1.1.3.1 Les coûts d'agence
La firme est un agent économique qui englobe un
ensemble d'individus aux objectifs divergents, conflictuels et un niveau
différent d'information. Ce raisonnement implique l'existence des
coûts supplémentaires supportés par cette entreprise. Selon
Jensen et Meckling (1976), les comportements de ces agents (dirigeants,
actionnaires et les créanciers) influencent les décisions
financières et de gouvernance des entreprises. Dans leur apport, une
relation d'agence peut être définie comme étant un contrat
selon lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engagent une autre
personne (l'agent) pour effectuer un service en leur nom qui implique une
délégation de décision faisant l'autorité
qualifiée au mandataire (Jensen et Meckling, 1976).
En effet, selon la théorie classique, les individus
cherchent toujours à atteindre un niveau maximal d'utilité. A
l'intérieur de l'entreprise, si la relation qui englobe les deux parties
(principal-agent) se base sur la maximisation de l'utilité individuelle,
il y a de bonnes raisons de croire que l'agent n'agit pas toujours au profit du
principal. Cette relation du principal-agent exige des coûts
supportés par le mandant.
Tableau (1.1) : Les coûts d'agence entre le
principal et l'agent
Coûts
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Objectifs
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Coûts contrôle
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de
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?
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Supporter par le principal pour limiter les activités
aberrantes de l'agent.
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Coûts liaison
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de
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?
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A la dépense de l'agent pour justifier la qualité
de ses décisions.
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Coûts résiduels
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?
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Prise en charge par la firme pour compenser la perte de valeur
exprimée par un coût d'opportunité.
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Réaliser sur la base des notes prises de l'article
de Jensen et Meckling « Theory of the firm: managerial behavior,
agency costs and ownership structure», Journal of Finance Economics, July
1976, pp. 305-360.
~ 18 ~
Dans ce cadre, Harris et Raviv (1991) ont résumé
la nature de la relation d'agence en deux catégories :
? Relations d'agence entre les actionnaires et les
gestionnaires
La relation d'agence existante entre ces agents
(actionnaire-gestionnaire) crée des conflits d'agence du fait qu'ils
cherchent à maximiser leurs intérêts personnels. Les
gestionnaires profitent de la situation managériale offerte par les
actionnaires pour satisfaire leurs propres intérêts au lieu de
l'intérêt général. Dans ce cadre, Jensen et Meckling
(1976) affirment que la participation du manager dans le capital de
l'entreprise influence son comportement. Plus la part du gérant est
importante dans le capital de l'entreprise, plus il consacre des efforts
importants à des activités créatrices de valeur et plus il
agit pour maximiser sa fonction d'utilité5. Ainsi, lorsqu'il
cède une partie de sa part, il prend en charge juste une partie des
coûts de prestation qu'il exerce6. Ce qui pousse les
actionnaires à payer des coûts de surveillance pour le surveiller.
D'autre part, Harris et Raviv (1990) exposent que la dette est un moyen de
contrôle des décisions aberrantes des gestionnaires. Ils affirment
que les dirigeants préfèrent l'exploitation des activités
actuelles de l'entreprise et les actionnaires préfèrent la
liquidation7 de l'entreprise en cas de faillite. Cette divergence
d'intérêts induit des coûts d'agence8 affectant
la valeur de la firme.
? Relations d'agence entre les actionnaires et les
créanciers
Le recours à l'endettement réduit les
coûts d'agence provenus de la divergence d'intérêts entre
les dirigeants et les actionnaires. Cependant, la dette engendre d'autres
coûts liés à la divergence d'intérêts entre
les actionnaires-propriétaires et les débiteurs. Ces conflits
sont nés du fait que le contrat de la dette incite les actionnaires
à investir de manière sous optimale ce qui va réduire
leurs revenus futurs (Jensen et Meckling, 1976). Cette action n'est pas
compatible avec les objectifs personnels des actionnaires. Les dirigeants
profitent de leur situation en gonflant les résultats à
distribuer afin de tirer plus de gains présents. En cas de faillite,
ces
5 En cas inverse, le gestionnaire dépense plus
d'argent sous forme d'avantage indirect.
6 Dans le cas où le marché anticipe
ce genre de comportement, le propriétaire supporte la totalité
des coûts, c'est-à-dire que, les actionnaires paient un prix
d'actions égale au prix de surveillance.
7 En cas auquel l'entreprise dispose d'un actif
immobilisé chère, sa valeur devient plus chère au
marché, c'est pour cela les actionnaires préfèrent la
liquidation au lieu de la réorganisation.
8 Coûts de surveillance, de liaison et
résiduels.
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décisions détruisent les intérêts
des créanciers dont la valeur liquidative de l'entreprise peut
être inférieure à celle de ses dettes.
En effet, Mélécot (1991) affirme que la
situation de faillite ne représente qu'un simple transfert de direction
de l'entreprise des mains des actionnaires vers ceux des créanciers. Ce
raisonnement implique l'existence des problèmes d'agence lors de la
rédaction du contrat9de la dette (coûts implicites,
explicites et de contrôle). Dans le même cadre, Feudjo et Tchankam
(2012) ont attesté que ces problèmes d'agence peuvent être
éliminés lorsque le dirigeant a un aspect relationnel avec les
créanciers. Selon les deux auteurs, l'aspect relationnel permet à
l'entreprise de financer ses affaires en cas de détresse
financière.
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