Chapitre 1 : Spécificité des actifs et
structure financière : fondements théoriques
Introduction
Au cours de ces dernières années, de nombreuses
études et recherches ont été réalisées pour
expliquer la structure financière des firmes. Ces études
suggèrent que les firmes ont intérêt à choisir une
structure du capital en fonction des coûts et des avantages
associés à chaque source de financement. En revanche, la
théorie classique (Durand, 1952) a soutenu que la firme a
intérêt à s'endetter au maximum pour atteindre une valeur
maximale. Selon les tenants de cette théorie, le ratio d'endettement
optimal est lié à la limite d'endettement qui maximise le
rendement des actionnaires. Outre, Modigliani et Miller (1958, 1963) ont pris
la fiscalité comme facteur déterminant du niveau d'endettement.
Ils suggèrent que les entreprises ont intérêt à
augmenter leurs parts de dette financière au maximum pour profiter de la
déductibilité des charges financières. Cette
opération a pour effet d'augmenter la valeur de l'entreprise en ajoutant
la valeur actuelle des économies d'impôt à la valeur de la
firme. Cependant, la prise en compte des coûts de faillite impose aux
firmes de faire un arbitrage entre les coûts et les avantages de la
dette.
Les études empiriques dans ce domaine ont
affirmé l'existence d'un nombre de déterminants de la structure
du capital, autre que la fiscalité et le risque de faillite. Notamment,
les garanties, la taille des entreprises, les possibilités de
croissance, la profitabilité... etc. Dans ce cadre, la théorie
des coûts de transaction soutient que le caractère
spécifique des actifs à financer détermine leurs
structures de capital. Williamson (1985) a soutenu que la
spécificité des actifs affecte la structure du capital des firmes
par le biais des coûts de transaction et donc la valeur de la firme.
Le présent chapitre est composé de deux
sections, il a pour objet de présenter une revue de littérature
des principaux fondements théoriques et empiriques des
déterminants de la structure financière. La première
section s'articule autour des fondements théoriques de la structure
financière des firmes. La deuxième section sert à
présenter une description théorique et empirique de la
théorie des coûts de transaction, précisément, la
spécificité des actifs.
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Section 1 : Les fondements théoriques de la
structure financière
1.1.1 L'optimalité de la structure
financière
Selon les adeptes de la théorie classique, le choix
d'une structure optimale a un effet positif sur la valeur de l'entreprise.
David Durand (1952) affirme que la maximisation de la valeur d'une firme
dépend de la manière dont elle finance ses activités. En
effet, toute augmentation de la dette financière implique une
augmentation de la rentabilité financière des bailleurs de fonds
(levier financier). En revanche, les tenants de cette théorie
soutiennent que le taux de rentabilité des fonds propres de la firme
varie avec le risque financier associé au degré d'endettement.
Ils stipulent que la firme a intérêt à augmenter sa dette
financière au maximum, si et seulement si, cette augmentation maximise
la rentabilité financière1 des investisseurs.
En effet, au fur et à mesure que l'entreprise augmente
sa part de la dette, le coût moyen pondéré du capital
diminue. Celui-ci représente la part de chaque ressource (capitaux
propres ou dette) par rapport aux ressources totales. A une limite
précise, les bailleurs de fonds deviennent exigeants en termes de
rémunération. Cette situation a pour effet d'augmenter le
coût moyen de financement et donc de baisser la valeur de
l'entreprise.
Malgré son importance comme étant une
théorie de base portant sur la structure financière des firmes,
la théorie du bénéfice net d'exploitation de David Durand
(1952) reste incomplète en termes d'analyse de l'indépendance de
la structure financière. En effet, le développement
théorique du débat sur la neutralité de la structure
financière sur la valeur de la firme a été exposé
plus tard par Modigliani et Miller (1958).
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