1.1.2 L'apport de Modigliani et Miller
1.1.2.1 La neutralité de la structure
financière
La question de l'indépendance de la structure
financière a été démontrée pour la
première fois par Modigliani et Miller (1958). Dans leurs fameux
travaux, ils affirment que la valeur d'une firme est indépendante de sa
structure financière2. Pour démontrer leur
thèse, ils supposent que :
1 Effet de levier
2C'est-à-dire que la valeur d'une entité
ne dépende pas la manière dont elle finance ses
activités.
~ 14 ~
y' Les marchés sont parfaits (pas d'asymétrie
d'information 3, pas de coût de transaction et que les
entreprises ont un accès illimité aux ressources
financières) y' Pas de coût de faillite.
y' Pas d'impôt sur les bénéfices.
Suivant ces hypothèses, Modigliani et Miller (1958)
considèrent deux firmes strictement identiques (même
bénéfices futures, même secteur d'activité, ainsi,
qu'elles font face au même niveau de risque) sauf en ce qui concerne
leurs structures financières. La première est entièrement
financée par les capitaux propres et l'autre se finance par une
combinaison des capitaux propres et de la dette. En suivant un raisonnement
d'arbitrage, qui consiste à acquérir un titre sur le
marché où le cours boursier est bas et le revendre
simultanément quand son cours est élevé, les investisseurs
réagissent de la même manière jusqu'un moment où les
prix deviennent identiques. Donc, les valeurs des deux firmes deviendront
égales.
En effet, plusieurs chercheurs ont essayé
d'étudier les effets des décisions financières sur la
valeur d'une firme. Biljana (2015) a constaté que les résultats
financiers des entreprises macédoniennes sont affectés
directement par leurs structures financières sur une période
entre 2000-2009 et 2013-2014. En outre, il atteste que la taille de
l'entreprise et les opportunités de croissance sont liées
positivement avec le levier financier. D'autre part, Fathi et Gailly (2003) ont
démontré sur un échantillon de 351 entreprises belges que
l'endettement affecte positivement la rentabilité, tant qu'il affecte
négativement la croissance. Au contraire, Adair (2014) sur un
échantillon de 2370 PME entre la période de 2000-2010, a
attesté qu'il y a une relation négative entre le taux
d'endettement et la profitabilité.
L'exposition de ces travaux empiriques implique la
non-vérification de l'explication de Modigliani et Miller (1958). Dans
ce cadre, Durand (1959) atteste que le résultat obtenu par Modigliani et
Miller est irréaliste dans un marché parfait où la valeur
des titres ne dépend pas seulement le résultat comptable
réalisé par la firme.
Ces critiques ont conduit Modigliani et Miller à revoir
leur proposition de neutralité en relâchant l'hypothèse de
la non-imposition en introduisant la variable fiscale sur les
bénéfices (Modigliani et Miller, 1963).
3C'est-à-dire que les marchés sont
efficients et que l'information disponible reflète le prix des titres en
question.
~ 15 ~
|