1.1.4.2 La théorie hiérarchique de
financement
La théorie hiérarchique de financement avance
que les entreprises suivent un ordre de préférence pour le choix
d'un mode de financement optimal (Myers et Majluf, 1984). En principe, les
dirigeants sont plus informés sur la valeur réelle et les
perspectives futures de l'entreprise que les investisseurs extérieurs.
Ce constat coûte cher pour la firme en cas de recours à un
financement externe. En effet, pour minimiser l'effet d'asymétrie
informationnelle, la firme finance ses investissements en premier par fonds
propres, endettement et enfin par émission d'actions.
Dans le cadre des explications empiriques de la théorie
hiérarchique de financement, Savignac (2007) stipule que les banques
offrent aux entreprises des taux d'endettement en fonction de leurs
caractéristiques. D'un autre côté, Feudjo et Tchankam
(2012) affirment que l'aspect relationnel des dirigeants vis-à-vis de
l'extérieur permet d'avoir des sources de financement à de
moindres coûts. De même, la structure financière des PME
camerounaises est expliquée par la taille (autofinancement), les actifs
immobilisés (garanties) et le capital propre détenu par le
dirigeant.
Mulkay et Sassenou (1995) montrent, conformément aux
prédictions de cette théorie, que les entreprises suivent une
hiérarchie de financement de leur investissement à cause de
coûts de faillite, de taxation différentielle, d'asymétrie
d'information ou même l'existence d'une relation entre l'entreprise et
ses créanciers. Contrairement à ce résultat, Bocar (2002)
atteste que l'autofinancement n'est pas une source
préférée pour les entreprises sénégalaises,
du fait que la taille et la profitabilité sont corrélées
positivement avec l'endettement. Ainsi, Adair et Adaskou (2014) ont
montré que le financement par les actions est moins risqué, en ce
qui concerne l'engagement de flux de trésorerie, mais il dilue la
propriété, le contrôle et le bénéfice des
firmes.
~ 23 ~
1.1.4.3 La théorie de « Market timing
»
Le développement de cette théorie est
attaché aux travaux de Beker et Wurgler (2002). Elle a pour objet de
clarifier le comportement financier des entreprises, en se basant sur le climat
du marché financier pour expliquer la structure financière des
firmes. Ces dernières tentent à se financer par augmentation du
capital, lorsque le climat boursier évolue à la hausse. Par
contre, l'achat de ses titres ou l'endettement sont des modalités
souhaitables, lorsque les cours boursiers évoluent à la
baisse.
Empiriquement, Kartobi et Aba Oubida (2018) ont testé
les prédictions de cette théorie sur un échantillon de 41
entreprises marocaines non financières cotées pendant la
période entre 2007-2015, et attestent l'absence d'un comportement de
timing du marché. Le tableau (1.2) contient une synthèse des
principales hypothèses et résultats de ces théories :
Tableau (1.2) : Les résultats des principales
théories de la structure financière
Théories
|
Apporteurs
|
Hypothèses
|
Résultats
|
Théorie de la
neutralité
|
Modigliani et
Miller (1958)
|
La perfection des marchés
|
La valeur d'une firme est
indépendante de sa structure financière.
|
La remise en compte
de la thèse de neutralité
|
Modigliani et
Miller (1963) Baxter (1967) Miller (1977)
|
Symétrie d'information Imposition Risque de faillite
|
L'endettement optimal
résulte d'un arbitrage entre les avantages et les
coûts de la dette.
|
Théorie d'agence
|
Jensen et
Meckling (1976)
Harris et Raviv (1991)
|
Asymétrie d'information Conflits
d'intérêts
|
L'endettement optimal
résulte d'une
minimisation des coûts
d'agence.
|
Théorie de signal
|
Leland et Pyle
(1977)
|
Asymétrie d'information Conflits
d'intérêts
|
L'endettement renforce la qualité des firmes.
|
Théorie hiérarchique de financement
|
Myers et Majluf (1984)
|
Asymétrie d'information Conflits
d'intérêts
|
Les ressources internes
sont préférées à
l'endettement, puis
l'augmentation du
capital.
|
Théorie des coûts de transaction
(spécificité des actifs)
|
Williamson
(1985)
|
Rationalité limitée Opportunisme
|
La spécificité des actifs
affecte négativement l'endettement.
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Source : réaliser par l'auteur
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