4.2.8. LA CHUTE DE VITAL KAMERHE
Grâce à une alliance
électorale avec Vital KAMERHE et son parti UNC, et au terme d'un
arrangement secret qui existerait avec le Président sortant Joseph
KABILA, le fils du défunt figure de proue de l'opposition Etienne
TSHIESEKEDI est proclamé gagnant du scrutin. Peu importe que l'autre
opposant, Martin FAYULU, revendique lui aussi la victoire et les observateurs
de l'Eglise catholique dénoncent une élection
truquée : la République démocratique du Congo tien
enfin son alternance pacifique, pour la première fois de son histoire
heurtée.
KAMERHE a été l'un des artisans de la
conquête. Cet ex-Kabiliste, ancien ministre et Président de
l'Assemblée nationale entre 2006 et 2009 puis candidat à la
présidentielle de 2011, a apporté son expérience et les
voix du bassin du Kivu, très peuplé, à Félix
TSHISEKEDI. Le duo a sillonné la RDC sans jamais se séparer. Les
termes de leur accord prévoient qu'en 2023, TSHISEKEDI devra lui rendre
la pareille et lui céder son fauteuil. En attendant, Vital KAMERHE est
l'un des seuls cadres de la coalition CACH à être familier des
rouages de l'administration congolaise. Il ne peut occuper le poste de premier
ministre, réservé au camp Kabila qui a raflé la
majorité des sièges à l'Assemblée. Il occupe donc
celui, stratégique, de directeur de cabinet de la présidence. Et
à ce titre, il pilote le programme des cent jours initié par le
chef de l'Etat, censé réaliser en urgence des grands travaux.
Mais hélas ! KAMERHE est soupçonné par la justice de
s'être personnellement enrichi au passage. C'est ainsi qu'au cours d'un
procès inédit dit de 100 jours, le bras droit de Félix
TSHISEKEDI sera condamné à 20 ans des travaux forcés pour
détournement de fonds publics et corruption.
Depuis son élection, le président TSHISEKEDI a
martelé sur tous les tons que la lutte contre la corruption était
sa priorité. Il pouvait difficilement brider les magistrats sur cette
affaire emblématique connaissant la politique à la congolaise.
Dans son discours à la nation la veille du soixantième
anniversaire de l'indépendance, le chef de l'Etat congolais a de
façon superficielle abordé le sujet du procès de 100 jours
qui d'après lui était une page tournée, sujet auquel il ne
s'est pas encore publiquement exprimé. Mais il semble, aux yeux de tous,
que Félix TSHISEKEDI a lâché son binôme. Pour quelle
raison ? Est-ce par calcul politique, afin de se débarrasser d'un
allié devenu trop encombrant ? S'agit-il d'un avertissement au camp
Kabila ? La condamnation de KAMERHE serait-elle une preuve pour prouver
aux Etats Unis sa ferme volonté de combattre la corruption comme ils
l'ont demandé ? Que des questions sans réponses. Ce qui nous
parait sur, ce que l'indépendance de la justice et la lutte contre la
corruption serait son mobil. Mais aussi, il nous parait judicieux de penser que
la mise à l'écart de KAMERHE ait été
téléguidée ou non, elle constitue un tsunami politique en
RDC car elle vient crédibiliser une grande partie du discours du
Président Félix TSHISEKEDI sur la lutte anticorruption et envoie
un message fort : personne n'est intouchable. Dans le bras de fer
invisible qui se joue entre l'ancien, toujours puissant, et la nouvelle
présidence, l'avertissement a du poids. En sacrifiant son
précieux partenaire de coalition, la présidence TSHISEKEDI
pourrait enfin gagner en autonomie ou se retrouver durement fragiliser.
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