A. Le chemin tortueux des réalisations
L'exemple le plus connu de tous est le processus d'appel
d'offres. La mobilisation de la ressource avec les Partenaires Techniques et
Financiers ou sur le Budget National n'est pas automatique. Elle se
concrétise au bout d'un long processus. Une fois le financement
disponible, les différentes étapes du processus de passation du
marché depuis l'avis à
55
56
manifestation d'intérêt jusqu'à
l'attribution du marché de réalisation en passant par les
études de faisabilité et d'avant-projet détaillé,
dans la pratique, un an (01) est passé sans un seul coup de pioche ni la
pose d'une seule conduite dans le meilleur des cas. Si la procédure n'a
pas échoué pour des cas « d'offres infructueux » ou de
faute administrative ou autre, elle continue l'année suivante pour
quelques mois. Si tout va pour le mieux, les travaux démarrent vers la
moitié de l'année et sont après un bout de temps suspendus
à cause des pluies. Avec un peu de chance, la réception sera
prononcée l'année suivante. Pendant tout ce temps, l'urgence est
là et attend. La plainte des populations reste sans suite. Alors que
depuis près de deux (02) ans, la ressource est disponible et attend la
paperasse et les procédures pour servir à approvisionner en eau
potable les braves populations des campagnes qui produisent la plupart des
produits vivriers consommés en ville.
Après la réalisation, commencent les
difficultés pour mettre en place un système de gestion durable de
l'ouvrage.
B. Les difficultés de gestion durable
Une fois l'AEV construite et fonctionnelle, il faudrait penser
à un système de gestion qui se dérobe un peu de la
lourdeur administrative. Une gestion autonome serait appropriée. L'AEV
n'a pas besoin de ressources extérieures pour fonctionner et se
maintenir. Le dimensionnement est fait en sorte que les recettes issues de la
vente de l'eau servent à l'entretien, au renouvellement et à
l'extension du réseau. Compte tenu du caractère communautaire du
service de l'eau, il faudrait éviter la gestion solitaire et prioriser
l'approche participative.
Pour réussir la gestion durable des Adductions d'Eau
Villageoises, il faut en amont mieux connaître les ressources en eau
disponibles par l'organisation du suivi permanent de leur évolution
qualitative et quantitative dans l'espace et dans le temps. Il faudrait
également évaluer les besoins en ressources humaines en nombre et
en qualification intervenant dans la chaine de gestion des AEV et disposer d'un
système de formation et de recyclage continu approprié.
Il serait souhaitable que l'Etat prenne en charge les frais de
gestion afin que la distribution de l'eau potable devienne enfin gratuite pour
le bonheur de la population en milieu rural. En réalité,
l'objectif que poursuit l'Etat en réalisant les infrastructures
d'approvisionnement en eau potable est la consommation de l'eau potable pour
éviter les maladies liées à l'eau. Mais lorsque l'eau est
vendue et les usagers n'ont pas la capacité financière de
l'acheter, ils retournent aux sources non conseillées et sont
exposés à des maladies de tout genre. L'Etat gagnerait donc
à adopter la politique de la gratuité de l'eau potable en milieu
rural car cela garantie l'accessibilité effective
57
des bénéficiaires à la ressource vitale.
Ainsi, la mortalité infantile due au manque d'eau potable et à
l'assainissement sera limité. Les femmes et les hommes seront
concentrés sur leurs activités économiques et pourront
contribuer au développement du pays. Les ressources que l'Etat allait
gaspiller pour lutter contre le choléra et les autres maladies hydriques
seront affecter pour d'autres actions de développement. Finalement, en
soulageant la population rurale en mettant de l'eau potable gratuitement
à sa disposition, c'est encore l'Etat qui est le premier
bénéficiaire parce qu'il résout plusieurs problèmes
à la fois.
58
|