CHAPITRE I : INTRODUCTION
1.1 Problématique
L'existence du changement climatique ne fait malheureusement
aucun doute; c'est un phénomène d'actualité mondiale. Sa
gravité est largement démontrée dans le 5ième
rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du
climat (GIEC) publié en 2014. Elle se traduit par une
élévation de la température moyenne du globe à
cause de la hausse des concentrations de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère, particulièrement le dioxyde de carbone (GIEC,
2007). Cependant, ce dernier peut être absorbé grâce au
mécanisme de la photosynthèse des végétaux
composant les forêts, qu'elles soient d'origine naturelle ou anthropique.
Elles se comportent alors comme des puits capables de stocker du carbone
(Madignier et al., 2015). D'ailleurs, l'ensemble des forêts mondiales
représenterait selon la FAO (1997), 80 % des stocks de carbone au-dessus
du sol, et 40 % du carbone incorporé dans le sol. De même, la
déforestation peut-être une source d'émission de CO2 dans
l'atmosphère. Les scientifiques du GIEC (2007) estiment que les
émissions annuelles mondiales de CO2 dues à la
déforestation tropicale sont comprises entre 5 et 25 %.
Ce phénomène, à savoir la
déforestation s'accroit de plus en plus en Haïti et devient de nos
jours très préoccupant pour le pays. D'après Singh et
Cohen (2014), Haïti est l'un des pays les plus déboisés au
monde et selon une classification, faite par Churches et al (2014) seulement
32,3% de la superficie totale du pays était couverte d'arbres en
2010-2011. Le Ministère de l'Environnement dans sa deuxième
communication sur les changements climatiques publiée en 2013, avait
clairement affirmé que les forêts étaient en voie de
disparition. Mais le souci est que le pays est exposé à plusieurs
menaces naturelles liées directement ou indirectement à la
déforestation dont les plus courants sont les cyclones et les
inondations (MDE, 2006). Et même, Haïti subit de plus en plus les
conséquences de la déforestation tel que la dégradation du
sol, l'érosion et la diminution des ressources en eau (Singh et Cohen,
2014). Ces conséquences ne sont nulles autres que des effets du
changement climatique et Haïti à travers divers accords
multilatéraux sur l'environnement, reconnaît l'importance du
secteur forestier
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comme moyen de les atténuer. Le pays a signé et
ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement
Climatique (CCNUCC) respectivement en juin 1992 et en septembre 1996, mais
aussi l'Accord de Paris (COP 21), qui fut signé en avril 2016 et
ratifié en juillet 2017 (PNUD, 2016). Dans le but d'apporter sa
contribution dans cette lutte mondiale de réchauffement
planétaire, Haïti s'est engagé lors de sa participation
à l'Accord de Paris en 2015, à réduire de 31 % ses
émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030. A cet
effet, plusieurs mesures d'atténuation consistant entre autres à
augmenter son stock de carbone ont été prévues, parmi
lesquelles la plantation de 137.500 ha de forêt d'ici à 2030 en
privilégiant les espèces locales dont 100.000 ha de
manière conditionnelle entre 2020 et 2030 (MDE, 2015). Afin de respecter
ses engagements, il est important pour Haïti de réaliser ses
inventaires forestiers pour quantifier les stocks de carbone de ses boisements
ou ses reboisements. Cependant dans le pays, très peu de travaux
d'inventaire forestier ont été réalisés
jusqu'à date. De plus, plusieurs organisations nationales ou
internationales incluent dans leurs projets des activités de reboisement
sans effectuer pour autant des inventaires et procéder à
l'évaluation de leur stock de carbone.
Dans le cadre de son projet sur la sécurité
alimentaire, la Welthungerhilfe (WHH) avait entrepris des activités de
reboisement particulièrement dans le département du Nord-Est du
pays. La présente étude consiste alors à évaluer le
stock de carbone d'un peuplement d'Acacia mangium de l'une des
parcelles boisées située à Bois Nago. Ce travail
consistant à déterminer à la fois la biomasse
aérienne et la biomasse souterraine pour quantifier le stock de carbone,
permettra d'évaluer l'efficacité des peuplements d'Acacia
mangium quant à l'atténuation du changement climatique.
Quelle est la quantité de biomasse stockée dans le peuplement
d'Acacia mangium de Bois Nago ? Quel est le stock de carbone qui peut
en être déduite ? Ce sont là, les questions auxquelles ce
présent travail tente d'apporter des éléments de
réponse qui contribueront à l'acquisition de nouvelles
connaissances relatives au secteur forestier.
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1.2 Objectifs
1.2.1 Objectif général
Cette étude envisage d'évaluer la
capacité de stockage de carbone d'un peuplement d'Acacia mangium
en vue de comprendre l'importance de ces plantations quant à
l'atténuation des effets du changement climatique.
1.2.2 Objectifs spécifiques
y' Faire l'inventaire par échantillonnage d'un petit
peuplement monospécifique d'Acacia mangium ;
y' Quantifier la biomasse aérienne et souterraine des
arbres de toute la parcelle ;
y' Évaluer le stock de carbone des arbres et la
quantité de CO2 équivalente.
1.3 Hypothèse
Le peuplement d'Acacia mangium de Bois Nago
âgé de six (6) ans et deux (2) mois, dont la densité est de
1707 tiges/ha stocke moins de carbone que celui de Côte d'Ivoire
étudié par Traoré et al. (2018) âgé de 7 ans,
et dont la densité est de 715 tiges/ha.
1.4 Limites de l'étude
Les limites de cette étude consistent tout d'abord au
fait que seulement le stock de carbone de la biomasse des arbres d'Acacia
mangium de la parcelle boisée à Bois Nago ont
été évalués. Ensuite, des modèles
d'équations allométriques généralisées et
spécifiques à l'espèce d'Acacia mangium et non au
site de l'étude ont été utilisés.
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