Incidence des accords politiques dans la gestion de léétat cas du FCC-CACH.par Papy WETSHONGA LOKOMO Université - Licence en sciences politiques 2020 |
4.2.5. MENACE SUR LA DISSOLUTION DE L'ASSEMBLEE NATIONALEApres qu'on a surfé sur les séquences rappelées ci-dessus, l'ironie de l'histoire atteste que, cette fois-ci, le précèdent fâcheux est la déclaration du Président de la République Félix TSHISEKEDI, faite le 21 janvier 2020 devant la communauté congolaise à Londres. Des déclarations qui ont suscité une très vive polémique. Une controverse ambiante au point de créer une tension entre les deux plateformes qui forment la majorité parlementaire. Autrement dit, pour cette énième séquence, c'est le chef de l'Etat Félix TSHISEKEDI qui se trouve lui-même au coeur de la crise. Le Président avait brandi la menace d'une dissolution de l'Assemblée nationale en cas de crise avec ses partenaires. « Jusqu'à présent, je n'ai vu aucun ministre s'opposer à mes décisions. Mais certains ministres me disent qu'ils subissent des pressions » a déclaré le président TSHISEKEDI. « En cas d'obstruction », avait-il précisé « je serai contraint, en fin de compte, de prendre la décision de dissoudre l'Assemblée nationale.93(*) » En réponse au Président de la République qui a agité la veille la menace d'une dissolution de l'Assemblée, la Présidente dudit organe Jeannine MABUNDA l'une de caciques du FCC de Joseph KABILA, avait demandé « d'éviter les malentendus et les risques de haute trahison ». La Présidente de l'Assemblée nationale avait révélé qu'elle avait abordé la question de la dissolution lors d'un entretien-vérité avec le chef de l'Etat le 13 juin 2020, en présence du Président du Sénat, Alexis THAMBWE MWAMBA, lui aussi issu du FCC. Tous deux ont rappelé au chef de l'Etat qu'il ne peut y avoir dissolution selon la constitution qu'en cas de crise persistante entre le gouvernement et la chambre basse du parlement, ce qui pour l'heure n'est pas le cas.94(*) 4.2.6. EPISODE JEAN-MARC KABUNDApres les propos de Charles NAWEJ en juin 2019, un autre incident survint cinq mois plus tard. Soit en novembre 2019. En toile de fond, la destruction méchante et répréhensible à Kinshasa et à Kolwezi, des sièges de deux principaux partis politiques de la coalition, à savoir le PPRD et l'UDPS ainsi que le déchirement des effigies de Félix TSHISEKEDI et de Joseph KABILA dans les mêmes agglomérations. On rappelle que lors de ce énième épisode du clash au sein de la coalition FCC-CACH, le camp vexé fût celui de Joseph KABILA, à la suite des propos de Jean-Marc KABUND, président intérimaire de l'UDPS, élu premier vice-président de l'Assemblée nationale. S'adressant le 12 novembre 2019 à la base de l'UDPS au siège national du parti, Jean-Marc KABUND avaitdéclaré « je mets en garde tout le monde, je ne vais intimider personne. Je parle à nos amis. Nous sommes dans cette coalition de bonne foi. Regardez l'Angola. Est-ce que le Président honoraire est là-bas ? Non. Suivez ce qui se passe là-bas. Combien sont en prison ? Il y a également l'exemple de l'Afrique du Sud. Est-ce queZuma n'a pas de problème avec la justice ? C'est pour vous montrer notre bonne foi. Il ne faut pas que certaines bêtises nous poussent à aller fouiner95(*) ». Des propos qui auraient frustré les sociétaires du FCC. Pour ces derniers, les déclarations de Président de l'UDPS étaient dangereuses et de nature à compromettre de nombreux sacrifices dont la coalition FCC-CACH la pierre angulaire. Tout en faisant remarquer à Jean-Marc KABUND que ses propos étaient contraires au règlement intérieur de l'Assemblée nationale, spécialement en son article 121 alinéa 2 à 4. Les élus nationaux membres du FCC avaient rappelé à ce dernier qu'il tenait son poste grâce à l'existence de la coalition parlementaire FCC-CACH et au vote majoritaire des députés du FCC.96(*) L'annonce d'un congrès qui précipite la chute du Président de l'UDPS de son poste de premier vice-président de l'Assemblée nationale par le Président du Sénat Alexis THAMBWE MWAMBA, parait comme un déclic qui ouvre à une crise institutionnelle. C'est un préalable à la rupture de la coalition au pouvoir qui a difficile à cohabiter. Le Président du Sénat estime que le chef de l'Etat a violé la constitution de la République en décrétant l'état d'urgence sanitaire. Il affirme qu'il n'en pas été question au menu de leur entretien avec le Président en mars 2020.97(*) Jean-Marc KABUND rétorque que le Président Félix TSHISEKEDI leur avait parlé de sa volonté de décréter l'état d'urgence sanitaire, conformément à la possibilité que lui offre la constitution, celle d'une simple concertation. Du coup, c'est une levée de boucliers. Chaque camp exhibe ses biceps, tout en brandissant la même constitution. THAMBWE MWAMBA annonce la tenue du congrès, Gilbert KANKONDE vice-premier ministre de l'intérieur s'invite au débat en annonçant la fermeture provisoire du palais du peuple afin de faire respecter les mesures d'urgences annoncées par le chef de l'Etat. Voilà un bras de fer qui va faire des victimes. Lors d'une émission sur Top Congo FM, Jean-Marc KABUND a révélé que l'organisation d'un congrès nécessite au moins sept millions de dollars américains. Des affirmations qui auraient irrité son collègue Jean-Jacques MAMBA, député du MLC de Jean-Pierre BEMBA. Celui-ci a exigé des preuves qu'il n'a jamais obtenues, d'où la pétition qu'il a initiée et qui a abouti à la destitution de Jean-Marc KABUND de son poste de premier vice-président de l'Assemblée nationale. Ainsi, une saga politico-judiciaire démarre. Dans son ordonnance sur la requête de Jean-Marc KABUND, le conseil d'Etat avait décidé la suspension de l'élection du successeur de Jean-Marc KABUND en attendant l'arrêt de la cour constitutionnel. Les députés voulant tenter de passer outre la décision du conseil d'Etat, avaient été empêchés par la police d'accéder au palais du peuple. Contre toute attente, la cour constitutionnelle déclare la requête de Jean-Marc KABUND recevable mais non fondée et confirme sa déchéance du poste de premier vice-président de l'Assemblée nationale. * 93 Jeune Afrique « Jeannine Mabunda répond à Félix Tshisekedi sur l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée nationale » www.jeuneafrique.com visité le 25 janvier 2020 à 11h * 94 Idem * 95 Radio Okapi, « Le FCC condamne « les propos outranciers » de Kabund à l'égard de Joseph KABILA » visité le 13 Décembre 2019 à 10h * 96Kabrel, G. Op. Cit. * 97 Politico « inévitable crise » www.politico.cd visité le 01 mai 2020 à 12h |
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