauration de la planification familiale sous contrôle étatique en 1979, la chine estime que 400 millions de naissances ont été évitées. Par ailleurs entre 1971 et 1980, 330 millions d'avortements ont été pratiqués. (Le figaro, 2013).

En France, il en existe un peu partout des centres de planifications familiales agréés, les mineurs peuvent y aller sans être accompagnés d'un adulte et sans payer aucune caution ; par ailleurs comme l'église soutient la planification familiale sans avortement, elle considère que la vie humaine commence dès la conception. La forte croissance démographique de l'Afrique, reste l'un des freins à son développement : c'est ce qu'a voulu rappeler le président Français Emmanuel MACRO en marge du sommet du G20 à Hambourg, le 08 Juin 2018 en répondant à une question d'un journaliste ivoirien sur l'aide consentie par les pays industrialisés « pour sauver l'Afrique ». Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards des dollars, vous ne stabiliserez rien ». Cette affirmation a aussitôt suscité la controverse et une avalanche sur nos réseaux sociaux dans lesquelles le chef de l'Etat se fait étriller pour avoir osé donner son avis sur un sujet sur lequel selon son détracteur il n'aurait pas à s'exprimer ( www.wikipédia.net).

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En Afrique, la mortalité maternelle moyenne est d'environ 518 décès maternels pour 10000 naissances vivantes respectivement dans les régions de l'Afrique subsaharienne et de l'Afrique de l'Est et australe. En Afrique de l'ouest et centrale, la mortalité maternelle est estimée à 1100 décès pour 10000 naissances vivantes. En RDC, 1300 femmes meurent chaque année pour des causes liées à la grossesse et/ou à l'accouchement (Unicef, 2009).

Il y a dans le monde, jusqu'à 700 millions d'être qui pratiquent la contraception, et de millions d'autres le feraient s'ils avaient un meilleur accès à des services de bonne qualité (USAID, 2000).

Une étude effectuée par FATIMA, en 1992 au Nigeria a montré qu'au moins 85% des femmes et au moins 65% des hommes étaient d'accord pour dire que l'espacement aide la mère à reprendre ses forces avant d'avoir un autre enfant et protège la santé de ses enfants. En même temps, en Ouganda, les enquêtes ont constaté que les femmes qui jugeaient de façon positive l'espacement des naissances avaient d'autres avantages dont le fait d'avoir les enfants plus âgés qui peuvent s'occuper de leurs cadets. Une femme a déclaré que l'espacement aide les femmes à paraitre plus jeune. La RDC, figure parmi les pays où la croissance démographique augmente à une vitesse incroyable. L'indice de fécondité est de 6,3 et potentiellement croissante du fait de la forte proportion des jeunes qui y contribue à 13% (EDS, 2007).

Le planning familial en Afrique peut aider des familles à être en `'meilleure santé et plus riche», nous devons permettre à chaque africain de vivre la vie qu'il souhaite. Cela commence avec l'accès aux soins, Si vous êtes en bonne santé, vous pouvez prendre soin de vos enfants, de leur éducation et les aider ensuite à développer leur pays. Mais avant tout, il faut avoir la possibilité de choisir à quel moment on souhaite avoir des enfants si les femmes peuvent espacer les naissances, idéalement de trois ans, on sait que les enfants qui naitront seront en meilleur santé. Ils auront deux fois plus de chance de survivre pendant les premières années de leur vie. Le planning familial c'est donc la clé du développement. (Gates MELINDA, 2018).

En Afrique noire, il nous faut maintenant nous atteler à la tâche ardue de traduire les objectifs du développement durable en action. Les droits et le bien-être des femmes et des jeunes filles, qui seront l'une des forces motrices de cet élan mondial, doivent être notre priorité. S'assurer que chaque femme dispose des informations et des services lui permettant de décider quand avoir des enfants, et combien, est une première étape cruciale. Nous avons pu observer

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par nous-même les progrès énormes réalisés par les femmes, les familles et les collectivités, lorsqu'il existe un accès équitable à la planification familiale volontaire et à la contraception, et les effets dévastateurs lorsque ce n'est pas le cas. Les bienfaits de la P.F s'étendent bien au-delà de la sphère individuelle. L'accès à une gamme complète d'options contraceptives réduira considérablement les mortalités maternelles et infantiles et améliorera la santé globale des familles. Permettre aux jeunes femmes de décider si, et quand, elles veulent fonder une famille leur offre plusieurs possibilités : rester à l'école, rejoindre la population active ou poursuivre d'autres rêves. Ce cercle vertueux qui commence par l'autonomisation d'une seule femme peut extirper des communautés entières de la pauvreté. L'augmentation du nombre de femmes en bonne santé, instruites et actives, stimule le bien-être économique des pays de l'Afrique. Ce changement ne se produira que si les pays couplent leurs politiques sociales et économiques avec des programmes de planification familiale volontaire. (Osotimehin BABATUNDE, 2015).

Compte tenu des conditions défavorables dans lesquelles les couples ne parviennent pas à planifier les naissances, la République démocratique du Congo est citée parmi les pays le plus peuplé d'Afrique. La santé de la reproduction est caractérisée par un taux d'accroissement élevé de 3,1% ainsi qu'au taux de mortalité maternelle et néonatale au-dessus de la moyenne africaine. Aussi la prévalence contraceptive très faible de 6,3% et au taux d'avortements provoqués souvent mortels chez les adolescents de 30% (PNSR, 2007).

Comme dans beaucoup de pays africains, les sociétés traditionnelles tendent à donner de l'importance à l'espacement des naissances et à reprouver les intervalles courts entre celles-ci. A l'époque précoloniale, il est commun de penser que l'enchainement trop rapide de grossesses peut menacer la survie de l'enfant, comme le reflète le mot kwashiorkor (littéralement, l'affliction imposée par le bébé ainé « Kwaski » à son cadet « orkor », en conséquence de l'arrivée prématurée de ce dernier). Pour éviter la honte associée aux grossesses imprévues, les femmes ont recours à deux principales stratégies : l'allaitement prolongé et l'abstinence après l'accouchement. La polygamie rend plus facile cette pratique, puisque les hommes ont plusieurs compagnes pendent la période d'abstinence post-partum ; ce système favorise l'explosion démographique. Cependant, le colonialisme belge imposera ses propres notions chrétiennes et ses normes occidentales à la population locale, causant le déclin de la polygamie institutionnelle (mais n'influençant pas pour autant les pratiques multi conjugales). Le président MOBUTU SESEKO prononce un discours historique dans lequel il défend le concept naissances désirables. Ce discours visionnaire fait du Zaïre le premier pays africain

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francophone à adhérer au paradigme de la planification familiale. Cependant le gouvernement du zaïre préfère utiliser le terme « naissances désirables », considéré plus acceptable culturellement que celui de « planification familiale ». L'introduction de ce type de programmes au zaïre est motivée par les taux élevés des mortalités infantiles, maternelles et d'avortement chez les jeunes femmes, conduisant à l'infanticide, la mort et l'abandon des nouveaux nés. Le terme de naissances désirables reflète également la volonté de prévenir les grossesses non désirées et de combattre l'infertilité ( Planificationfamiliale-rdc.net,2004).

Par ailleurs, malgré que la RDC a adopté le système de la planification familiale, la province du Nord-Kivu qui compte 24 zones de santé, 10 zones seulement organisent le service de planning familial, c'est pourquoi la surpopulation et les avortements massifs sont observés dans l'ensemble de la province. La ville de Goma qui compte une population estimée à 1 100 000 habitants avec 2 zones de santé qui organisent la planification familiale, la population n'y accède pas et pourtant dans la politique nationale qu'internationale, le programme est admis, le quartier HIMBI qui a une population de 36873 habitants la majeure partie n'est pas informée sur la planification familiale. (Marie de Goma, 2018).

Dans la province du Sud-Kivu, le programme de planification familiale n'est pas bénéfique à toutes les couches de la population. Des femmes déplacées et mères de plusieurs enfants se plaignent de ne pas bénéficier des notions sur la P.F, A Katana, en territoire de KABARE les femmes qui ont fui l'insécurité dans la localité de Mabingu vivent difficilement dans des familles d'accueil. Elles vieillissent précocement à cause des naissances rapprochées et de la misère. A 30 ans, l'une de ces femmes compte déjà dix enfants. Une autre enceinte de 26 ans a 6 enfants. Elles disent toutes n'avoir pas souhaité mettre au monde autant d'enfants mais qu'elles ne savaient pas comment planifier les naissances. Le programme national de santé de la reproduction avait indiqué que 24% des femmes en République démocratique du Congo n'ont pas accès au service de planification familiale. ( www.Radiookapi.net, 20/08/2012).

La situation de pauvreté que traverse le groupement CIRUNGA est très perceptible. Etant une entité située en milieu rural, CIRUNGA ne comporte presque pas d'investissements majeurs pouvant alimenter l'économie d'un milieu. C'est un groupement à moitié enclavé, l'insuffisance des structures sanitaires, électricité et eau potable, manque de centre de formation des jeunes et surtout des femmes ; les difficultés d'argent et le manque d'emploi stable ne facilitent pas la scolarisation souhaitée des enfants et la prise en charge des soins sanitaires et comme conséquence, nous assistons à des couples en union libre vivant dans la débrouille, le

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loisir en pareille circonstance est relégué au second plan, remplacé généralement par la jouissance sexuelle avec des naissances inopportunes. Donc, malgré cette situation, la fécondité ne fléchie pas, et les enfants en courent tous les risques possibles, (malnutrition, manque d'affection à l'égard de leurs mères, non scolarisation, manque de soin sanitaire, ...) « Les cuisines des pauvres sont sans-dents mais leurs lits sont féconds » dit-on.

Dans le groupement CIRUNGA, très peu de couples ont moins de 5 enfants alors qu'ils devraient tenir compte de leur situation de pauvreté pour pouvoir planifier leurs naissances.

Eu égard à ce qui précède, les questions suivantes feront l'objet de notre travail :

a) Question principale :

Comment améliorer les conditions socio-économiques de la population CIRUNGA à partir de la planification familiale ?

b) Questions spécifiques :

- Qu'est-ce qui est à la base de la non pratique de la planification familiale par la population du groupement CIRUNGA ?

- Quelles sont les conséquences de la non pratique de la planification familiale sur la vie socio-économique de la population du groupement de CIRUNGA ?

- Que faire pour amener la population du groupement CIRUNGA à intégrer la PF ainsi améliorer ses conditions socio-économiques ?

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon