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Spécificité des actifs et structure financière.


par SOUFYANE BOUJANE
Université CADI AYYAD Marrakech - Master Economie de l'Energie et de la Finance 2020
  

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1.1.2.2 La non-neutralité de la structure financière

La proposition principale des travaux de Modigliani et Miller (1952) porte sur l'hypothèse de la perfection des marchés. La vérification de cette hypothèse étant difficile à réaliser, les développements théoriques des deux adeptes portent principalement sur la théorie du ratio d'endettement optimal. La firme fait un arbitrage entre les avantages et les coûts de l'endettement. Dans ce cadre, Modigliani et Miller (1963) affirment que la firme recourt à l'endettement lorsque les avantages fiscaux induits par cette modalité de financement compensent ses coûts de défaillance et donc l'existence d'une structure financière optimale. Cette situation est confirmée par la théorie de compromis (Baxter, 1967).

1.1.2.2.1 L'introduction de la variable fiscale

La prise en compte de la fiscalité entraîne une augmentation de la valeur du marché des entreprises. Cependant, la dette bénéficie d'un traitement fiscal favorable grâce à la déductibilité des charges financières. Dans ce cadre, Modigliani et Miller (1963) attestent que la valeur d'une entreprise endettée est égale à celle d'une entreprise non endettée majorée de la valeur actuelle des économies fiscales apportées par le financement par endettement. Celui-ci réduit le coût réel du capital après impôts et augmente la valeur de l'entreprise. Donc, la firme devrait augmenter sa dette davantage pour profiter de ce gain. D'un autre côté, l'imposition des personnes physiques entraine une disparition de l'avantage fiscal lié à la déduction des charges financières. Miller (1977) montre, sur la base de certaines conditions, que l'avantage fiscal lié à l'endettement des entreprises sera compensé par le désavantage fiscal lié à l'endettement au niveau des individus.

Conformément au résultat de Modigliani et Miller (1963), Savinag (2007) et Molay (2005) ont attesté que la rentabilité a une corrélation positive avec l'endettement. Plus la rentabilité est faible, moins l'entreprise recourt à l'endettement. En outre, Bocar (2002) a affirmé que les entreprises rentables, au Cameron, se financent en grande partie par l'endettement.

D'un autre côté, Levasseur et Olivaux (1981) ont analysé l'effet de la fiscalité sur les entreprises françaises entre 1926 et 1965, et attestent que la fiscalité est favorable à l'endettement. De même, Ziane (1999) atteste, sur un échantillon de 2267 PME françaises, que la structure d'endettement n'est pas neutre. Ils ont démontré que la fiscalité, l'existence des garanties, les perspectives de croissance et le coût de l'endettement affectent l'endettement de

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ces entreprises. Ainsi, Colot et Croquet (2007) démontrent sur la base d'une étude faite pour expliquer les déterminants de la structure financière des entreprises belges, que ces entreprises augmentent leurs parts de la dette financière dans leurs passifs lorsque la taxe augmente.

1.1.2.2.2 Les coûts de faillite et valeur d'une firme

Grâce aux économies fiscales, la dette représente un facteur créateur de la valeur pour les firmes. Ce résultat est justifié par des nombreuses recherches étudiants l'avantage de la dette en termes fiscal. Mais, au fur à mesure, que l'entreprise s'endette, le risque d'insolvabilité commence à se manifester et les créanciers exigent une prime de risque sur leurs fonds ce qui engendre une augmentation du coût d'endettement. L'atteinte de cette situation implique l'émergence des difficultés financières génératrices de la faillite. Ce qui fait de la dette un facteur destructeur de la valeur. Dans ce cadre, la théorie financière confirme, grâce à la théorie de compromis, l'existence d'une structure du capital optimale permettant à l'entreprise de minimiser les coûts de faillite toute en maximisant sa valeur.

Notons qu'à un certain niveau, les entreprises qui choisissent de se financer par une combinaison entre les capitaux propres et la dette sont capables d'atteindre une valeur maximale. A ce stade, la théorie de compromis implique un arbitrage entre les avantages fiscaux4 engendrés par l'endettement et les coûts de faillite observés par le marché en cas d'incapacité d'honorer leurs engagements. Cette situation implique que la firme choisit un niveau d'endettement optimal qui minimise les coûts de faillite et maximise sa valeur.

Conformément au résultat de Modigliani et Miller (1963), plus une entreprise est rentable plus elle a intérêt à s'endetter d'avantage pour profiter des économies fiscales. Salloum et Azoury (2008) attestent qu'il existe une relation négative entre la détresse et le système de gouvernance de l'entreprise. Adair (2014) affirme sur la base d'une étude réalisée sur 2370 PME françaises entre 2000 et 2010, que les crédits interentreprises influencent positivement le recours aux crédits bancaires. Les institutions financières considèrent que l'entreprise disposant d'une part importante de la dette a une capacité de remboursement importante. Ainsi, sur un échantillon de 1520 entreprises françaises pendant une durée de 5 ans, Adair et Adaskou (2011) affirment selon l'application de la théorie de compromis l'existence d'une relation négative entre l'âge et le levier financier. En outre, Colot et Croquet (2007) confirment la validité de la théorie de compromis sur une étude réalisée sur les entreprises belges et selon celle-ci la taille

4Notons que cette situation ne pourra réellement être que si l'entreprise dégage un résultat d'exploitation positif avant impôt.

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est un signal positif. Plus la taille de l'entreprise est grande, plus elle diversifie ses activités et moins le risque de faillite apparaît. Ainsi, ils attestent que la taxe, l'existence des actifs tangibles et la profitabilité ont une relation positive avec l'endettement tant que les opportunités de croissance influencent négativement la dette grâce aux divergences d'intérêt entre les dirigeants et les actionnaires.

1.1.3 Les coûts d'agence et valeur d'une firme

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand