Conclusion
Nous avons entamé ce chapitre en présentant les
logiques des grandes théories de la demande de monnaie, en partant de
celle classique (FISHER et MARSHAL PIGOU),
Les déterminants de la demande de monnaie en
Guinée Page 21
keynésienne (KEYNES), monétariste (MILTON
FRIDMAN) et celle de TOBIN et BAUMOL. La conclusion des approches
théoriques est que le revenu, le taux d'intérêt, le
patrimoine et le prix des autres actifs constituent les principaux
déterminants de la demande de monnaie.
Toutefois, la revue empirique considère le revenu et le
taux d'inflation comme facteurs essentiels de la demande de monnaie pour les
pays en voie de développement (PVD) avec un effet de substitution entre
la monnaie et l'actif physique en période de forte inflation. Par
contre, dans les pays développés, le taux d'intérêt
est le plus important déterminant de la demande de monnaie, à
cause du développement de leur secteur financier et bancaire ainsi que
les innovations financières.
Pour un approfondissement de l'analyse des déterminants
de la demande de monnaie en République de Guinée, nous
procéderons dans le prochain chapitre à une analyse empirique.
Les déterminants de la demande de monnaie en
Guinée Page 22
CHAPITRE 4 : Modélisation de la demande de
monnaie en République de Guinée
Dans ce chapitre, nous exposerons la spécification du
modèle et les techniques d'estimation dans la section 1, la section 2
sera consacrée à l'interprétation des résultats, et
la section 3, aux implications de politique économique.
Section 1 : La Spécification et les techniques
d'estimation du modèle
Cette section présentera la spécification du
modèle et les techniques d'estimation utilisées.
1.1 La spécification du modèle
La fonction de demande de monnaie sert à
déterminer quelle quantité de monnaie souhaiterait
détenir, à un instant donné, les agents économiques
lorsqu'ils anticipent le volume de leurs échanges et de leur patrimoine,
le niveau du taux d'intérêt et le taux de change.
Plusieurs travaux relèvent le produit intérieur
brut réel, le taux d'inflation, le taux d'intérêt et le
taux de change comme déterminants de la demande de monnaie
(Simmons (1992), Padhan (2011)). Dans le cadre de cette
étude sur la Guinée, nous allons, à présent,
expliquer le choix du modèle, la description des variables ainsi que les
sources de données.
(i) Choix du modèle
A l'image de l'étude d'Anissa Atmani
(2016), nous utiliserons deux fonctions de la demande de monnaie. La
première inclura les variables explicatives théoriques les plus
essentielles. La seconde remplacera le PIB réel par ses composantes que
sont, la consommation finale privée, la consommation finale publique
l'investissement et les exportations nettes. Les deux modèles ainsi
retenu se présentent sous la forme suivante :
Modèle 1 : fonction de la demande de monnaie
avec les variables explicatives théoriques log(mr) =
f(log(pibr); log(tcn); inf; r) (1)
+ #177; #177; -
Modèle 2 : fonction de la demande de monnaie
avec décomposition du Pib réel
mr = f( cfp_pibr; cfg_pibr, fbc_pibr, bc_pibr; tcn; inf; r)
(2)
+ + + + #177; #177; -
Nous retiendrons pour cette étude de la demande de
monnaie en Guinée, les variables que sont, le produit intérieur
brut réel, le taux de change, le taux d'inflation et le taux
d'intérêt sur les dépôts bancaires.
Notons aussi que peu de recherches mettent l'accent sur le
comportement des composantes du Pib réel sur la demande de monnaie. Nous
essayerons d'examiner si les composantes du PIB réel exprimées en
termes de poids, dont la consommation finale privée, consommation finale
publique, la formation brute de capital fixe, la variation de stocks, et les
exportations nettes pourraient expliquées la demande de monnaie
(ii) Définition des variables
Le choix est souvent fait entre la masse monétaire au
sens strict (M1) et au sens large (M2) en terme réelle comme demande de
monnaie. Notre choix de l'agrégat monétaire
Les déterminants de la demande de monnaie en
Guinée Page 23
se fonde sur M2 composée des billets et pièces
en circulation auquel on ajoute les dépôts à vue, les
dépôts à terme et les dépôts en devises. Dans
ce travail, la masse monétaire M2 est exprimée en terme
réel (mr) déflatée de l'indice des prix à la
consommation. Ce choix est motivé par le fait que la Banque Centrale
dans le cadre de la conduite de sa politique monétaire suit
régulièrement la masse monétaire M2, à travers son
contrôle sur la base monétaire qui est sa cible
intermédiaire.
? Les variables exogènes :
Le produit Intérieur Brut Réel (pibr)
: il sert de proxy du revenu dans la fonction de demande de monnaie.
Son effet pourrait être positif autrement dit lorsque le revenu augmente
la demande de monnaie devrait augmenter. Selon l'optique de la dépense,
le PIB comprend la consommation finale, la formation brute de capital fixe, les
variations de stocks et les exportations nettes.
Le taux d'inflation (inf) : est
calculé comme la variation relative de l'indice des prix à la
consommation. On s'attend à un effet négatif pour traduire un
effet de substitution de la monnaie à l'actif réel en
période d'hyperinflation ou un signe positif pour décrire un
comportement de reconstitution des encaisses en période d'inflation.
Le taux de change du dollar par rapport au GNF (tcn)
: est le taux de change nominal coté à l'incertain, qui
permet de cerner l'effet de la dépréciation de la monnaie
nationale sur la demande de monnaie. On pourrait s'attendre à un signe
négatif pour décrire la fuite de la monnaie nationale vers une
monnaie étrangère, ou un signe positif pour traduire la dominance
des transactions sur le marché parallèle de change.
Le taux d'intérêt des dépôts
bancaires (r) : constitue un indicateur du coût
d'opportunité de la détention de la monnaie. Les agents
économiques préfèrent détenir les actifs qui
offrent un rendement élevé. Une augmentation du taux
d'intérêt sur les dépôts bancaires constitue une
augmentation du taux de rendement des actifs peu liquides par rapport à
celui de la monnaie. Ainsi, à l'augmentation des taux
d'intérêt, les agents voudront détenir une plus grande
partie dans les avoirs en actifs non monétaires à cause de leurs
intérêts, et une moindre fraction en encaisse. Le signe attendu
est donc négatif, c'est-à-dire une augmentation du taux
d'intérêt provoquera une baisse de la demande de monnaie.
(iii) Sources de données
Les données utilisées dans cette recherche sont
des données secondaires issues de sources différentes. Le produit
intérieur brut réel, la masse monétaire, le taux
d'intérêt sur les dépôts bancaires, la consommation
finale, la formation brute de capital fixe, et les exportations nettes sont
tirés du World Development Indicator de la Banque Mondiale tandis que le
taux d'inflation, l'indice des prix à la consommation et le taux de
change nominal sont respectivement issus de l'Institut National de Statistique
et de la Banque Centrale de Guinée. Elles couvrent la période de
1987 à 2016, soit 30 observations.
|