Section 3 : La demande de monnaie : quelques
considérations empiriques
La recherche économique s'est beaucoup investie sur la
demande de monnaie. Les réflexions ont mis l'attention sur la
stabilité de la demande de monnaie d'une part, et sur les
déterminants de la monnaie d'autre part. Les résultats sont
disparates selon les zones. Cette section présentera la synthèse
de quelques travaux empiriques.
3.1 Travaux Empiriques dans les pays émergents et
développés
La plupart des études réalisées dans les
pays développés montre que le revenu, le taux d'inflation et le
taux d'intérêt expliqueraient la demande de monnaie. L'influence
du taux d'intérêt sur la demande de monnaie pourrait s'expliquer
par le développement du secteur bancaire et financier dans ces pays.
Les auteurs, Ewing. B et Payne (1999) dans le
cadre d'une étude de la demande de monnaie en Autriche, Australie,
Finlande, Italie, Etats-Unis et au Royaume Uni, ont montré que le revenu
et le taux d'intérêt jouent un rôle important dans la
stabilité de la demande de monnaie. Dans leur examen de
la stabilité de la demande de monnaie pour un groupe de pays asiatique
émergents (Inde, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Philippines,
Singapour et Thaïlande), Bahmani-Oskooees et Rehman (2005)
parviennent à la conclusion que dans la plupart de ces pays,
les agrégats monétaires M1 ou M2 et les variables clés de
la demande de monnaie sont cointégrées. Inoue et Hamori
(2008) trouvent également que les fonctions de demande de
monnaie au sens M1 et M2 en Inde présentent une relation de long terme
avec le revenu réel et le taux d'intérêt.
Cependant, pour faire une comparaison internationale entre
l'Europe de l'est, la Grande Bretagne et les Etats-Unis, Jawadi Fridj
et Ricardo M. Sousa (2013) procèdent à une
modélisation de la demande de monnaie. Ils aboutissent à la
Les déterminants de la demande de monnaie en
Guinée Page 19
conclusion que le revenu, le taux d'inflation, le taux
d'intérêt et le taux de change effectif réel influencent
significativement la demande de monnaie dans ces pays avec des effets
différents. Selon le résultat, le revenu influence positivement
la demande de monnaie dans tous ces pays avec une élasticité
supérieure à l'unité pour l'Angleterre et l'Europe de
l'est. En revanche, le taux d'inflation et le taux de change ont des effets
différents, un effet positif sur la demande de monnaie pour la Grande
Bretagne et l'Europe de l'Est alors que l'effet reste négatif pour les
Etats-Unis. Le taux d'intérêt signale un effet négatif et
significatif pour tous les pays, et ce à cause du développement
du système bancaire et financier.
Abdullah et al. (2010) utilisent l'approche
ARDL pour examiner la demande de monnaie pour cinq pays d'ASEAN (Association of
South East Asian Nations) Ils trouvent que le revenu et le taux de change ont
des effets positifs, tandis que l'inflation ressort en signe négatif.
Ils expliquent ce résultat par le fait que la dépréciation
de la monnaie nationale augmente la demande de monnaie, en raison de l'effet de
richesse. Pour la Malaisie, Tang.T.C (2002) étudie la
demande de monnaie en appliquant la technique d'un Modèle ARD à
correction d'erreur, proposé par Pesaran, sur la période de 1973
à 1998. Il conclut l'existence d'une relation de long terme entre la
demande de monnaie (M3) et ses déterminants à savoir les
composantes de la dépense (consommation globale, investissement et
exportations), le taux de change réel et les taux
d'intérêt.
Dans une étude sur l'Inde, Puma Chandra Padhan
(2011) estime une fonction de demande de monnaie en
privilégiant l'approche d'un modèle à correction d'erreur
(ECM) à partir des données trimestrielles de 1996 à 2009.
Il conclut l'existence d'une relation de long terme et de court terme entre la
demande de monnaie et les variables explicatives.
Dans son analyse sur six pays d'Asie du Pacifique,
Abbas Valadkhani (2008) examine la relation de court et de
long terme entre la demande de monnaie et ses principaux déterminants.
Le résultat révèle qu'à long terme, la demande de
monnaie est expliquée positivement par le revenu et négativement
par le taux d'intérêt, le taux d'inflation et le taux de change
effectif réel.
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