Je vais vous présenter une interview de Christophe
Michaëli, Directeur de Cetelem Automobile France, publiée dans le
magazine économique Challenges.
Challenges"La location est-elle toujours mise
de côté par rapport à l'achat à crédit
?"
Pour la première fois, en juillet 2014, le volume
d'affaires de transactions automobiles en LOA a dépassé celui du
crédit traditionnel, avec 269 millions d'euros. C'est une tendance, le
crédit cède du terrain face à la LOA. Et la tendance
pourrait se poursuivre, la LOA étant un type d'offre relativement
récent, les premières propositions datent du milieu des
années 1990.
Challenges : "Avec les taux actuels, est-il
plus intéressant d'acheter une voiture à crédit ou de la
louer ?"
Avant de choisir un type de financement, il faut prendre ses
besoins en compte. Les diverses offres présentent toutes leur avantages
et leurs inconvénients. Si vous gardez votre auto huit ans, vous avez
tout intérêt à opter pour un crédit. A contrario, si
vous la renouvelez régulièrement, une LOA peut être
avantageuse. Un engagement de reprise assure en effet la valeur
résiduelle de l'auto. C'est un avantage, puisqu'il est difficile de
prévoir à un horizon de trois ans ce que sera exactement le
marché de l'occasion. Cela évite de plus de devoir revendre sa
voiture et de devoir trouver un acheteur
.
Challenges : "Quelle est aujourd'hui la
proportion de chaque offre sur le marché du financement automobile
?"
Aujourd'hui, sept clients sur dix financent leur voiture.
C'est-à-dire qu'ils ne la paient pas comptant. Cetelem offre aujourd'hui
les trois types de financement (crédit, LOA et Location Longue
Durée, NDLR). 65 % de nos clients optent pour le crédit
classique, alors que la LOA représente 33 % des transactions. Avec 2%
seulement, la LLD reste minoritaire. Enfin, selon nos études, 35 % des
acheteurs optent pour un financement directement au point de vente.
Challenges : "Quel est l'avantage de ces offres
de financement du point de vue du constructeur ?"
Les constructeurs ont tout intérêt à
proposer plusieurs types d'offres, puisqu'elles ne visent pas les mêmes
clients. En ce moment, ils ont tendance à mettre en avant la LOA, qui
leur permet d'accélérer le renouvellement. Au lieu de vendre une
seule voiture en six ans, ils en vendent en effet deux au même client
dans le même période.
Challenges : "Etes-vous surpris de voir de plus
en plus de constructeurs annoncer dans leurs publicités un tarif mensuel
plutôt qu'un prix de vente brut ?"
Non, cela correspond aux besoins de consommation. Les gens
ont l'habitude de gérer un budget mensuel, que ce soit pour leur
salaire, leurs charges... Il est donc logique de voir cela mis en avant.
D'ailleurs, même si la formule ne rencontre guère de
succès, c'est bel et bien la LLD qui apparaît sur les affiches et
dans les spots. Celle-ci n'est en effet pas considérée comme une
offre de financement d'un point de vue légal. Les publicitaires peuvent
ainsi s'affranchir de la Loi Lagarde en ce qui concerne les mentions
légales. Avec la mise en avant du tarif en LLD, nul besoin d'afficher le
taux avec des caractères aussi gros que ceux qui annoncent la
mensualité, pas plus qu'il n'est besoin d'ajouter «Un
crédit vous engage et doit être remboursé". Cela laisse
plus de liberté artistique pour les affiches et consomme moins de temps
en radio.
On peut donc dire que dans le secteur des voitures
neuves, les formules locatives ont le vent en poupe. Selon Cetelem, elles ont
même égalé le montant des crédits classiques en
juillet dernier. LOA, LLD, crédit ballon :
C'est le résultat d'une communication promotionnelle
massive de la part des constructeurs, couplée à un accès
tarifaire plus avantageux que celui proposé lors d'un achat
classique.
Selon l'ASF, « pour les voitures neuves, le montant des
crédits classiques s'élève aujourd'hui à 2,2
milliards d'euros, contre 2 milliards pour les formules locatives ».
En juillet dernier, « pour la première fois »,
les formules locatives ont même égalé les crédits
classiques.
Comment expliquer ce succès croissant ? Le confort de
rouler dans une voiture récente, l'entretien inclus dans le contrat et
un budget voiture maîtrisé et régulier. Et peut-être
aussi un changement d'état d'esprit.
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« Pour un client qui garde sa voiture 10 ans et en fait
l'entretien lui-même, la formule locative a peu d'intérêt
», précise Christophe Michaëli. « Mais un client qui veut
une voiture neuve, en changer régulièrement et payer toujours 250
euros par mois, a tout intérêt à choisir cette formule : il
a une parfaite visibilité de ce que lui coûte l'opération
».
Des différences
générationnelles
Malgré le développement de ces techniques de
financement, 81% des Français estiment que l'achat d'une voiture reste
plus avantageux qu'une formule locative (sondage 2012 « Les
français & l'automobile », commandé par
Aramis auto et réalisé par INS Sofres).
Ce sondage note toutefois que l'attrait pour la formule locative
est en progression.
Un paradoxe que Christophe Michaëli estime lié
à la notion de propriété, mais aussi à un aspect
générationnel :
« Par exemple, les clients d'un certain âge
préfèrent souvent être propriétaire de leur voiture
et la garder longtemps. Le crédit classique est alors adapté. En
revanche les jeunes vont plus facilement vers une offre de location ». Et
donc vers ces solutions de financement, qui permettent d'accompagner
l'évolution des comportements vers l'usage plus que la
propriété. Le rapport crédit classique/location va
évoluer « en douceur ». « Cela va prendre du temps, et
d'ici là de nouvelles solutions de financement apparaîtront
certainement pour accompagner les nouvelles façons de se
déplacer, comme l'auto-partage par exemple ».
En conclusion les constructeurs automobiles font de plus en
plus de publicité sur les locations de voitures car celle-ci permettent
de vendre plus de voiture neuves dans le temps en accélérant le
rythme de changement du à la période de location.
Les jeunes sont plus sensibles à ce type de
financement. Ces derniers étant les futurs acteurs du marché, les
conditionner dès aujourd'hui à utiliser ce type de financement
pourrait permettre demain d'accélérer la rotation de vente des
véhicules neufs.
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