CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE
2.1 Généralités sur l'Acacia
mangium
2.1.1 Caractéristiques de
l'espèce
L'Acacia mangium est un grand arbre originaire de la
Papouasie Nouvelle-Guinée, de l'Indonésie et de l'Australie qui
peut atteindre jusqu'à 30 m de haut. Cependant dans des conditions peu
favorables c'est un petit arbre, parfois avec des tiges multiples et
buissonnantes. Son fût est long et droit certaines fois
légèrement cannelé à la base. L'écorce est
claire, gris-brunâtre ou brune, rugueuse avec des fissures
longitudinales. Sur le tronc, les branches persistent longuement,
l'élagage naturel est donc mauvais. Le système racinaire est
vigoureux et traçant (CIRAD, 2003). Caractérisé par un
bois léger de densité égale à 0.6 g/cm3
(FAO, 1979) ; l'Acacia mangium est exploitable entre 6 et 9 ans. Sa
une durée de vie est relativement courte car elle ne dépasse pas
une trentaine d'années dans son aire d'origine (Pinyopusarerk et al.,
1993).
2.1.2 Ecologie et climat
L'Acacia mangium est une espèce des
forêts claires et des savanes boisées, partiellement liée
au passage des feux. En général, on la trouve dans les
régions côtières, surtout en dessous de 300 m d'altitude,
au maximum à 800 m. Exigeante en lumière, c'est une espèce
à croissance rapide qui particulièrement, ne présente pas
d'arrêt de croissance quand les conditions sont adéquates. Formant
des associations symbiotiques avec des Rhizobiums, des
Bradyrhizobium, des ecto et endomycorhizes, elle la capacité de
croître sur des sols particulièrement pauvres (CIRAD, 2003).
L'Acacia mangium peut supporter des conditions climatiques très
diverses : des précipitations d'été ou uniformément
réparties, de 1000 à 4000 mm avec une saison sèche de 0
à 6 mois. La température moyenne du mois le plus chaud qu'elle
tolère est d'environ 30-34oC et la moyenne du mois le plus
frais 15-22oC (Mergen et al., 1983).
2.1.3 Conditions édaphiques
L'Acacia mangium est capable de se produire
derrière les mangroves, dans les marécages saisonniers, le long
des ruisseaux et sur les plateaux bien drainés, les
5
crêtes basses et les collines de montagne (Pinyopusarerk
et al., 1993). A la différence des autres légumineuses qui
nécessitent un sol de pH supérieur à 5.5, l'Acacia
mangium est apte à se développer sur des sols acides de pH
4.5-6.5 pauvres, légers et bien drainés en surface (CIRAD,
2003).
2.1.4 Croissance
L'Acacia mangium a une forte croissance initiale ;
dès l'âge de 3 ans elle peut déjà atteindre 5
à 6 m de hauteur et une quinzaine de mètres à 15 ans en
conditions moyennes. A partir de 3 ans, l'accroissement en circonférence
est influencé par la densité pour les plantations les plus
serrées. Après 8 ans, sa croissance diminue aussi rapidement
(Dupuy et N'Guessan, 1990). Le tableau suivant présente
différentes valeurs de croissance en hauteur et en diamètre des
arbres d'Acacia mangium des peuplements de différents
âges à partir des études réalisées en
Indonésie et en Côte d'Ivoire en fonction de l'âge et de la
densité
Tableau 1: Croissance de certains peuplements d'Acacia
mangium en fonction de l'âge et de la densité
Références
|
Age (ans)
|
Densité (arbres/ha)
|
DHP moyen Hauteur
(cm) (m)
|
Surface terrière (m2/ha)
|
Hériansyah et al., 2007
|
3
|
1838
|
7.25
|
7.33
|
8.78
|
5
|
758
|
17.89
|
17.41
|
20.12
|
Traoré et al., 2018
|
3
|
845
|
12.5
|
12.5
|
10.42
|
7
|
715
|
23.4
|
19.0
|
30.75
|
Ilyas, 2013
|
3
|
1100
|
12.73
|
5
|
14.40
|
5
|
1100
|
15.28
|
6
|
21.54
|
7
|
1100
|
24.19
|
8
|
48.54
|
2.2 Estimation de la biomasse des arbres
Selon Brown (2002), deux composantes sont à
considérer afin d'estimer la biomasse des arbres. Tout d'abord, la
composante aérienne constituée de feuilles, de branches et de
tiges d'où la biomasse aérienne ; ensuite le sous-sol comprenant
les racines d'où la biomasse souterraine. La biomasse de certains
peuplements
6
d'Acacia mangium a déjà
été évaluée lors de précédents
travaux réalisés sur différents sites d'étude en
Indonésie. Le tableau suivant présente les valeurs
trouvées en fonction de l'âge.
Tableau 2: Valeurs de l'estimation de la biomasse
épigée de certains peuplements d'Acacia mangium
situés en Indonésie par rapport à l'âge
Age (ans) Biomasse (t/ha)
Références
1 17.2 Hardiyanto et al., 2004
2 46.1 Hardiyanto et al., 2004
3 94.25 Ilyas, 2013
5 137.85 Ilyas, 2013
7 292.02 Ilyas, 2013
7 177.08 Ilyas, 2013
7 63.46 Hériansyah et al.,
2007
2.2.1 Méthode d'estimation de la biomasse des
arbres vivants
L'estimation de la biomasse des arbres peut se faire par des
méthodes directes et indirectes (Brown, 2002). Les méthodes
directes consistent à récolter l'arbre et à prendre des
mesures de la masse réelle des différents compartiments (troncs,
branches, feuilles, racines). Ces méthodes sont destructives (Kangas et
Maltamo, 2006). Les méthodes indirectes utilisent des modèles de
biomasse et des facteurs d'expansion de la biomasse (BEF) pour exprimer la
biomasse des arbres, elles sont efficaces dans le temps (Peltier et al.,
2007).
Des deux composantes (aérienne et souterraine) de la
biomasse des arbres, l'estimation de la biomasse aérienne (AGB) suscite
beaucoup d'intérêt ces dernières années et est
devenu un sujet de recherche de grande importance (Zolkos et al., 2013). Deux
méthodes indirectes d'évaluation de la biomasse sont
préconisées. Tout d'abord, les méthodes se basant sur des
techniques de télédétection et adaptées pour la
mesure et le suivi des forêts sur de grandes études spatiales
(Picard et al., 2012). Ensuite, les méthodes fondées sur
l'utilisation des équations allométriques en appliquant des
données d'inventaire. Etant donné que
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cette étude se réalise sur une petite parcelle
et que cette dernière méthode est moins coûteuse, peu
exigeante et de bonne précision, c'est elle qui est appliquée.
Quant à la deuxième composante, à savoir la biomasse
souterraine (BGB) ; elle est considérée comme étant le
réservoir de carbone le plus difficile à évaluer.
Cependant, elle peut être estimée à partir de la biomasse
aérienne plus facilement mesurable en utilisant le ratio racine/tige
(R/S) : AGB = AGB X R/S (Nasi et al., 2008). De même, plusieurs
équations allométriques applicables à différents
types de forêt testées et validées dans des publications
scientifiques, ont été développées pour estimer la
biomasse souterraine à partir de la biomasse aérienne.
2.2.2 Méthodes d'estimation de la biomasse des
bois morts
Le bois mort peut représenter jusqu'à 40 % de la
biomasse aérienne totale des systèmes forestiers tropicaux
(CIRAD, 2011). Pearson et Brown (2005), définit quatre catégories
de bois morts : la première catégorie est celle des arbres avec
les branches et les rameaux ressemblant à un arbre vivant (sauf pour le
feuillage), la deuxième comprend les arbres sans rameaux mais avec
encore des branches grandes et petites, la troisième catégorie
concerne les arbres avec seulement de grandes branches et la quatrième
et dernière comprend le tronc seulement, sans les branches. Pour cette
dernière catégorie, la hauteur de l'arbre et son diamètre
au niveau du sol sont à mesurer et il faut estimer le diamètre de
la cime. Les bois morts du peuplement de Bois Nago appartiennent à la
première catégorie. Alors, les équations
allométriques générales peuvent être
utilisées pour calculer la biomasse des arbres morts qui ont encore des
branches et des rameaux. La quantité de biomasse dans un arbre mort
encore debout peut être similaire à celle d'un arbre vivant.
Cependant, un facteur de désintégration du bois mort doit
être utilisé, par exemple 0,1 (ou 10 %) parce que le bois mort qui
se décompose au sol est moins dense que le bois de l'arbre encore debout
(Mcghee et al., 2016).
2.2.3 Estimation à partir des équations
allométriques
Les équations allométriques sont des relations
qui relient la biomasse à une ou deux variables indépendantes
telles que le diamètre à hauteur de poitrine et la hauteur des
arbres (Lotfi, 2008). Beaucoup d'auteurs ont proposé des
modèles
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allométriques sur la base d'une, deux ou trois
variables indépendantes: 1) le DHP uniquement; 2) le DHP et la
densité du bois, et 3) le DHP, la densité du bois et la hauteur
totale (Dorvil, 2010). Certains modèles cités dans
différentes publications scientifiques ont été
développées pour estimer la biomasse aérienne des arbres
d'Acacia mangium spécifiquement (tableau 3). D'autres plus
généralisées permettent également de calculer la
biomasse aérienne mais ont été développés en
fonction de la zone agroécologique (tableau 4). Les modèles
présentés dans le tableau ci-dessous ont été
développés afin d'estimer la biomasse aérienne des arbres
d'Acacia mangium spécifiquement. D'après les
modèles du tableau ci-dessous la biomasse aérienne peut
être calculée par la sommation de la biomasse des tiges, des
branches et des feuilles.
Tableau 3: Équations allométriques pour
l'estimation de la biomasse des arbres d'Acacia mangium.
Équations Références
3.0294
Btiges = 0.0116D Hardiyanto et Wicaksono,
2008
2.21179
Bbranches = 0.0712D Hardiyanto et Wicaksono,
2008
0.515
Bfeuilles = 2.1195D Hardiyanto et Wicaksono,
2008
Btiges=exp(-3.228+1.681×ln(??)+1.056×ln(??))
Traoré et al., 2018
Bbranches=exp(-0.865+0.498×ln(??2×??))
Traoré et al., 2018
Bfeuilles=exp(-0.882+1.339×ln(??))
Traoré et al., 2018
Btiges=0.0193 (D2H) 0.9934 Hériansyah et al., 2007
Bbranches=0.0193(D2H)0.9934
Hériansyah et al., 2007
Bfeuilles=0.0245(D2H)0.6173
Hériansyah et al., 2007
Btiges = biomasse tiges, Bbranches = biomasse branches,
Bfeuilles = Biomasse feuilles, D = diamètre à hauteur de
poitrine, H = hauteur totale.
Ces équations ont été
développées dans des peuplements situés en zone de climat
tropical, notamment en Côte d'Ivoire et en Indonésie. Elles
permettent d'estimer la biomasse aérienne des arbres d'Acacia
mangium. Les équations allométriques de Traoré et al.
(2018) ont permis d'estimer la biomasse des différentes composantes
9
aériennes (troncs, branches, feuilles)
séparément. Elles ont été développées
en Côte d'Ivoire, pour des peuplements d'Acacia mangium;
situés dans une zone de forêt tropicale, plantés sur des
sols ferrugineux à basse altitude (40 à 100 m) et recevant une
précipitation moyenne de 1766 mm Les peuplements d'Acacia mangium
étudiés par Hardiyanto et Wicaksono (2008) et
Hériansyah et al. (2007) reçoivent annuellement plus de 2000 mm
et sont situés à moins de 200 m d'altitude. Le tableau suivant
présente plusieurs modèles d'équation allométrique
généralisées développées en fonction de la
zone agroécologique et qui permettent de calculer la biomasse
aérienne des peuplements forestiers.
Tableau 4: Équations allométriques pour
l'estimation de la biomasse aérienne des arbres en forêts
tropicales humides
Equations Références
AGB=exp(-2.557 +0.940ln(pD2 H??0.0776x(pD2
H)0.940 Chave et al., 2005
AGB =1.276 + 0.034× (D2 H ) Brown et yverson,
1992
AGB = Exp (-2.134× 2,53 ln (D)) Brown, 1997
AGB = 38,4908 - 11,7883 (D) + 1,1926 (D2) Brown et al.,
1989
AGB = 42,69-12,8D + 1,242D2 FAO, 1997
Source : Dorvil, 2010
Selon Ketterings et al. (2001) cité par Dorvil (2010),
la plupart des modèles ont été développés en
utilisant des données provenant de zones équatoriales. Ces
équations allométriques reposent sur le DHP et la hauteur totale
mais aussi sur la densité du bois (Chave et al., 2005). Cairns et al.
(1997) ont développé une équation allométrique
permettant d'estimer la biomasse souterraine en forêt tropicale à
partir de la biomasse aérienne: BGB = 0.347 ×
(AGB)0.884.
2.3 Méthode d'évaluation du stock de
carbone
Le bois sec contient environ 50 % de carbone; cela signifie
que près de 25% d'un arbre vivant est composé de carbone, comme
la fraction couramment appliquée par
10
défaut est de 0,47 entre la biomasse sèche et la
biomasse vivante (GIEC, 2006). Ainsi, le carbone stocké dans les plantes
ligneuses peut être estimé par la relation:
Cw=k×Bw, avec Cw, le stock de carbone, Bw la
biomasse exprimée en matière sèche par unité de
superficie en (t/ha) et k0,47 (Nasi et al., 2008).
Quand le bois est brûlé, il réagit avec
l'oxygène de l'air et produit du dioxyde de carbone, de l'eau, de la
chaleur et de la lumière. A partir du tableau périodique des
éléments la masse atomique du carbone (C) est de 12 et celle de
l'oxygène (O) est de 16. La molécule du dioxyde de carbone (CO2)
a un atome de carbone (C) et deux atomes d'oxygène (O). La masse
atomique du dioxyde de carbone (CO2) est la somme des masses atomiques de ces
atomes (44). Le rapport de la masse atomique du dioxyde de carbone à
celle du carbone est 44/12, qui est sensiblement égal à 3.667.
Pour convertir la quantité de carbone en dioxyde de carbone. Il faut
multiplier la quantité de carbone par 3.667 ou 44/12.
Les études concernant l'évaluation des stocks de
carbone des peuplements forestiers sont très nombreuses de nos jours. Le
tableau suivant présente les valeurs des stocks de carbone de quelques
peuplements d'Acacia mangium en fonction de l'âge et de la
densité.
Tableau 5: Stock de carbone évalué pour certains
peuplements d'Acacia mangium en fonction de l'âge et de la
densité
Age
|
Densité
|
Stock de carbone
|
Références
|
Ans
|
arbres/ha
|
t/ha
|
|
1
|
1050
|
0.22
|
Herdiyanti et Sulistyawati, 2009
|
3
|
889
|
12.45
|
Herdiyanti et Sulistyawati, 2009
|
3
|
845
|
27.79
|
Traoré et al., 2018
|
5
|
839
|
28.59
|
Herdiyanti et Sulistyawati, 2009
|
7
|
728
|
31.48
|
Herdiyanti et Sulistyawati, 2009
|
7
|
715
|
86.33
|
Traoré et al., 2018
|
11
|
553
|
105.00
|
Traoré et al., 2018
|
11
|