B. La sélection des avantages du PPP
Dans le cadre du Partenariat Public-Privé, en plus de
l'exploitation et de la maintenance que font les fermiers, il y a le volet
extension. Il soulage le maître d'ouvrage et responsabilise davantage le
partenaire. Dans le cas de la gestion des Adductions d'Eau Villageoises, le
volet extension contribue à l'amélioration du taux de desserte et
à la pérennité du service public de l'eau. La population
n'étant pas statique, le besoin en eau augmente au fil du temps. Les
extensions et les nouvelles réalisations viennent satisfaire les
attentes des usagers. Plus le réseau est étendu, mieux il y a
d'abonnés et l'implication directe c'est la hausse de la production,
d'où l'augmentation des recettes. Le diagnostic du rapport65
du Programme Eau et Assainissement de la Banque Mondiale a également
révélé que certaines AEV pouvaient devenir plus rentables
si les extensions étaient réalisées pour que ces
équipements desservent une population plus importante et si des
campagnes étaient menées pour sensibiliser la population aux
avantages liés à la consommation de l'eau des AEV. Dans ce
contexte, le prix de l'eau peut être revu à la
64 Ministère de l'Énergie et de l'Eau,
Politique nationale de l'eau, Cotonou, 2009, p. 25.
65 WSP, Bénin-Partenariats
Public-Privé novateurs au service de la durabilité de
l'approvisionnement en eau potable en milieu rural-Étude de cas, op.
cit., p. 10.
42
baisse sans menace pour la rentabilité du réseau
grâce à l'économie d'échelle. Vendre beaucoup
à un coût unitaire réduit rapporte parfois plus que vendre
peut à un coût unitaire élevé. Ainsi, toutes les
parties sont satisfaites au grand soulagement des abonnés.
L'étude66 intitulée, entre enjeux
politiques et arrangements locaux dans la commune de Djougou au Bénin
montre que les fontainières et l'exploitant sont particulièrement
touchés par l'irrégularité saisonnière de la
consommation de l'eau, dans la mesure où leurs
rémunérations sont liées aux volumes vendus. Les
fontainières sont souvent des femmes âgées et
handicapées. Elles reçoivent un petit pourcentage, soit 50
FCFA/par m3 distribué. Les bons jours (jours de marché, soit une
fois par semaine, en saison sèche), elles peuvent vendre jusqu'à
5 m3, ce qui en fin de journée permet au mieux d'avoir 250 FCFA. En
saison des pluies, elles ne gagnent plus rien. L'exploitant, mieux
rémunéré peut recevoir jusqu'à 26 000 FCFA par mois
entre décembre et juin, mais seulement 5 000 à 7 000 FCFA par
mois le reste de l'année. L'irrégularité de ces gains
contraint à l'exercice d'autres activités (il est
également agriculteur et éleveur de volailles et de petits
ruminants ; la fontainière fait du petit commerce) pour avoir d'autres
revenus. Cette pluriactivité n'est pas facile à assumer car
l'importance et la diversité des tâches à effectuer pour
que l'AEV fonctionne et soit gérée correctement impliquent une
disponibilité constante de l'exploitant et des fontainières
surtout pendant la saison sèche. Selon cette même étude, la
pluriactivité constitue une opportunité pour les employeurs qui
bénéficient de cette souplesse pour rémunérer au
minimum les employés et les contraindre à assurer certaines
tâches avec leurs propres moyens. L'exploitant utilise sa moto pour
contrôler l'état du réseau ou pour relever chaque semaine
les consommations d'eau aux BF. Il utilise son téléphone portable
pour rendre compte de son travail auprès de son employeur, le tout sans
aucune indemnité. Des trois AEV de la commune (hors Djougou ville),
seule celle de Kolokondé est rentable parce que ce chef-lieu
d'arrondissement est plus grand que les deux autres localités et qu'une
partie de sa population a pris l'habitude de payer l'eau de l'AEV.
Avec le PPP, des grandes firmes internationales
intéressées par l'activité vont contracter directement
avec l'Etat et prendre un grand nombre de réseau en gestion. Selon
l'ambition du gouvernement béninois, le pays sera réparti en
quelques grandes zones et confier à des partenaires avec un contrat de
PPP tenant compte de la sensibilité du secteur de l'eau. Les
66 BONNASSIEUX A. et GANGNERON F., « Des
mini-réseaux d'eau potable : entre enjeux politiques et arrangements
locaux. Le cas de la commune de Djougou au Bénin », Mondes en
développement, 2011, vol. 155, n°3, p. 85.
43
partenaires pourront aussi contribuer au financement des
réalisations. Les partenaires seront rémunérés lors
de la gestion par des mécanismes de payement des PPP adaptés au
cas des AEV. Avec ce mode plus organisé, le traitement salarial des
employés suivra les textes en vigueur au Bénin et la
rémunération ne sera plus conditionnée aux saisons de
l'année. L'exploitant sera vraiment professionnel et se consacrera
entièrement à son travail. Le système de fonctionnement
des AEV sera adapté aux nouvelles technologies. Le partenaire fera des
formations de recyclages à son personnel pour le mettre à la
hauteur de la tâche. Pour bien réussir l'activité, elle
doit être régie par un cadre législatif adapté.
§ 2 Un cadre législatif
adapté
Dans l'esprit de rendre opérationnel le Partenariat
Public-Privé nouvelle formule, il faut lui associer loi et
décrets d'application souples et tenant compte du caractère
social de l'eau. Il serait donc souhaitable de faire (I) recours aux
procédures simplifiées en s'appuyant sur (II) la gestion
contrôlée.
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