Paragraphe 1 : Le bilan de l'harmonisation
normative
Comme l'on peut le constater, au regard des analyses
effectuées plus haut, l'UEMOA, malgré qu'elle soit
créée récemment, occupe une place
prépondérante dans le processus d'intégration
sous-régionale en Afrique de l'Ouest. Cela est dû à la
volonté et aux ambitions des Etats membres de relever des défis
pour faire face aux problèmes de sa jeunesse. L'existence d'une monnaie
commune explique aussi cette avancée qu'elle connait comparativement aux
autres organisations communautaires africaines. Cependant, ce bilan
élogieux en un quart de siècle d'existence tiré de la
vision prospective307 des Etats membres n'est pas comparable
à celui de l'UE sur la même période. Mais il serait
prétentieux de vouloir dresser un bilan de l'UEMOA. Dans le cadre de nos
réflexions, ce bilan sera limité aux questions relatives à
la formation et à l'accès à un emploi car ces deux
pôles sont les défis qui sont au coeur de la problématique
du développement dans tous les pays du monde. Ces défis de la
formation et de l'emploi sont d'ailleurs communs aux Etats de l'Union et, au
regard de toutes les initiatives prises par l'Organisation depuis sa
création, il est loisible de faire un point notamment sur
l'harmonisation des normes dans ces secteurs (A) et
l'applicabilité de celles-ci (B) dans les Etats.
307 SAWADOGO (Fatoumata), op. cit., p. 143.
76
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
A- Relatif à l'harmonisation des normes
L'intégration dans la communauté de l'UEMOA n'a,
jusqu'à présent, pas donné une impulsion décisive
à la production industrielle et agricole, gage de l'assurance de
créations d'emplois et à l'accroissement de la
productivité et de la valeur ajoutée dans les Etats
membres308. Or, la communauté vise un développement
harmonieux et équilibré de l'Union, et tout Etat membre qui en
tire moins profit que ses partenaires a tendance à s'en
écarter309. Au sein des regroupements de pays en
développement, on note qu'en Afrique de l'Ouest et surtout à
l'UEMOA le cas de la Côte d'Ivoire a une avance de développement
économique sur les autres pays de la communauté. En effet,
l'intégration entre pays inégalement développés
couvre un vaste champ qu'il convient de délimiter. Le clivage entre pays
inégalement développés est défini par
référence à leur revenu par habitant310.
En conséquence, la mise en oeuvre des textes doit
favoriser les Etats membres de façon réciproque en
réduisant l'écart de développement qui existe entre eux
à travers des dispositifs performants. C'est le cas par exemple de
l'harmonisation des textes à travers la création dans chaque Etat
de l'UEMOA des ONEF et la mise en place du cadre de concertation pour une bonne
coordination des activités des observatoires. Dans le domaine social,
notamment dans les secteurs de la formation et de l'emploi, moins de textes ont
été pris par le législateur communautaire. En effet,
seulement trois directives311 ont été
éditées dans le secteur de la formation académique. Aucune
norme ne règlemente le secteur de l'emploi en vue de son harmonisation
dans l'espace UEMOA. Or, à l'UE, il existe une stratégie sur
l'emploi312 puis la directive européenne sur le temps de
travail
308 BEKOLO-EBE (Bruno), op. cit., p. 85.
309 KAMTO (Maurice), op. cit., p. 860.
310 GERARDIN (Hubert), « Les spécificités
des groupements d'intégration entre pays développés et
pays en développement, Monde en développement, 3
N°115-116, 2001, p. 28.
311 Il s'agit de la Directive N° 03/2007/CM/UEMOA portant
adoption du système Licence, Master Doctorat (LMD) dans les
universités et établissements d'enseignement supérieur au
sein de l'Union, (4 juillet 2007) ; de la Directive N° 02/2007/CM/UEMOA
portant instauration d'une période unique de la tenue du
baccalauréat dans les Etats de l'Union, (4 juillet 2007) ; et de la
Directive N° 01/2005/CM/UEMOA sur l'égalité de traitement
des étudiants ressortissants de l'UEMOA dans la détermination des
conditions et des droits d'accès aux institutions publiques
d'enseignement supérieur des Etats membres de l'Union, (16 septembre
2005).
312 La SEE remonte à 1997, lorsque les États
membres de l'UE ont entrepris de fixer un ensemble d'objectifs communs
concernant la politique de l'emploi. Son objectif principal est la
création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité dans
toute l'UE.
77
L'harmonisation des normes relatives à la
formation et à l'emploi dans l'espace UEMOA
(2003/88/CE)313. Le législateur
communautaire européen a aussi mis l'accent sur la directive
emploi314. Cet instrument promeut le droit à tous les
citoyens de l'espace de l'UE d'avoir accès à un emploi sans
aucune discrimination315.
Au regard de tous ces exemples pris dans le giron de l'EU, les
insuffisances normatives remarquées au niveau de l'UEMOA méritent
d'être corrigées. Car, cette défaillance de textes dans le
domaine de l'emploi ne pourra pas permettre à l'Union de satisfaire les
besoins des populations de l'espace. Objectivement, l'emploi est l'un des
éléments essentiels pour garantir l'égalité des
chances pour tous et, contribue dans une large mesure à la pleine
participation des citoyens à la vie économique, culturelle et
sociale, ainsi qu'à l'épanouissement personnel316.
L'on en déduit que les normes dans leur application souffriront
sûrement de quelques carences.
|