3.2 Travaux empiriques dans les pays en
développement
Les résultats des travaux réalisés dans
les pays en développement montrent en grande partie la dominance du
revenu et du taux d'inflation comme premier déterminant de la demande de
monnaie tandis que le taux d'intérêt en général joue
un rôle secondaire.
C'est dans cet ordre d'idée que l'auteur
Simmons.R (1992) utilise un Modèle à Correction
d'Erreur pour examiner la demande de monnaie de cinq pays africains, dont la
République démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire, l'Ile
Maurice, le Maroc et la Tunisie. Il parvient aux résultats que le taux
d'intérêt a un impact significatif sur la demande de monnaie
à long terme, dans le cas de la Côte-d'Ivoire, de l'Ile Maurice et
du Maroc.
Deux ans plus tard, dans une étude sur le Cameroun, la
Côté d'Ivoire, le Kenya et le Nigeria, Fielding (1994)
utilise des données trimestrielles pour construire une fonction
de demande de monnaie. Il prouve que la demande de monnaie dans ces pays est
expliquée par la volatilité de l'inflation et du taux
d'intérêt. Pour aborder la stabilité de la demande de
monnaie dans 21 pays africains sur des données trimestrielles de 1971
Les déterminants de la demande de monnaie en
Guinée Page 20
à 2004, Bahmani-Oskooee et Gelan (2009)
aboutit à la conclusion que la demande de monnaie est stable
à long terme dans ces 21 pays.
Toutefois, certaines études montrent l'importance du
revenu dans la demande de monnaie. C'est ainsi qu'au Sénégal,
Aboubakry Gollock (2000) montre un effet positif et
significatif du PIB réel sur la demande de monnaie, avec une
élasticité supérieure à l'unité. Cette
élasticité diminue au fur à mesure qu'on élargie la
définition de la demande de monnaie de M1 à M2. Mounkala
Evrard Ulrich (2013) dans sa recherche sur l'estimation d'une fonction
de demande de monnaie dans les pays de la CEMAC sur la période
1972-2012, utilise un panel hétérogène
cointégré et parvient au résultat que la demande de
monnaie est influencée positivement par le PIB réel.
Dans le souci de stabilité de la vitesse de circulation
de la monnaie au Maroc, les auteurs Chourouk Moudine et Younes El
Khattab (2013) estiment une fonction de demande de monnaie.
Il ressort de leur étude que le taux d'intérêt
interbancaire et le taux d'inflation n'expliquent pas la demande d'encaisses
réelles, seul le revenu l'explique. Le résultat montre
également que la politique de ciblage de croissance de la masse
monétaire adoptée par le Maroc n'est plus efficace du fait de
l'absence de relation significative entre l'inflation et la masse
monétaire.
D'autres recherches utilisent un modèle à
correction d'erreur aboutissent à des résultats similaires avec
une élasticité de la demande de monnaie par rapport au PIB
réel supérieure à l'unité. C'est le cas de
Emmanuel Dodzi et al (2014) dans leur étude sur la
demande de monnaie et sa stabilité au Ghana. Aussi, John Randa
(1999) étudie la demande de monnaie en Tanzanie. Il montre une
élasticité de la demande de monnaie par rapport au revenu
positive et, celle par rapport au d'inflation négative de même que
l'élasticité par rapport à la dépréciation
de la monnaie nationale. Il conclut que lorsque la monnaie tanzanienne se
déprécie par rapport à la monnaie étrangère,
le public anticipe une dépréciation future plus forte et demande
de la monnaie étrangère.
Pour le cas de l'Algérie, Anissa Atmani (2016)
montre l'existence d'une économie d'échelle dans la
demande de monnaie. Elle signale également une fuite de la monnaie
nationale remplacée par des devises à cause de l'effet
négatif du taux d'inflation et du taux de change sur la demande de
monnaie.
Jean François Goux et Thomas Rusuhuzwa Kigabo
(2007) examinent pour le Rwanda l'existence d'une relation de
cointégration entre la demande de monnaie et la rupture structurelle sur
des données trimestrielles de 1980 à 1999. La conclusion de
l'étude montre l'absence de relation de cointégration avec
l'agrégat M1 même si elle serait expliquée par le PIB
réel, le taux d'inflation et le taux d'intérêt. La relation
de cointégration de long terme existe avec l'agrégat large M2.
En plus des déterminants essentiels de la demande de
monnaie, d'autres variables sont souvent intégrées dans la
modélisation pour prendre en compte l'effet des innovations
financières ou l'effet de la volatilité du taux de change. Dans
ce sens, on peut citer l'étude de Franklin Belnve et Theresa
Mannah Blankson sur le Ghana, qui s'est appesantit sur la relation
entre l'innovation financière et la demande de monnaie.
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