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L'erreur dans les réalisations écrites d'élèves marocains. état des lieux de leurs performances écrites, interrogations sur son statut et sur les modalités de sa gestion dans les documents officiels et dans les pratiques d'enseignement.


par Sarah TAMIMI
Université du Maine - Master 2 Didactique des Langues et l’enseignement du FLE  2019
  

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2.4. Les travaux sur les parlers bilingues : vers une pédagogie de l'erreur

Considérés comme la continuité des analyses précédentes, les travaux sur les parles bilingues apparaissent dans un contexte d'effervescence culturelle et linguistique valorisant les situations du plurilinguisme. Le bilingue n'est plus considéré comme un double monolingue mais comme un locuteur disposant d'un répertoire mixte à utiliser ses langues selon les contextes (Marquillolarruy, 2003, p 78)

En associant ethnométhodologie et interactionnisme social, ces travaux proposent un modèle de la communication plurilingue grâce à l'observation des conversations entre alloglottes et natifs. Ainsi la langue première est reconnue comme facilitatrice de l'apprentissage d'une langue étrangère.Danielle Moore (2001, p 73) considère que « des alternatives réfléchies » entre L1 et L2 de l'apprenant peuvent renforcer l'apprentissage.

Les marques transcodiques ne sont plus stigmatisées. Elles sont perçues de manière neutre ; car la compétence linguistique n'est plus définie en termes déficitaires (MarquilloLarruy, 2003, p79). L'erreur considérée jadis comme un manque ou une défaillanceest désormais envisagée d'un point de vue acquisitionnel en tant qu'indice de l'apprentissage, ainsi qu'un savoir-faire discursif d'un point de vue interactionnel (MarquilloLarruy, 2003, p80).

L'identification des erreurs, et leur analyse nous donnent accès à la compétence transitoire de l'apprenant. Cette première étape comporte le relevé d'erreurs, leur description au moyen d'un cadre grammatical de référence commun à la langue source et à la langue cible et la vérification au moyen de données intuitionnelles ultérieuresdes hypothèses suscitées par la description (Perdue, 1980, p 87). D'où l'importance d'une pratique réflexive.

Cette approche de l'erreur a démontré que « les zones du français les plus problématique, quelles que soit les langues sources, concernent généralement les déterminants, les formes verbales, la morphologie du genre et du nombre et les prépositions » (Porquier, 1977cité par MarquilloLarruy, 2003, p 82).

Vula complexité des facteurs et la diversité des situations d'enseignement/apprentissage d'une langue étrangère, il n'existe pas de recettes précises et des opérations méthodologiques permettant le traitement des erreurs des apprenants Une pédagogie de l'erreur ne signifie pas une série d'opérations techniques rigoureuses destinéesau traitement, mais unchangement d'attitude vis-à-vis de l'erreur, une attitude qui permet de l'envisager d'une manière positive, de la dédramatiser et de la placer dans le processus de l'enseignement apprentissage.

Ainsi, Rosier parle de « l'erreur fertile »permettant de juger de l'efficacité de l'apprentissage, le réguler et concevoir, si besoin ilya, un enseignement plus approprié(Rosier, 2002, p 93). Pour Porquier et Frauenfelder, il n'existe pas de solution simple à cause de la quantité des facteurs à prendre en considération pour savoir s'il faut corriger, quand corriger, et comment corriger.

Après l'identification de l'erreur, il faut décider de la traiter ou non en tenant compte de ses caractéristiques, telles que sa fréquence, le niveau linguistique, le degré d'écart avec les normes de la langue cible et avec l'exposition antérieure, et son incidence sur la communication(Porqier&Frauenfelder, 1980, p 31). Pourtant, il est nécessaire de citer quelques pistes de traitement de l'erreur présentées par quelques didacticiens :

Pour A lamy, qui considère le traitement des erreurs comme une activité d'apprentissage menée à partir de l'analyse des productions des apprenants et la prise en charge des systèmes intermédiaires, celui-ci passe par trois étapes cruciales :

ü La première étape consiste à sélectionner une erreur ou un type d'erreur permanent dans le groupe ;

ü La deuxième étape consiste à l'identification, l'analyse et la correction de l'erreur lors d'une activité de groupe ;

ü La troisième étape consiste à une systématisation et à un réemploi en situation (Porquier &Frauenfelder, 1980, p 35).

De son côté, Christine Tagliante propose des traitements selon que les erreurs sont commises à l'oral ou à l'écrit. En ce qui concerne les erreurs produites à l'oral, elles feront l'objet d'une correction immédiate si l'objectif est de produire des énoncés linguistiquement corrects, ou en différée si l'objectif est de stimuler la parole spontanée chez les apprenants. Le traitement varie selon le type d'erreurs produites :

· Erreurs linguistiques : dans ce cas, proposer des micro-dialogues ainsi que des activités de conceptualisation.

· Erreurs phonétiques : pratiquer des exercices de correction phonétique.

· Erreurs communicatives : faire préciser la situation de communication et le statut des interlocuteurs.

· Erreurs discursives : effectuer des exercices de structuration du discours.

· Erreurs stratégiques : faire acquérir les outils dés minimaux dès le début de l'apprentissage.

Pour les erreurs produites à l'écrit, il faudrait pratiquer la correction collective et sélective pour identifier les erreurs, et procéder à des activités de conceptualisation, de systématisation et de réemploi(Tagliante, 2006, p 156)

Martine Marquillolarruy (2003, p 82) propose une « boite à outil » ou « des trames pour traquer les erreurs » en s'inspirant des hypothèses théoriques traitant de l'erreur. Cette trame est constituée des étapes suivantes :

- Repérer les écarts.

- Analyser l'écart en se servant des analyses traitant l'erreur.

- Faire des hypothèses sur la cause de l'erreur.

- Interroger l'apprenant.

- Demander une autocorrection.

- Correction/réflexion/prolongements pédagogiques selon des modalités diversifiées.

En dépit méthodologies de traitement de l'erreur, ce qui nous intéresse le plus, c'est permettre à un enseignant pratiquant dans une classe de français caractérisée par une hétérogénéité, non pas de remplir des fiches typologiques pour classer les erreurs des apprenants, mais d'adopter une posture positive, tolérante et réflexive vis-à-vis de l'erreur, une attitude qui lui permettra, en s'appuyant sur son expérience, son savoir, et surtout sur les hypothèses des approches d'analyse, de transformer les erreurs de ses apprenants en des objectifs d'apprentissage à atteindre los des séances de soutien et de remédiation. « La réaction idéale aux erreurs devrait éviter deux risques extrêmes, d'une part l'absence systématique de correction (sous prétexte de privilégier l'intention de communication) qui aboutirait immanquablement à la stabilisation des écarts (soit à des fossilisations), et, d'autre part, une correction systématique (sous prétexte de privilégier l'adéquation aux aspects formels du code) qui aboutirait immanquablement à l'inhibition du locuteur.»(MarquilloLarruy, 2003, p 119). Ainsi, l'enseignant doit, dans sa pratique, pouvoir trouver un équilibre ou un dosage raisonnable entre ces deux extrêmes. L'interprétation sera certes une pratique risquée, car elle est généralement non définitive et jamais totalement certaine. Elle est pourtant indispensable car « seule une réaction réfléchie prenant en compte les spécificités des productions de chaque élève nous semble à même de permettre un étayage pertinent qui accompagnera l'élève sur le chemin de son apprentissage. » (MarquilloLarruy, 2003, p 119).

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