b. Une troisième observation : « Gros
Dédé »
J'ai proposé le problème bien connu de « Gros
Dédé » lors d'une séance à effectif
réduit. J'ai été agréablement surpris de la
rapidité de raisonnement de nombreux élèves.
?Voici la production de F. une élève de la
cinquième C :
? Une autre élève, L. a
raisonné ainsi :
Gros Dédé + chien = 145 kg
Gros Dédé+ Petit Francis = 151 kg
Petit Francis + chien Boudin = 42 kg
Petit Francis pèse 6 kg de plus que le chien Boudin car
quand Gros Dédé est sur la balance avec
le chien, elle affiche 6 kg de moins que quand Gros
Dédé y est avec Petit Francis
Quand le chien et Petit Francis sont sur la balance, elle affiche
42 kg
Etant donné que Petit Francis pèse 6 kg de plus que
le chien, on les met de côté et on fait :
(42 - 6) : 2 = 36 : 2
= 18
On rajoute 6 à 18, ce qui donne 24, ce qui fait que Petit
Francis pèse 24 kg et le chien 24 - 6 =
18 kg. Gros Dédé et le chien Boudin ensemble
pèsent 145 kg
Donc 145 - 18 = 127 kg, le poids de Gros Dédé
Conclusion : Gros Dédé pèse 127 kg, Petit
Francis pèse 24 kg, et le chien pèse 18 kg.
J'ai proposé ce problème à la fin de la
séquence sur le calcul littéral. Par la suite, j'ai abordé
la notion d'équation, mais sans prononcer le mot : j'ai juste
évoqué la problématique qui consiste à tester si
une égalité de type ax + b = cx + d est vraie pour
différentes valeurs de x.
Une chose est certaine, et je ne parviens pas totalement
à me l'expliquer, l'exercice du « Gros Dédé » a
rencontré un grand succès, au point que les élèves
m'en ont redemandé un autre du même type. Une élève,
est allée jusqu'à me dire, que le fait, pour elle d'avoir
été capable de résoudre le problème, lui avait fait
« se sentir intelligente pour la première fois ».
c. Quatrième observation : un classique :
démonstration avec les angles alternes-internes
Démontrer que la somme des angles de n'importe quel
triangle est de 180 degrés.
48
En début d'année, nous avions
énoncé la propriété relative à la somme des
angles d'un triangle. Cependant, à cette époque, je n'avais pas
proposé la démonstration, du fait que nous n'avions pas encore
abordé le concept des angles alternes-internes. Maintenant que ces
notions ont été abordées, j'ai demandé aux
élèves de rédiger la démonstration de la
propriété. Les élèves travaillaient par groupes de
3 ou 4.
La démonstration attendue était la suivante :
J'avais délibérément choisi de ne pas
faire figurer la droite (DE), parallèle à la droite (AB).
Se trouvant seuls face à un triangle, et ne voyant pas
par où « attaquer » la démonstration, certains
élèves se sont retrouvés dans l'impasse. Aussi ai-je
entendu des observations telles que « Mais Monsieur, nous ne sommes pas
des quatrième », « Depuis quand démontre-t-on des
propriétés en cinquième ? ».
J'ai donc rajouté la droite (DE).
Cet ajout n'a pas véritablement débloqué
la situation. Les élèves ne percevaient pas en quoi cet objet
supplémentaire avait un rapport avec le triangle, et donc en quoi cela
allait les aider.
J'ai alors évoqué plusieurs mots. D'abord le mot
« raisonnement », puis le mot « alternes internes ». Et,
cette fois, l'impulsion étant donnée, les élèves se
sont majoritairement élancés vers des tentatives de
résolution, c'est-à-dire qu'ils étaient en recherche
mathématique. Mon objectif était atteint.
49
En circulant entre les groupes, j'ai pu constater qu'un
réel travail de recherche, certes pas toujours abouti ni toujours bien
formalisé, était en marche. Beaucoup d'élèves
avaient, de leur propre initiative, employé des codes couleur, ce qui
m'a semblé très positif, car bien souvent la couleur facilite la
perception du problème et permet donc d'amorcer un raisonnement.
J'ai alors conseillé à mes élèves
de remettre leurs idées dans un ordre logique afin de construire une
démonstration achevée.
C'est ma tutrice Florence Flury qui m'a conseillé le
travail en groupe. C'est la première année que j'emploie cette
modalité pédagogique, et je le trouve cela très efficace,
à condition naturellement de veiller à constituer des groupes
équilibrés, c'est-à-dire des groupes où chaque
élève peut apporter sa pierre à l'édifice, sans
qu'il n'y ait d'élève « spectateur ».
d. Cinquième observation : démontrer que la
médiane coupe un triangle en deux triangles de mêmes
aires
Après avoir abordé les hauteurs et les
médianes dans la séquence sur les triangles, ainsi que les
droites remarquables, je voulais apprécier la capacité des
élèves à démontrer une propriété.
Voici le travail, fait en devoir-maison, par L.
élève de cinquième C : (page 50)
La production de cette élève est
intéressante car elle met en lumière une difficulté, une
limite, rencontrée par beaucoup d'élèves. Cette
élève éprouvait en effet le besoin de montrer la
propriété dans un cas particulier, avec des valeurs
numériques. N'osant s'aventurer sur le terrain de l'abstraction, du
« cas général », elle restreignait
considérablement la portée de sa démonstration, la
ramenant en fait à la comparaison de deux valeurs numériques.
J'ai donc répondu à cette élève :
« Ta conclusion est exacte pour les triangles que tu as choisis, mais
est-ce que ce serait vrai pour n'importe quel triangle ? ». Ce
à quoi l'élève m'a répondu : « J'ai
toujours l'habitude de prendre des nombres pour calculer des aires, je ne sais
pas faire autrement ».
Ceci m'a fait prendre conscience que les difficultés
à raisonner peuvent être liées aux difficultés
à passer du concret à l'abstrait, du particulier au
général.
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e. Sixième observation : un élève a
proposé une énigme à la classe
Comment extraire exactement 5 litres à l'aide de 3 seaux
?
Les premières réactions faisaient apparaître
une certaine incrédulité :
« Monsieur, ce n'est pas des maths, ça
».
« Mais, c'est impossible, puisqu'il n'y a pas de seau de
5 litres ».
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Puis, certains élèves commençant à
émettre des idées, à « attaquer » le
problème, la classe entière s'est mise à chercher, et, au
final, un élève (l'élève A.) a réussi.
« On remplit le seau de 3 litres on le verse dans
celui de 7 litres et on refait la même chose donc on remet 3 litres dans
celui de 7 litres ça fait qu'il y a 6 litres dans celui de 7 litres. On
remplit ensuite celui de 7 litres avec le sceau de 3 litres ça fait que
le seau de 7 litres est rempli et qu'il y a 2 litres dans le seau de 3 litres
on les verse dans le seau de 10 litres puis on remplit le seau de 3 litres et
on le verse dans le seau de 10 litres ce qui fera 5 litres. »
Je dois avouer que j'ai eu moi-même du mal à trouver
la solution.
Mais, sitôt que l'élève A. a eu
exposé sa solution, un autre élève s'est exclamé
qu'il existait une autre manière d'obtenir 5 litres :
« On remplit le seau de 3 litres, et on le verse dans
le seau de 10 litres. On recommence l'opération. Et on la recommence
à nouveau. Le seau de 10 litres contient donc 9 litres d'eau. Ensuite on
remplit le seau de 3 litres, et on le verse dans celui de 7 litres. Le seau de
7 litres contient donc 3 litres d'eau et 4 litres de vide. C'est alors que l'on
prend le seau de 10 litres (qui contient 9 litres d'eau), et que l'on verse
à ras bord dans celui de 7 litres. Résultat, il reste dans le
seau de 10 litres 9-4=5litres. »
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