CONCLUSION PARTIELLE
De façon générale, les résultats
nous ont montré une plus grande disponibilité de microorganisme
dans le compost selon les doses de P apportées. La
caractérisation chimique du compost a montré une teneur
très élevée en phosphore par rapport aux autres
éléments (N et K). Les teneurs en NPK plus intéressantes
aux doses de P apportées que le témoin et une faible teneur en
ETM (Pb, Zn, Cd). Ce compost obtenu respecte les normes autorisées pour
la culture du riz. De plus, le processus de compostage a duré au total
62 jours (9ème semaines). Le rendement en matière fine
est plus important dans tous les traitements.
La mesure des différents paramètres (compost,
agronomiques) nous a permis d'évaluer le pouvoir stimulant des
différents phospho-compost comparativement à celui du
témoin. Les résultats obtenus ne sont pas tous statistiquement
significatifs. Selon qu'il s'agisse des paramètres agro-morphologiques
ou de rendement, les doses croissantes de P ont enregistré par endroits
des effets plus ou moins semblables à celui du témoin. À
titre comparatif entre traitements, précisément au niveau des
rendements, le témoin a affiché la meilleure performance au
regard des doses croissantes de P qui a atteint la barre des 1,90 t
ha-1 au niveau du rendement en grain (RDG). Au niveau du rendement
en paille (RDP) le traitement T3 a affiché la meilleure performance au
regard du témoin qui a atteint la barre des 8,18 t ha-1. Les
résultats obtenus feront l'objet de discussion, d'où
l'intérêt du chapitre suivant.
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CHAPITRE VI : DISCUSSION
L'objet de ce chapitre a été d'analyser les
résultats obtenus, de les comparer et les discuter avec des travaux
conduits antérieurement par d'autres chercheurs. En effet, cette
comparaison nous permit de mieux comprendre les différents
résultats obtenus afin de faire ressortir des interprétations
pertinentes.
VI.1 : Impact des caractéristiques du compost sur
la qualité
L'étude de l'évolution de la température
au cours du processus du compostage nous a montré que la
température de départ (la phase mésophile) qui
était très faible et s'est augmenté à partir de 14
jours pour atteindre 34°C. Cette élévation de la
température a été également constatée lors
des études menées par Attrassi et al., (2005), la
température du compost a augmenté progressivement pendant les 15
premiers jours pour atteindre un maximum de l'ordre de 70°C. Misra et
al., (2005) ont montré que la température idéale pour
la phase initiale de compostage est comprise entre 20 à 45°C, comme
constatés dans notre expérience.
La phase thermophile qui a duré 07 jours pendant
lesquels les températures ont augmenté jusqu'à 35°C
et 36°C respectivement pour T1 et T2 n'ont pas permis une
hygiénisation du milieu due aux conditions défavorables de
dégradation de la matière et la hausse de la température,
comme l'on indiquer Jimenez et Garcia (1989). La gamme de température
optimale pour les microorganismes des thermophiles se situe autour de
45-70°C (Berthe, 2007). En effet, durant les semaines suivantes, on a
remarqué une diminution de la température qui passe de 36°C
à moins 33°C.
La phase de dégradation (phase mésophile et
thermophile) est suivie par une période de ralentissement de
l'activité (la phase de refroidissement), pendant laquelle la
température diminue graduellement de jusqu'à 34°C, soit 36
à 62 jours.
La phase de maturation pendant laquelle la température
du compost suit la température ambiante qui est étendue aux
alentours de la 56 et 62 jours pour atteindre une température de
33°C.
Il ressort de ces analyses que la phase thermophile n'a pas
été très active. D'où la faible tendance
quadratique des courbes thermiques. Cela aurait pour conséquence une
réduction de la digestion de la matière probablement organique
due à une faible présence de bactéries thermophiles (ITAB,
2001).
Cependant, on a observé une faible acidité du
compost selon les doses de P alors que le traitement témoin a
affiché la valeur de pH (6,50) la plus élevée. Le
résultat indique que le compost de la paille du riz peut être
utilisé pour tamponner les sols acides. En effet, les radicaux
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organiques (RCOO--) issus de la
décomposition peuvent jouer ce rôle alors qu'ils seraient
neutralisés par les cations (Ca2+, K+,
Mg2+) contenus dans le phosphate naturel couplé à la
formation d'acides phosphoriques (H3PO4). On est tenté de croire en
l'existence d'une phase acidogène autour de 50 à 62 jours avec
décomposition de matériels organiques complexes. Dans cette
logique, une phase alcaline serait attendue à la suite pour avoir :
hydrolyse bactérienne de l'azote avec production d'ammoniac (NH3)
associée à la dégradation de protéines et à
la décomposition d'acides organiques (Haug, 1993 ; Mustin, 1987). Ainsi,
selon Damien (2004), le pH optimal pour le compostage se situe donc vers la
neutralité en fonction de la nature du substrat et de la condition
optimale de vie des microorganismes. Cette assertion a sous-entendu que la
phase de maturation du compost de paille de riz devrait être plus longue
pour une meilleure fourniture en nutriments.
En effet, Franco (2003), affirmait qu'après 7 mois de
compostage il y a diminution du rapport C/N avec une valeur égale
à 14 à la fin du compostage. Ce qui diffère de nos travaux
qui ont montrent des valeurs élevées du rapport C/N sous les
traitements, de T0 (18,95) et T1 (19,76) à la fin du compostage.
Toutefois, cela correspond à 0,01 % N, 0,9 % P et 0,01
% K soient des proportions négligeables selon les quantités de
compost récoltées (4,13 kg - 11,55 kg). Les fertilisants usuels
étant dans l'ordre de 10 %N, 18 % P et 18 % K ou 15-15-15
respectivement. C'est donc à juste titre que le test agronomique a
révélé de faibles rendements (1,5 tha-1) par
rapport au potentiel de la variété cultivée. Toutefois, ce
rendement est dans l'ordre de grandeur de la moyenne en Côte d'Ivoire
(FAO, 2004) justifiant un bénéfice pour le riziculteur qui
utiliserait du compost de paille du riz. En fait, la paille utilisée
contenait 0,08 % P et 0,35 % K en plus de 1,3 % P et 0,02 % K contenus dans le
PN. On devrait donc obtenir une somme de ces quantités dans les
composts. La présence des micro-organismes utilisant les
éléments minéraux comme source d'énergie et la
complexassions de ces nutriments dans les radicaux organiques ont pu justifier
le gap observé (Foster et coll., 1983).
Le rapport C/N est fréquemment utilisé pour
apprécier la stabilité des matériaux organiques selon
certains auteurs la maturité s'observe pour les valeurs en dessous de
15-25 (Roletto et al. 1985 ; Franco 2003). D'après ce
critère le témoin T0 et T 1 étudié ici pourrait
être considéré comme mur.
De ce fait, on retient que c'est le traitement T1 (0,25 kg P)
qui a induit la maturité du compost de la paille de riz (5,44 kg) pour
un rapport de 0,25 kg P : avec 1,5 kg Paille. En toute logique, on admettra que
la maturité adviendra plus vite pour une teneur en P de plus en plus
faible alors qu'elle reste nécessaire pour l'activation du compostage
par comparaison à T0 (témoin).
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Le traitement T1 a été caractérisé
par une plus grande population (396.105) de bactéries
solubilisatrices du P par rapport au traitement témoin
(181.105 bactéries/g compost sec).
Hamdali et al., (2008) ont montré un nombre
important des bactéries solubilisatrices du phosphate dans le
compost.
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