Résilience communautaire face à l'insécurité alimentaire dans le groupement BUAVBO, défis et stratégiespar MULENGERO Joel ISDR-GL - Licence en Développement Rural/ Organisation sociale 2021 |
B. Infrastructures sanitairesLe groupement Buabo dispose des centres de santé. Disons qu'à 1950 il y a eu création d'un dispensaire Mushubangabo dans la localité de Bulwa. Actuellement, nous trouvons aussi la création d'autres dispensaires. I.3.6.ASPECT DEMOGRAGRAPHIQUE ET SITUATION ADMINISTRATIVEA.POPULATIONCe groupement est composé de cinq localités qui sont : Mashaki, Shakingi, Bulwa, Muhanga et Kaniro. Chaque localité est subdivisée en colline et chaque colline est dirigée par un chef de colline qui subdivise celle-ci en village et finalement en 10 maisons pour permettre une bonne gestion. La population est de 145hab/km2, pour le recensement de l'année 2019-2020, Buabo comptait 40000 habitants. Superficie : 275km2 Tableau I: population du groupement Buabo 2016-2017
Source : Service de l'État civil, rapport de recensement 2019-2020 B. Situation administrative21 Buabo est subdivisé en cinq localités. A la tête il y a un chef de groupement et son secrétaire. Chaque localité est dirigée par un chef de localité suivi d'autres personnes tels que le secrétaire, le chef de colline ORGANIGRAMME GARDIEN DE COUTUME SECRÉTAIRE DE GROUPEMENT TRIBUNAL SERVICE I.2. REVUE DE LA LUTTERATURE CHEF DE LOCALITE CHEF DE COLLINE LECAPITA DU VILLAGE LE 10 MAISONS Source : bureau du secrétaire du groupement 22 Dans cette partie du chapitre premier, il nous a été impérieux de développer une théorie se rapportant à la sécurité alimentaire avec un accent sur l'Accessibilité alimentaire bien, que précédée par la conceptualisation de notre recherche I.2.1. CADRE CONCEPTUEL A ce sujet, il sied de définir quelques concepts constituant l'ossature de notre sujet de recherche, en vue de faciliter la compréhension et de bien cadrer le contexte du présent mémoire. Ces concepts sont : V' Résilience : Ce concept tire son origine du mot latin resilire qui signifie « rebondir ». L'histoire renseigne que ce terme était déjà employé dans les années 60 dans le domaine de la physique. Puis il a été transféré en sciences sociales, notamment en psychologie et en économie, après un détour par l'écologie. Holling en 1973 définis défini la résilience comme « l'importance d'une perturbation qu'un écosystème peut encaisser sans changer de structure ». Paquet en 1999 définis la résilience comme « la capacité intrinsèque des entreprises, des organisations et des communautés à retrouver un état d'équilibre » (Paquet, 1999), (Barroca et al, 2013). Pour Damienne (2009), un système est résilient lorsqu'il répond activement face aux perturbations et qu'il est même à mesure de s'adapter à son nouvel environnement afin de se réorganiser ou se transformer. La définition de Damienne est mieux adaptée à notre étude V' Résilience Communautaire : Ce mot fut aussi défini par plusieurs auteurs. Il est définie comme : C'est la capacité d'une communauté de continuer à vivre, fonctionner, se développer et s'épanouir après un
traumatisme ou une crise. 23 Pour Ballet et al (2003), la résilience d'une société ou d'une communauté peut être appréhendée comme la capacité de celle-ci à absorber un choc par la résistance ou l'adaptation. Léon N'DA (2014)définit la résilience communautaire comme la capacité à faire face à un changement brutal (chute de l'offre alimentaire et/ou du pouvoir d'achat) et à développer des stratégies de sortie de crise Dans le contexte de notre étude, nous allons nous focaliser à cette étude de Léon N'DA V' Insécurité alimentaire : C'est un état dans lequel se trouve une personne ou un groupe de personnes lorsque la disponibilité d'aliments sains et nutritifs, ou la capacité d'acquérir des aliments personnellement satisfaisantes par des moyes socialement acceptable est limitée ou incertaine. www.ciuss-capitalnational.gouv.qc.ca C'est aussi l'incapacité d'une personne, d'un ménage ou d'une communauté à se procurer ou accéder en quantité et/ou en qualité à une nourriture saine pour mener une vie active. Léon N'DA. Cette définition est la mieux adaptée à notre étude On ne peut pas parler de l'insécurité alimentaire sans parler de la sécurité alimentaire V' La sécurité alimentaire : C'est l'accès pour tout le monde et à tout moment à une nourriture suffisante afin de mener une vie active et saine. (Banque Mondiale, 1986) Dans cette étude nous allons utiliser plusieurs autres termes notamment : V' La faim La faim est un besoin de manger non satisfait qui revêt plusieurs formes : 24 - Soit les gens sont insuffisamment nourris quotidiennement. Ils ne mangent pas assez pour mener une vie active ou pour étudier. On dit qu'ils souffrent de sous nutrition, de sous-alimentation ou de faim chronique ; - Soit les gens ont une alimentation à peu près suffisante mais qui manque d'éléments indispensables : des sels minéraux, vitamines, oligo-éléments, protéines. On dit qu'ils souffrent de malnutrition ou de faim cachée car certaines conséquences de leurs carences alimentaires ne se remarquent pas forcément extérieurement ou ne sont pas attribuées, à tort, à une mauvaise alimentation. Quand toute une population souffre d'un manque de nourriture, c'est la disette. On la rencontre surtout à la campagne quand les nouvelles récoltes tardent. Si la disette se prolonge, la population manque totalement de nourriture, les gens meurent par inanition ; on se trouve, alors, en présence d'une famine (FOGEL et AUDATE, 1997). V' Pénurie alimentaire La pénurie alimentaire est le manque temporaire de la nourriture dans un milieu donné. Elle est due surtout par les ravages des plantes et la sécheresse prolongée et se manifeste pendant les périodes de soudure (FOGEL et AUDATE, 1997). V' La famine C'est une forme de malnutrition générale, prolongée et persistante, qui dure plusieurs mois et affecte la majorité d'une population rurale sur une zone plus ou moins étendue et qui provoque une totale désorganisation économique et sociale et la mort massive par inanition (absence totale de nourriture) (AZOULAY et DILLON, 1993). V' Autosuffisance alimentaire C'est la capacité d'un pays à produire suffisamment des biens alimentaires pour couvrir les besoins de ses populations (CONGO et SCHMIDT, 1995). V' Sous-alimentation 25 C'est une insécurité alimentaire chronique ; la ration alimentaire n'est pas suffisante pour satisfaire les besoins énergétiques de base, et de façon continue (AZOULAY et DILLON, 1993). L'évolution du concept de sécurité alimentaire d'une conception restrictive (offre de produits) vers une conception plus large (offre + accès) s'est renforcée. I.2.2. APPROCHE THEORIQUE : GENERALITES SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE
Dans les années 1970-1990, la notion de « sécurité alimentaire » a été mise en avant par les grands organismes internationaux en raison des crises alimentaires qui se sont succédées dans diverses régions du globe, principalement dans les pays en développement. La première conférence mondiale sur l'alimentation de 1974, convoquée par l'ONU, a conduit à la « Déclaration universelle pour l'élimination définitive de la faim et de la malnutrition » qui a été ratifiée par une centaine de pays. Elle inscrivait le « droit inaliénable d'être libéré de la faim et de la malnutrition », en soulignant la responsabilité des États dans ce domaine, notamment en termes de politique agricole et de disponibilité d'aliments de base. L'approche reposait alors surtout sur l'adéquation entre la production et les besoins, centrée sur les aspects énergétiques d'un point de vue macroscopique (au niveau des pays ou de régions). En 1986, la Banque mondiale a étendu le concept de sécurité alimentaire en la définissant, comme « l'accès pour tout le monde et à tout moment à une nourriture suffisante pour une vie active en bonne santé » (World Bank, 1986). 26 Elle plaçait ainsi l'individu au centre de la définition, en précisant la notion de suffisance alimentaire quantitative, permanente sinon stable, de qualité adéquate et en lien avec l'état de santé de l'individu. Cette définition, comme celles proposées dans les années 1980-1990 par la FAO (Food and Agriculture Organization), l'ONU ou d'autres institutions qui l'ont complétée, a permis de préciser les différents champs qui pouvaient être inclus dans le concept d'insécurité alimentaire, d'un point de vue financier, matériel, et bien sûr nutritionnel, que ce soit en milieu rural comme en milieu urbain. Le sommet mondial de l'alimentation de 1996 a inclus des notions complémentaires comme les conditions d'accès à une nourriture suffisante et de bonne qualité sanitaire (d'un point de vue microbiologique et toxicologique) : En se référant à la définition issue du Sommet mondial de l'alimentation de 2009 qui stipule que« la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active », nous y retrouvons quatre dimensions dont: V' La disponibilité ou l'approvisionnement alimentaire suffisant, V' L'accès aux aliments par les ménages V' L'utilisation appropriée de la nourriture V' La stabilité dans le temps de la disponibilité, de l'accès et de l'utilisation de la nourriture. V' La disponibilité alimentaire C'est la quantité de nourriture disponible (production, importations, réserve et aide alimentaire). Cette dimension implique la présence de toutes les denrées qui composent le régime alimentaire en quantité et en qualité suffisante pour satisfaire les besoins de toutes les populations dans une période déterminée. L'existence des disponibilités suffisantes est ici analysée au niveau national, au niveau de ménages le problème est celui de la disponibilité des ressources alimentaires produites et autoconsommées ou de l'accès à des denrées non produites et autoconsommées ou de l'accès à des denrées non produites par les ménages mais disponibles sur des marchés. Les approvisionnements alimentaires proviennent le plus souvent de trois L'utilisation de la nourriture dans le cadre d'une diète adéquate, d'eau potable, d'assainissement et des soins de santé de façon à obtenir un état de bien-être 27 sources, il s'agit de la production alimentaire nationale, les importations et l'aide alimentaire. C'est surtout en cas de déficit alimentaire qu'on fait recours aux aides d'urgences.(FAO, 2003) V' L'accessibilité alimentaire Cette dimension se réfère à la capacité physique et économique de tous les individus à satisfaire la partie de leurs besoins qui est satisfaite par le recours au marché dans une période donnée. Cette partie de besoins est la différence entre les besoins globaux et l'autoconsommation. L'accessibilité physique des aliments signifie qu'ils sont disponibles tout au long de l'année (sans interruption). L'accessibilité économique réfère à la capacité des ménages de générer un revenu suffisant pour se nourrir et pour réaliser les autres droits de base (santé, éducation,...)» (VREDESEILANDEN, et Alii, 2004). La sécurité alimentaire des ménages diffère selon son contexte rural ou urbain. Dans les zones urbaines, la sécurité alimentaire des ménages est essentiellement liée au revenu, c'est-à-dire au niveau de rétribution par rapport aux prix des aliments et d'autres biens de consommation. Dans les zones rurales, la sécurité alimentaire des ménages est plus souvent fonction de disponibilité alimentaire et des prix qui dépendent généralement de la production (animale et végétale), des revenus qui sont déterminés par les possibilités d'emploi agricole et non agricole. C'est l'accès de tous à des ressources adéquates (droits) leur permettant d'acquérir une nourriture adéquate et nutritive. Les droits sont définis comme l'ensemble de biens auxquels une personne est susceptible d'accéder en raison du contexte juridique, politique, économique et social de la communauté dans laquelle elle vit y compris certains droits traditionnels comme l'accès aux ressources commune ( www.fao.org, visité le 17 mais 2021 à 23h2') V' L'utilisation de la nourriture 28 nutritionnel qui permette de satisfaire tous les besoins physiologiques. Tous ces éléments soulignent le rôle des facteurs non alimentaire dans la sécurité alimentaire ( www.fao.org, visité le 17 mais 2021 à 23h2') ? La stabilité Alimentaire Cette composante implique la régularité spatio-temporelle de la disponibilité alimentaire. Cette stabilité peut être menacée par un ensemble des facteurs internes qu'internationaux: Instabilité de la production domestique, déficiences des infrastructures de stockage et des systèmes domestiques de commercialisation, fluctuations cycliques de l'offre et de la demande sur les marchés internationaux. Pour assurer cette stabilité alimentaire en matière de à la sécurité alimentaire, une population un ménage ou une personne doit avoir un accès permanant à une nourriture adéquate. Cet accès à la nourriture ne doit être menacé ni par l'émergence des chocs soudain (par exemple, une insécurité alimentaire saisonnière). Le concept stabilité peut donc concerner à la fois la disponibilité et l'aspect lié à l'accès à la sécurité alimentaire ( www.fao.org, visité le 17 mais 2021 à 23h2') En analysant ces 4 dimensions, nous tirons quatre caractéristiques de la sécurité alimentaire : La sécurité alimentaire est individuelle : c'est-à-dire qu'un pays sera en sécurité alimentaire si chaque membre de chaque famille dans chaque région du pays est en sécurité alimentaire ; La sécurité alimentaire n'est pas ponctuelle, elle dure dans le temps : vivre en sécurité alimentaire, c'est manger aujourd'hui en sachant que l'on mangera demain; La sécurité alimentaire impose une alimentation suffisante pour mener une vie saine et active, ce n'est pas de sous- nutrition, ni de malnutrition ; La sécurité alimentaire respecte l'homme : mener une vie saine et active ce n'est pas survivre mais vivre (FOGEL et AUDATE, 1997). 29
Au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, la production alimentaire mondiale par habitant a augmenté de 25 %, alors que les prix diminuaient d'environ 40 %. Par exemple, entre 1960 et 1990, la production totale de céréales est passée de 420 à 1176 millions de tonnes par an. Cependant, la sécurité alimentaire demeure d'actualité au début du XXIème siècle. En dépit de la baisse de fertilité observée dans la majorité des pays, certains estiment qu'il devrait y avoir environ 8,9 milliard d'habitants en 2050. En 2000, 790 millions de personnes dans le monde souffraient de la faim. Les habitants de 33 pays consomment moins de 2200 kcal par jour. Il est généralement admis que les besoins alimentaires augmenteront dans les décennies à venir pour les raisons suivantes : V' Augmentation de la population, ce qui implique une augmentation de la demande; V' Augmentation du pouvoir d'achat de nombreux humains ; 30 y' Augmentation de l'urbanisation, impliquant fréquemment un changement de la pratique alimentaire, en particulier une augmentation de la consommation de viande (on estime que 7 kg de nourriture pour animaux est nécessaire pour produire 1 kg de boeuf, 4 kg pour produire un porc et 2 kg pour une volaille). Une offre suffisante et bien gérée est une condition indispensable pour faire disparaître la famine et la malnutrition. Cependant, la sécurité alimentaire n'est pas nécessairement acquise lorsque l'offre alimentaire est suffisante, et pose des questions telles que « qui produit la nourriture», « qui a accès aux informations nécessaires
à la production agricole », « qui a un Selon TOLLENS (2003), en 2000, 27 % des enfants en âge préscolaire dans les pays en voie de développement étaient ainsi atteints de rachitisme (lié à une alimentation insuffisante et/ou peu variée et de faible qualité). Les femmes sont aussi souvent désavantagées, car elles possèdent peu de terres et bénéficient moins de conseils et de crédits pour l'amélioration des techniques agricoles. Différentes options sont possibles pour augmenter la production agricole, par le biais d'adoption de systèmes de production agricole spécifiques : y' Augmentation des surfaces agricoles (avec comme effet négatif la perte de surfaces forestières, des prairies, et d'une façon générale, de lieux riches en biodiversité); y' Augmentation de la productivité (quantité à l'hectare) dans les pays exportateurs (et exportation des surplus vers les pays déficitaires) ; 31 ? Augmentation de la productivité globale dans les pays déficitaires, lesquels pourront devenir auto-suffisants. L'agriculture périurbaine ou l'agriculture urbaine peuvent également aider à résoudre le problème de la sécurité alimentaire, en permettant aux citadins à revenus limités de cultiver des légumes ou des fruits par exemple, en pleine ville. Elle permet également d'assurer une meilleure conservation des aliments et de leurs qualités nutritionnelles. ? Qualité suffisante et nécessaire La qualité exige d'avoir identifié les risques et dangers, « de la fourche à la fourchette», en incluant donc les aspects (conservation, contact alimentaire, impacts secondaires et différés des modes de cultures, transport des aliments, modes de cuisson etc.) et de prendre les mesures de précaution et d'évaluation pour limiter l'expression des risques (par exemple, d'intoxication alimentaire). En Europe, la Directive 93/43/CE relative à l'hygiène des denrées alimentaires préconise la méthode HACCP (Analyse des dangers et points critiques pour leur maîtrise) de manière à "identifier tout aspect déterminant pour la sécurité des aliments et pour veiller à ce que des procédures de sécurité appropriées soient établies, mises en oeuvre, respectées et mises à jour". ( www.fr-academic.com, visité le 22 juin 2021) La nouvelle réglementation européenne dite « paquet hygiène » vise à prévenir les dangers avec une obligation de résultat, "de la fourche à la fourchette", tout en laissant plus de liberté aux responsables d'établissements de production ou de restauration sur les moyens d'y arriver. Les guides de bonnes pratiques mis en place par les filières professionnelles, avec ou sans l'aide d'administrations peuvent y contribuer aussi, de même que les normes et référentiels utilisés par l'agroalimentaire. Toutefois, ces outils, méthodes et guides sont interprétés de manières diverses, parfois en contradiction avec le Codex alimentarius qui est la principale référence internationale. 32 E. LES FACTEURS INFLUENÇANT L'INSECURITE ALIMENTAIRE Le manque de nourriture quand on habite dans les milieux ruraux, cela peut paraitre peu logique puisqu'on estime qu'ils ont la terre à leur disposition ; ne peuvent- ils pas produire au moins la quantité de nourriture nécessaire à l'amélioration de leur famille? En effet, on observe que la situation alimentaire de nombreux paysans est souvent précaire, d'où l'examen des facteurs à la base de cette situation désastreuse est d'une importance capitale. Des paysans sans terre. Beaucoup de paysans ne possèdent pas de terre : une minorité de grands propriétaires possèdent la plus grande part des terres, souvent les meilleurs. Peu de surfaces cultivables restent à partager entre la grande majorité des paysans. Cette répartition inéquitable des terres concerne surtout l'Amérique Latine et l'Asie (FOGEL et AUDATE, 1997). Nombreux sont les agriculteurs qui travaillent comme métayers, pour un faible salaire, sur des terres qui ne leur appartiennent pas, et dont ils ne peuvent pas utiliser librement les produits, ni pour leur autoconsommation, ni pour la vente. Ces paysans n'ont aucune sécurité d'emploi, ils peuvent être renvoyés du jour au lendemain. Pour certain, l'exode rural sera la seule solution. Il arrive que des paysans obtiennent en fermage un petit lopin de terre. Ils peuvent donc disposer de tout ou d'une partie de la production qu'ils consomment ou qu'ils commercialisent. Cette production demeure insuffisante pour payer le fermage, souvent exorbitant, pour acheter les semences et les outils et pour acquérir de biens qu'ils ne produisent pas, comme du savon, de l'huile, des vêtements,... Des paysans avec des parcelles trop petites. D'autres paysans sont propriétaires mais les parcelles sont trop petites. Même s'ils obtiennent de bons rendements, le volume de leur production reste insuffisant pour atteindre des revenus leur permettant de faire face à toutes les dépenses d'une famille souvent nombreuse. Beaucoup de paysans doivent s'endetter pour s'alimenter et les revenus servent souvent à rembourser les dettes. Quand l'endettement devient trop important, les paysans doivent renoncer à leur parcelle et la revendre à des grands 33 propriétaires terriers. Pour pouvoir se nourrir, une partie d'entre eux vont à la ville chercher le travail. (FOGEL et AUDATE, 1997). Des prix défavorables aux paysans. Dans le pays en développement, les cultures vivrières, comme les cultures d'exportation ne fournissent pas de revenus suffisants aux petits paysans. Les prix des produits vivriers stagnent car les céréales, le manioc, les haricots, sont concurrencés par des produits importés ou par l'aide alimentaire. Cette tendance est amplifiée par la politique de fixation des prix. Les Etats favorisent les citadins en plafonnant le prix des produits vivriers. Les revenus provenant des cultures d'exportation ne sont pas plus lucratifs pour les petits paysans. L'offre de produits tropicaux, comme le café, le cacao, le coton, le thé, etc. est souvent trop importante pour la demande et les prix baissent. Le producteur de café ne reçoit pas beaucoup plus pour son café aujourd'hui qu'il y a 10ans. Pendant que les prix des produits agricoles n'évoluent pas, les prix des biens de consommation (l'huile, savon, pétrole pour les lampes,...) augmentent. Les termes de l'échange sont défavorables aux petits producteurs qui se retrouvent, ainsi en situation d'insécurité économique. (FOGEL et AUDATE, 1997). Exemple : malgré des réformes agraires entreprises dans plusieurs pays d'Amérique latine et d'Asie, la répartition des terres reste problématique. - Au Guatemala, 3% de la population possède 75 % des terres agricoles. - Au Brésil, les grands propriétaires terriers n'emploient que 28% des travailleurs dela terre et possèdent 84 % de la surface cultivée, alors que 72% des paysans travaillent dans de petites exploitations qui n'occupent que 8,4 % de la surface cultivée. La superficie d'une grande propriété peut aller jusqu'à 10 hectares. Ces immenses étendues sont souvent consacrées aux produits destinés à l'exportation : cacao, café, soja,....ou à l'élevage. D'autres grands propriétaires cultivent des céréales, mais avec un très faible rendement à l'hectare. Le manque de formation aux techniques modernes agricoles 34 Les techniques agricoles modernes, qui permettent aux agriculteurs des pays développés d'obtenir des rendements spectaculaires font cruellement défaut à la majorité des paysans du sud. En Afrique subsaharienne, l'agriculture vivrière se pratique dans beaucoup de régions de manière très traditionnelle, les paysans ont très peu recours aux engrais chiques et aux machines. Le travail agricole fournit parles hommes et surtout par les femmes est donc colossal, d'autant plus que l'outillage est essentiellement manuel et très peu rudimentaire : machettes, houes, haches fabriquées par des artisans locaux. Le manque de formation, d'information et de moyens financiers pour s'approprier de nouvelles technologies ne permet pas aux paysans d'avoir des rendements suffisants. (FOGEL et AUDATE, 1997). Le manque d'infrastructure rurale. Les routes permettent aux agriculteurs de commercialiser leurs produits et d'acheter ceux qui leur font défaut. Dans beaucoup de pays pauvres les routes sont en mauvais état ou inexistantes. Généralement, les axes routiers sont surtout conçus pour permettre le commerce avec les pays étrangers ou pour faciliter les échanges entre les grandes agglomérations. Les voies de communication qui mènent d'une région à une autre sont souvent négligées. Les agriculteurs ne produisent pas tout ce dont ils ont besoin pour une alimentation équilibrée, il leur faut acheter une partie de leur nourriture : plus de 60 % de la population rurale en Afrique Subsaharienne sont des acheteurs nets de nourriture, c'est-à-dire qu'ils achètent plus de produits agricoles qu'ils vendent. Le manque de route et de moyen de transport ne facilite le ravitaillement ni en temps ordinaire ni en cas d'urgence. (FOGEL et AUDATE, 1997). Des disponibilités de stockage limitées. Dans de nombreuses régions, si les récoltes ne sont pas stockées rapidement, elles sont dévastées par les insectes et les rongeurs. Même dans les greniers à céréales, il arrive que les ravageurs parviennent à s'attaquer aux vivres entre posés. Les pertes occasionnées par l'absence ou l'insuffisance de moyen de stockage dépassant parfois 50 % de ce qui a été récolté. Le stockage de certains aliments requiert des conditions assez exigeantes, comme un certain degré d'humidité, des températures correctes et 35 constantes. Faute d'être stockés dans de telles conditions, une partie des aliments peuvent pourrir assez rapidement. (FOGEL et AUDATE, 1997). Les perturbations climatiques. Les fortes sécheresses, tornades, pluies très irrégulières ou inondations dues aux aléas du climat, sont toutes néfastes à la production agricole, car elles détruisent ou endommagent les récoltes. Dans les pays riches comme dans les pays pauvres, les agriculteurs sont très attentifs aux variations du climat, vu leur importance pour la production agricole. Dans les pays développés, l'Etat octroie des aides aux agriculteurs sinistrés suite à des catastrophes naturelles ; ils peuvent ainsi compenser la diminution de leurs revenus. Les paysans du tiers monde ne peuvent compter sur de telles aides gouvernementales. Et, lorsque la sécheresse frappe certaines régions sahéliennes pendant deux ou trois années de suite, les répercussions sur l'alimentation de la population sont dramatiques. De plus, dans les pays riches, les barrages, les systèmes d'arrosages, les constitutions d'importants stocks de sécurité sont autant de mesures qui permettent de parer aux effets des catastrophes dues au climat, ou de les atténuer. Mais, par exemple, en Inde, au Bangladesh ou en Chine, qui sont régulièrement victimes d'inondations, chacune de ces catastrophes provoquera des pertes agricoles considérables, parce que ces pays ne sont pas aussi bien équipés pour y faire face (FOGEL et AUDATE, 1997). La forte croissance démographique. La principale cause de l'augmentation de la demande alimentaire mondiale est la croissance démographique. Entre les années 1990 et 2020, la terre a donc vu sa population augmenter de 2 milliards 700 millions de personnes. Cela veut dire que jusqu'en l'an 2020, pendant trente ans, en moyenne, 90millions de personnes et plus ont été nourris. Cela veut dire que, sans parler d'amélioration de l'alimentation mondiale, en 2020, il a fallu 750 millions de tonnes de céréales de plus qu'en 1990 soit 40% de plus. Les plus fortes augmentations de population a eu lieu en Afrique qui a le plus fort taux de croissance démographique et ce continent a vu le nombre de ses habitants doubler 36 et la population de l'Asie a augmenter de 1,5milliard de personnes. Faire face à une telle croissance démographique a été plus difficile pour l'Afrique et l'Asie que c'est justement dans ces deux régions que se situent les plus grosses difficultés alimentaires actuelles (FOGEL et AUDATE, 1997). F. LES STRATEGIES DE RESILIENCE COMMUNAUTAIRE FACE A L'INSECURITE ALIMENTAIRE La littérature distingue deux approche parlant de la définition du terme résilience dont dans le premier cas, elle est considérée comme « la capacité d'une personne, d'une communauté, ou d'un système, à rebondir, voire renaître, à l'issue d'un choc et de la rupture qui en résulte, cette dernière ayant détruit une partie de son intégrité » et dans le second cas, où la résilience est vue comme un processus, le fait que le choc intervienne et entraîne une rupture a pour effet d'introduire deux périodes : une période avant le choc dite ex-ante et une période d'après le choc ou ex-post. Dans ce présent travail, nous allons nous focalisés à la résilience appréhendée comme processus où la résistance pourrait être conçue comme une première étape de la résilience Ce processus se développe en différentes étapes : résistance, adaptation, redressement, rupture, reprise, rebond, renaissance. Cette résistance s'opère en deux phases : V' Dépasser la perturbation puis V' Reprendre un fonctionnement normal. Certes les diverses définitions évoquées donnent nettement une idée de ce qu'est la résilience ; toutefois parler de cette notion nécessite au préalable la réalisation de conditions de résilience ; autrement dit, pour qu'il y ait résilience, il faut qu'il y ait un choc accompagné d'une rupture, qui suscite un rebond qualitatif, permettant l'émergence d'un processus de renaissance ou de reconstruction. D'autres auteurs introduisent dans leur analyse les notions deux formes de Résilience notamment la résilience spontanée et la résilience suscitée. V' La résilience est spontanée lorsqu'elle découle de stratégies non appuyées par une intervention extérieure. Autrement dit, elle résulte d'efforts personnels des victimes ou des personnes en situation de vulnérabilité. Comme dit ci-haut, dans un contexte de l'insécurité alimentaire la résilience est la capacité à faire face à un changement brutal (chute de l'offre alimentaire et/ou du 37 ? La résilience suscitée pour qu'elle soit déclenchée, celle-ci nécessite un appui extérieur. La caractéristique fondamentale de la résilience est le degré d'adaptation qui se manifeste à travers la confrontation entre les facteurs de risque et les facteurs protecteurs. L'adaptation apparait comme une notion clé dans la définition de la résilience. L'adaptation à un nouvel environnement nécessite l'utilisation de stratégies d'adaptation. Lorsque ces stratégies mettent en exergue la capacité d'une personne ou d'une communauté à mobiliser l'action en réponse à une situation menaçante lorsqu'elle survient on parle de stratégie de résilience (Comfort et al, 2001). En d'autres termes c'est la stratégie qui permet à tout individu ou communauté de rebondir à la suite d'un choc ou d'une situation difficile. Ces stratégies selon peuvent être ex-ante, dans ce cas on parle de prévention de risque ou ex-post. Dans ce dernier cas, les individus cherchent à rétablir les conditions d'existence du ménage mais aussi, et surtout, à reconstituer des moyens d'existence sur le long terme. Au-delà de ces aspects ex-ante et ex-post des stratégies de résilience, un fait majeur est à noter : ces stratégies varient en fonction du type de situation, des habitudes et ressources d'une personne. Certaines personnes s'adaptent moins bien que d'autres. Cela pourrait s'expliquer par le fait que la résilience dépend aussi bien du capital (productif, humain, social ou culturel) que des droits d'accès, d'usage et de transmission sur les ressources (Cambrezy et Janin (2003). De manière générale, les facteurs de résilience se dénombrent à quatre échelles Il s'agit de : La personne (le genre, l'âge, le niveau d'instruction ou de formation, l'autonomie); Du ménage (le nombre d'enfants, la stabilité financière) ; de la communauté (la solidarité, le mode de gestion politique de la vie communautaire) ; et de La société (les valeurs, les normes et les opportunités sociales, les stratégies de lutte contre la pauvreté mises en place) (Diagne, op.cit). 38 pouvoir d'achat) et à développer des stratégies de sortie de crise. Autrement dit, c'est pouvoir in fine, avoir accès à une nourriture en quantité et en qualité suffisante en toute situation. La résilience à l'insécurité alimentaire c'est également l'habileté à résister aux effets néfastes de la vulnérabilité alimentaire. Cela nécessite de la part des ménages l'adoption d'autres habitudes alimentaires afin de maximiser leur niveau de consommation. Dès lors les stratégies de résilience dans un contexte de d'insécurité alimentaire désignent l'ensemble des activités auxquelles recourent un ménage ou un groupe de personnes afin de se procurer de la nourriture, des revenus et/ou des services, quand leurs moyens habituels de subsistance ont été perturbés ou sont susceptibles de l'être (ACF, 2010). Un nombre relativement important de recherches a traité de la question d'adaptation des populations face aux chocs d'ordre divers. Ces recherches ont montré la gamme des stratégies adoptées pour faire face et s'adapter aux chocs. Dans l'ensemble, ces stratégies englobent une vaste gamme de réponse tant sur le plan économique que social. Cependant, selon la littérature si les stratégies adoptées par les ménages varient en fonction de leurs moyens d'existence et de la nature du choc externe dont ils ont été victimes ; on note tout de même différentes étapes d'adaptation. Les premières stratégies d'adaptation, c'est-à-dire celles auxquelles le ménage a recours en début de crise sont réversibles. Par contre, les stratégies adoptées aux stades plus avancés d'une crise sont préjudiciables au ménage en ce sens qu'elles entraînent d'autres coûts qui affectent parfois la dignité du ménage (actes illégaux ou contraires aux bonnes moeurs,...). Parmi les premières stratégies d'adaptation adoptées au premier stade d'une crise alimentaire, famine par exemple figurent l'exode de certains membres du ménage à la recherche de travail. On note également la cueillette et la vente de biens non productifs. L'une des premières stratégies couramment adoptées consiste à réduire la consommation alimentaire ou à changer de régime d'alimentation (Fleuret, 1986 ; Corbett, 1988 ; Rahmato, 1988;). Des ménages se tournent vers des aliments moins chers, moins appétissants et éventuellement moins nutritifs, ou bien réduire le nombre de repas ou la quantité consommée. Ils acceptent parfois d'avoir faim pour préserver leurs moyens de production et d'existence futurs (Corbett, op.cit). 39 En cas d'insécurité alimentaire prolongée, ces stratégies cessent d'être viables, obligeant les gens à en adopter d'autres, préjudiciables pour leurs moyens d'existence. Ces stratégies dites stratégies de crise, sont en fait de l'exode ou le déplacement en masse des populations à la recherche d'aumône (Corbett, op.cit). En résumé, les réactions des ménages en matière d'alimentation face à un choc comprennent des comportements tels que le changement des sources de nourriture et le rationnement des produits Alimentaire. Ces stratégies d'adaptation des ménages sont le plus souvent utilisées comme l'indicateur indirect de l'accès alimentaire (ACF, 2009) Tableau II : Stratégie d'adaptation par niveau de gravité
40
Source: ACF 2009 CHAPITRE II. APPROCHE METHODOLOGIQUE, PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS DE L'ENQUETE 2. 0 INTRODUCTION Dans ce deuxième chapitre nous allons nous focalisés sur l'approche méthodique ainsi qu'à la présentation des résultats de l'enquête. Selon le dictionnaire petit Larousse, l'enquête est une étude d'une question réunissant des témoignages des expériences et des documents pour un travail. 41 2.1 APPROCHE METHODOLOGIQUE 2.1.1 CADRE DE RECHERCHE Cette étude étant du secteur de la sécurité alimentaire s'inscrit dans un cadre de vouloir dégager les éléments favorisant l'insécurité alimentaire dans le Groupement Buabo, afin de proposer les nouvelles stratégies de renforcement de la résilience communautaire dans le Groupement Buabo face à insécurité alimentaire afin que cette population soit capable de survivre face à une crise alimentaire qui peut venir à un moment inattendu 2.1.2 TYPE DE RECHERCHE Cette recherche est du type analytique car elle doit analyser les stratégies mises en place par la population paysanne du groupement Buabo pour faire face a l'insécurité alimentaire 2.1.3 METHODES, TECHNIQUE ET OUTILS |
|