1.1.4 Les théories modernes de financement de la
firme
Dans un contexte simplifié (marché parfait, pas
de coûts d'information, d'agence et de faillite et pas de
fiscalité), la structure financière d'une firme n'a pas d'impact
sur sa valeur. Cette dernière ne dépend que des décisions
de production réalisées par la firme, et donc l'entreprise a
intérêt à s'endetter au maximum. Mais grâce aux
problèmes d'asymétrie d'information, ce résultat ne peut
être réalisé. A cet effet, la théorie
financière moderne montre grâce aux travaux réalisés
par Ross (1977) que l'asymétrie d'information est une variable qui
affecte négativement la création de la valeur et les
décisions financières des dirigeants. D'autre part, Leland et
Pyle (1977) affirment que la participation du dirigeant dans le capital de la
firme représente un signal positif qui informe les autres acteurs sur sa
qualité. En outre, Myers et Majluf (1984) proposent une
hiérarchie de financement dont l'objectif est la minimisation des
coûts d'asymétrie d'information existante entre les acteurs
internes et externes d'une firme. En plus, Beker et Wurgler (2002) ont
étudié l'impact des comportements des investisseurs au sein d'un
marché financier pour expliquer l'effet de ceux-ci sur les
décisions financières des entreprises.
1.1.4.1 L'asymétrie d'information et
signalisation
Dans le modèle de Modigliani et Miller (1952),
l'hypothèse de la perfection des marchés n'est pas pertinente au
cas où les dirigeants ont plus d'information par rapports aux autres
tiers. Cette asymétrie d'information représente un obstacle
influençant le coût du capital, du fait que,
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les dirigeants sont les plus informés sur les revenus
et les opportunités d'investissement futures de la firme. A ce stade, la
théorie du signal expose que les décisions financières
choisies par les dirigeants peuvent être considérées comme
un signal qui révèle les informations nécessaires aux
autres acteurs pour évaluer la qualité de la firme.
1.1.4.1.1 Le signal par endettement
Selon la théorie du signal, l'endettement
représente une variable créatrice de valeur. Ce constat est
interprété par le marché financier comme un signal positif
qui informe les partenaires externes sur la qualité de la firme. Toute
émission de dette augmente le prix du marché des actions de la
firme, les investisseurs pensent que la firme est solvable et donc elle a la
capacité de satisfaire ses engagements financiers. Ce
phénomène permet aux investisseurs de distinguer les bonnes et
les mauvaises firmes, en réduisant les coûts de la recherche
d'information dont la production est coûteuse.
Empiriquement, Adair (2014) affirme que la dette joue un
rôle de signal qui informe les créanciers sur la qualité de
la firme. Ces derniers ne disposent d'aucune information privée sur la
situation financière de l'entreprise. Ces études ont
montré que l'endettement est corrélé positivement avec les
garanties. Ces dernières représentent un signal positif pour les
banques, en considérant la firme autonome. Colot et Croquet (2007)
attestent que les possibilités d'accès à l'endettement
sont données par l'effet taille qui permet à l'entreprise de
diversifier ses activités et devenir rentable.
Contrairement à ce raisonnement, Gabillon (2000)
affirme que la qualité d'une firme est liée davantage aux
dividendes versés qu'aux revenus de la dette. Il démontre que
l'émission d'actions est plus efficace pour inciter les agents à
s'informer davantage afin d'acquérir les actions de la firme en cas de
sous-évaluation par le marché. Bourdieu et Colin-Sedillot (1993)
attestent que les contraintes informationnelles jouent un rôle important
dans l'accès aux ressources externes. Selon les deux chercheurs, la
participation des institutions financières dans le capital d'une
entreprise améliore l'information distribuée aux porteurs de
fonds et les encourage d'avantage à placer leurs fonds dans la firme.
1.1.4.1.2 Le signal par la participation du
dirigeant
Du fait que les dirigeants sont bien informés sur la
qualité de leur firme, leur participation dans son capital sera un
signal vis-à-vis de l'extérieur (Leland et Pyle, 1977). Dans ce
cas, Mélécot (1991) a affirmé que la participation des
dirigeants est un signal positif qui facilite le
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recours à l'endettement. Du fait que certains
créanciers cherchent à avoir des garanties personnelles
auprès des gérants au cas où l'entreprise est incapable
d'honorer ses engagements. De même, plus la propriété du
dirigeant est importante plus il prend des décisions optimales pour
éviter la perte des fonds investis dans la firme. Empiriquement,
Charreaux (1991) certifie que l'endettement et la structure de
propriété ont une corrélation positive avec la performance
des entreprises.
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