3. Essai d'une blockchain privée sur les actes
d'état civil et les divers documents, documents convoités par les
faussaires
438. Corpus d'étude. Pour
déterminer quels acteurs peuvent faire partie d'une blockchain
privée, il faut déjà prendre en considération
les types de documents utilisés par les faussaires. Les actes
d'état civil sont délivrés par les mairies, et sont
inscrits sur les registres d'état civil de chacune des communes, qui
indiquent la date, le lieu et l'heure de naissance, ainsi que le nom et le
prénom du nouveau-né.
439. Or, ces actes nécessitent une surveillance
policière de sûreté publique particulière parce
qu'ils sont utilisés par les faussaires pour obtenir de vrais documents
d'identité, c'est-à-dire pour avoir une légalité de
façade permettant de circuler sur le
483
https://www.geostrategia.fr/comprendre-la-technologie-du-blockchain-quelles-applications-dans-la-defense/
153
territoire. Entrent dans la catégorie des divers
documents : l'attestation d'accueil, l'attestation d'assurance, le certificat
d'immatriculation, le certificat médical et le justificatif de
domicile.
440. Attestation d'accueil. L'attestation
d'accueil d'un étranger « est établie par la personne qui
l'accueillera à son domicile lors du séjour en France
»484, document intéressant pour le faussaire parce qu'il
est mentionné l'adresse de résidence de l'étranger, ainsi
que le nom et le prénom de ce dernier. L'acteur concerné par
l'attestation d'accueil doit délivrer ce justificatif
d'hébergement à la mairie. Un premier lien se crée entre
un acteur privé et un acteur public.
441. Attestation d'assurance. L'attestation
d'assurance peut s'entendre de deux manières différentes. Il
existe l'attestation d'assurance-habitation que le locataire doit
délivrer au bailleur. Il existe aussi l'attestation d'assurance
automobile. Concrètement, « l'assureur délivre au
propriétaire d'un véhicule qui souscrit un contrat une
attestation d'assurance et un certificat d'assurance. Le certificat d'assurance
doit être apposé de manière visible sur le véhicule,
alors que l'attestation d'assurance doit pouvoir être
présentée aux forces de l'ordre en cas de contrôle. Il
existe depuis le 1er janvier 2019 un fichier des véhicules
assurés »485. Deux acteurs donc peuvent être
concernés par les attestations d'assurances : les bailleurs et les
assureurs automobiles.
442. Certificat d'immatriculation. Le
certificat d'immatriculation, ou communément appelé « carte
grise » est obligatoire pour circuler sur la voie publique486.
La demande de la « carte grise » se fait directement auprès du
professionnel qui vend la voiture, c'est-à-dire auprès du
concessionnaire. Le certificat d'immatriculation ne concerne finalement qu'un
seul acteur : le concessionnaire automobile.
443. Certificat médical. Le
certificat médical ne pose aucune difficulté puisqu'il ne
concerne que le médecin généraliste. C'est l'article 441-7
du CP qui réprime l'acte de falsification d'un certificat médical
jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amendes.
484
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2191
485
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1362
486
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/N367
: « Tous les véhicules terrestres à moteur (voiture
particulière, 2 roues et scooter, y compris de moins de 50
cm3, moto, quad, cyclomoteur, tricycle, quadricycle, camping-car,
camionnette, tracteur et autre engin agricole), ainsi que les remorques dont le
PTAC est supérieur à 500 kg (y compris les remorques agricoles),
doivent être immatriculés pour circuler sur la voie publique
».
444.
154
Justification de domicile. La justification
de domicile englobe plusieurs documents : une facture EDF, d'eau ou de gaz, une
facture de téléphone fixe, mobile, ou de forfait/box
d'accès à Internet, un avis d'imposition ou de non-imposition, un
titre de propriété ou une quittance de loyer, une attestation
d'assurance habitation.
445. De cette liste, il en ressort plusieurs types d'acteurs
: EDF, GDF sont des entreprises fournisseuses de services. Les
opérateurs téléphoniques d'accès à un
internet tel que Orange et SFR, pour les plus connus, envoient par courrier ou
par mail en version imprimable une facture de téléphone fixe,
mobile ou de forfait/box d'accès à un internet. La Direction
générale des finances publiques contrôle les individus qui
sont éligibles ou non à l'impôt, et elle délivre par
courrier et par mail des avis d'imposition ou de non-imposition.
446. Le titre de propriété concerne une
personne qui est détenteur d'un bien immobilier et qui a signé un
acte de vente chez un notaire. Donc l'acteur concerné par le titre de
propriété est en priorité le notaire, qui a accès
au cadastre des biens vendus dans son ressort de compétence
territoriale.
447. La quittance de loyer est demandée par le
locataire, uniquement. L'attestation d'assurance habitation est
délivrée au bailleur.
448. Résultats : éligibilité
d'acteurs publics et privés à une blockchain
privée. Voici donc tous les acteurs publics et
privés éligibles à une blockchain privée
inédite de défense et de sécurité publique contre
la falsification d'une multitude de documents servant à établir
un document d'identité de façade : les maires des 36 416 communes
de France, les bailleurs, les locataires, les assurances automobiles, les
concessionnaires automobiles, les médecins généralistes,
les entreprises fournisseuses de services d'électricité, d'eau et
de gaz, les opérateurs téléphoniques, la Direction
générale des finances publiques et les notaires.
449. Surveillance permanente et
généralisée de toutes les données documentaires.
« Le caractère transparent et irréversible
»487 des documents sur la blockchain «
impliquerait alors une situation de surveillance permanente et
généralisée, dans la mesure où l'historique
»488 de tous les enregistrements de documents « est
487 DE FILIPPI (P.), Blockchain et cryptomonnaies, op.cit.,
p. 120.
488 Ibid.
155
librement accessible à tout acteur ayant accès
à la blockchain »489. Cette surveillance
permanente et généralisée de toutes les données
documentaires est certes à la limite d'une police politique, mais elle
est adaptée, nécessaire et proportionnée face à la
menace du trafic de faux documents d'identité sur la
sécurité des biens et des personnes.
450. Une police de renseignement de
consortium. La subtilité de l'idée d'une
surveillance policière généralisée et permanente
réside dans la circulation d'informations sur un réseau relatif
aux différents types de documents avec différents types
d'acteurs. C'est une police de renseignement de consortium sollicitant
des acteurs publics et des acteurs privés dans la lutte contre le crime
de faux et le trafic de faux documents d'identité, dans le respect de la
vie privée de chaque individu. Effectivement, « il est notable que
de nombreuses applications sur la blockchain se confrontent
également à des problématiques de vie privée, dues
au fait qu'une blockchain incorpore une trace permanente et
vérifiable de toutes les transactions effectuées sur le
réseau, depuis sa création »490. Or, « la
plupart des blockchains existantes reposent en réalité
sur des réseaux pseudonymes, où l'identité de chacun n'est
pas forcément définie, mais où il est facile d'identifier
l'ensemble des transactions issue du même compte. Car c'est
là-dessus que repose le fonctionnement (et la sécurité) du
système : la transparence et la traçabilité des
transactions sont nécessaires afin de s'assurer que toute nouvelle
transaction puisse être correctement vérifiée et
validée par tous les membres du réseau »491.
451. Ainsi, les différents acteurs échangeant
des informations constantes sur des documents peuvent transformer
l'identité de chaque individu en pseudonyme, auquel cas la clé de
chiffrement accessible à tous les acteurs luttant contre la
falsification de faux documents d'identité ne contiendra pas les
éléments d'identité de tous les individus inscrits au
registre de l'état civil et sur les ordinateurs des différents
autres acteurs. Chaque acteur pourra avoir accès à
l'intérieur de cette clé à un déchiffrement de
toutes les données des individus, en vue de surveiller
l'authenticité des données inscrites sur la
blockchain.
489 Ibid.
490 Ibid.
491 Ibid., p. 119.
452. Donc, la mise en place d'une surveillance
policière de consortium sur la traçabilité et la
sécurisation des documents des citoyens avant leur délivrance par
une administration répond à une transformation de l'ordre
politique de notre société492, dans le but unique de
s'adapter efficacement à l'éparpillement massif des faussaires
dans le monde entier. Cette politique de défense intérieure de
prévention avant la remise d'un document d'identité officiel
semble donc proportionnée à la gravité du trafic
international de faux documents d'identité.
453. Transition vers la nécessité
d'éradiquer la corruption des agents administratifs. Pour que
les « blockchains de consortium »493 de
surveillance sur la vérification de l'authenticité des documents
d'identité se mettent en place à l'échelle nationale dans
un premier temps, et au niveau européen dans un second temps, il faut
d'abord éradiquer la corruption des agents administratifs - pièce
maîtresse de la délivrance de documents de voyage à partir
de fausses déclarations- en provenance de pays tiers vers les pays de
l'Union européenne, qui sévit au sein des Ambassades et des
Consulats.
B) L'utilisation de la blockchain privée
dans la vérification de la probité des agents diplomatiques
délivrant des documents d'identité et de voyage
454. Faire appel aux agences anticorruptions.
Les agences anticorruptions exercent une surveillance policière
sur les agents administratifs de consortium (1), ce qui permet de
vérifier la probité des agents diplomatiques étrangers
corruptibles par l'outil technologique de la blockchain privée
(2).
492 Ibid., p. 121.
493 Ibid., p. 66.
156
157
1. Une coopération policière internationale
de surveillance sur les agents administratifs corruptibles possible
grâce aux agences anticorruption
455. Perspectives. Certes le
mécanisme de la blockchain privée permet « de
dissuader les individus mal intentionnés avec une structure de
coût qui rend toute tentative de fraude ou de corruption
extrêmement coûteuse - aussi bien en termes de temps que
d'énergie »494, mais ces blockchains
privées qui concernent un plus petit nombre acteurs peuvent
être plus « facilement manipulées par un ou plusieurs d'entre
eux »495, et notamment par les agents administratifs. Pour que
le mécanisme de la blockchain puisse trouver une
sécurité sur le plan international, il convient de voir quelles
sont les forces policières françaises et internationales en
présence pour lutter contre la corruption des agents administratifs,
intermédiaires des trafiquants de faux documents d'identité.
456. Dégâts actuels de la corruption des
agents publics et une surveillance policière interétatique
limitée. La raison de la mise en place d'une surveillance
policière sur les administrations qui délivrent des faux
documents d'identité est la suivante : « rien qu'en Europe, pour
les vingt-huit États de l'Union européenne, le coût annuel
de la corruption est évalué par la Commission européenne
à 120 milliards d'euros, soit 1 % du PIB (Rapport publié le 3
févr. 2014). Effarants et affligeants constats. Le site internet
d'Interpol [...] résume parfaitement la nocivité du fléau.
La corruption [...] entame la confiance dans les institutions et les
autorités. Elle fait également le jeu de la criminalité
transnationale. Les organisations criminelles bénéficient de la
complicité d'agents publics corrompus pour mener à bien leurs
activités illégales. La corruption est une question
particulièrement préoccupante pour les polices et les
autorités judiciaires du monde entier dans la mesure où son
existence dans un seul pays peut compromettre toute une enquête
internationale »496.
494 Ibid., p. 64.
495 Ibid., p. 67.
496 JEANDIDIER (W.), « Corruption et trafic d'influence
», Rép. pén., 2014, n° 2.
457.
158
Or, « lutter véritablement contre la corruption
internationale nécessite un dispositif de coopération judiciaire
efficace »497. Cela passe nécessairement par une
surveillance policière interétatique pour éradiquer la
corruption des agents publics étrangers dans les ambassades et les
consulats. En ce sens, « l'Appel de Genève du 1 octobre 1996
signale la nécessité de la coopération judiciaire pour
lutter efficacement contre la corruption »498. Mais ce
mécanisme de coopération étatique se limite au principe de
territorialité et de souveraineté de chaque Etat, ce qui
atténue considérablement son application
opérationnelle.
458. Alternative proposée : surveillance
policière établie par les agences de contrôles.
C'est pourquoi, une coopération policière de
surveillance ne sera efficace que si elle est mise en place par des agences de
contrôles qui ont vocation à détecter les faits de
corruption au sein des administrations publiques499.
459. Cas français. La police de
surveillance des agents administratifs situés sur le territoire national
relève de l'Agence française anticorruption (AFA), ayant un
pouvoir de contrôle et de sanction sur ces individus. Or, l'AFA «
participe activement aux travaux des organisations internationales dans le
domaine de la lutte contre la corruption »500. En ce sens, un
représentant de l'AFA siège dans plusieurs instances
internationales de lutte contre la corruption : le Groupe d'Etat contre la
corruption501, l'ONUDC502, l'Organisation pour la
coopération et le développement économique503,
au G7 et au
497 FITZGERALD (P.), Les dispositifs juridiques
internationaux de lutte contre la corruption des agents publics
étrangers, Thèse, Université de Toulon, 2011, p.
241.
498 ROBERT (D.), La justice ou le chaos, Paris, Stock,
1996, p. 331.
499 L'article 1er de la loi n° 2016-1691 du 9
décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte
contre la corruption et à la modernisation de la vie économique
impose à l'Agence française anticorruption « d'aider [...]
les personnes qui y sont confrontées à prévenir et
à détecter les faits de corruption, de trafic d'influence, de
concussion, de prise illégale d'intérêt, de
détournement de fonds publics et de favoritisme ».
500
https://www.economie.gouv.fr/afa/laction-internationale-0
501 Ibid : « Le Groupe d'États contre la
corruption (GRECO), organe de suivi de la mise en oeuvre des deux Conventions
du Conseil de l'Europe contre la corruption : la Convention civile sur la
corruption du 4 novembre 1999 et la Convention pénale sur la corruption
du 27 janvier 1999. Le GRECO, qui regroupait au 24 août 2017 49 Etats,
dont certains non-européens, contribuent, par un processus dynamique
d'évaluation et de pression mutuelle par les pairs, à identifier
les lacunes dans les législations et les politiques nationales et
recommandent les réformes nécessaires pour y remédier
».
502 Ibid : « L'AFA est chef de
délégation au sein du groupe de travail de l'ONUDC sur la
prévention de la corruption ».
503 Ibid : « Le groupe de travail de l'OCDE
chargé de suivre l'application de la Convention de l'OCDE sur la lutte
contre la corruption d'agents publics étrangers dans les transactions
commerciales internationales du 17 décembre 1997, signée par
quarante-et-un Etats, dont six non-membres de l'OCDE. Différents autres
groupes de travail de l'OCDE traitant à titre principal ou accessoire
d'intégrité dans la gestion des affaires publiques et
privées (Senior Public IntegrityOfficers, Leading Practioners in
PublicProcurement,
159
G20504. Elle coopère à « la
réflexion de la Commission européenne sur les questions de
corruption (ateliers organisés par la Direction générale
chargée des Affaires intérieures - Bureau de la lutte contre la
criminalité organisée). En outre, elle est l'un des points de
contact national du réseau de coopération judiciaire de l'Union
européenne Eurojust. L'AFA a également rejoint les réseaux
European Partners against Corruption (EPAC) et European
contact-point network against corruption (EACN) »505.
« L'Agence est identifiée par l'Association internationale des
autorités anticorruption comme autorité française
anticorruption de référence »506.
460. Cas mondiaux. De plus, il existe
d'autres dispositifs anticorruptions exercés par plusieurs
autorités dans le monde. Il est primordial de les citer.
461. Il existe des autorités anticorruption au sein
des pays membre du Conseil de l'Europe - Albanie, Allemagne, Andorre,
Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belarus, Belgique,
Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne,
Estonie, Etats-Unis d'Amériques, Finlande, Géorgie, Grèce,
Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie,
Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco,
Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal,
République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin,
Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie et
Ukraine507.
462. Il existe des autorités anticorruptions au sein
des pays d'Afrique du Nord : Algérie, Egypte, Lybie, Maroc et
Tunisie.
DevelopmentAidCommittee Anti-Corruption Task Team, Eastern
and Central Asia Anticorruption Network, Middle East and North African Network)
».
504 Ibid : « L'AFA concourt également
à l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies et
mesures anticorruption dans le cadre des principales instances de
coopération intergouvernementales. Elle participe spécialement
aux travaux du Groupe des sept (« G7 ») et du Groupe des vingt
(« G20 »), rassemblant les principales puissances économiques
de la planète. L'AFA participe ainsi aux discussions en cours au sein du
G7 visant à définir des critères et des indicateurs
pertinents permettant de mesurer le niveau de corruption dans un pays ou un
environnement donné. En tant que membre du groupe de travail
anticorruption du G20, l'AFA contribue par ailleurs à définir et
mettre en pratique les plans d'action anticorruption adoptés au plus
haut niveau politique. Le plan d'action pour 2017-2018 a notamment pour
objectifs de poursuivre et intensifier les efforts des principales nations
commerciales en vue de renforcer les mécanismes de coordination internes
entre autorités chargées de lutte contre la corruption, favoriser
la transparence s'agissant des bénéficiaires effectifs des
entités juridiques, promouvoir une culture d'intégrité et
de transparence dans les secteurs public et privé, développer des
bonnes pratiques applicables aux secteurs particulièrement
exposés ».
505 Ibid.
506 Ibid.
507
https://www.economie.gouv.fr/afa/autres-dispositifs-anticorruption-a-travers-monde
463.
160
Préconisation d'une politique de transparence
entre les autorités anticorruption. Ainsi, de nombreux pays
sont concernés par la lutte contre la corruption, mais rien ne semble
indiquer de son effectivité à l'encontre des agents
administratifs qui participent à la délivrance des faux documents
d'identité, notamment des faux passeports et faux visas Schengen. Pour
sécuriser les ambassades et les consulats, une politique de transparence
doit être mise en place avec les autorités anticorruption des pays
membres du Conseil de l'Europe et des pays d'Afrique du Nord.
464. Transition. Cette politique de
transparence sera possible encore une fois par la technologie de la
blockchain qui permettra de tracer la probité du comportement
de chaque ambassadeur ou consul avant la délivrance d'un document
d'identité ou de voyage.
2. La recherche d'une probité entre les agents
diplomatiques étrangers corruptibles possible par l'utilisation d'une
blockchain privée entre les différentes autorités
anticorruption
465. Continuité de la loi Sapin II.
Afin de s'assurer de la probité de tous les ambassadeurs et de
tous les consuls à l'échelle internationale, il convient de
suivre l'esprit de la loi Sapin II relative à la lutte contre la
corruption et à la modernisation de la vie économique, qui a
créé l'AFA. Cette loi concerne les agents publics et les
élus locaux. Or, la surveillance policière appliquée au
trafic de faux documents d'identité concerne les agents diplomatiques
situés dans les ambassades et dans les consulats. Pour assurer une
surveillance policière effective sur leur probité, l'utilisation
de la technique de la blockchain est la plus appropriée parce
qu'il n'existe actuellement aucune autre méthode alternative
efficace.
466. Nécessité de s'inspirer de la
transparence du réseau diplomatique français pour les agences
anticorruptions. A titre liminaire, il faut s'inspirer de la politique
de transparence entreprise par la France qui publie la liste des ambassadeurs
et des consuls sur le site « France diplomatie ». « En juillet
2017, le réseau diplomatique français comptait
cent-quatre-vingt-deux ambassadeurs et quatre-vingts consuls et consuls
généraux »508, avec la liste de leurs noms, leurs
pays d'affectation ainsi que leur
508
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/annuaires-et-adresses-du-ministere-de-l-europe-et-des-affaires-etrangeres/ambassadeurs-et-consuls-en-poste/
161
grade. Cette méthode doit être reprise par les
autorités anticorruption présentes au sein des pays membres du
Conseil de l'Europe et de l'Afrique du Nord précédemment
cités, luttant contre la corruption, par le Groupe d'Etat contre la
corruption, par l'ONUDC, par l'Organisation pour la coopération et le
développement économique, par la Direction générale
chargée, par Eurojust, par European Partners against Corruption
et European contact-point network against corruption.
467. Registre privé de
référencement de l'identité de l'ensemble des ambassadeurs
et des consuls. Une surveillance policière sur la
probité des agents diplomatiques n'aura de sens que si les
différentes autorités citées mettent en oeuvre un registre
de référencement de l'identité de tous les ambassadeurs et
tous les consuls de manière décentralisée,
certifiée et incorruptible, à l'intérieur d'une
blockchain privée. L'information sur les noms, les
prénoms, les grades, et les pays d'affectation ne pourra plus être
effacée ni modifiée. C'est un pouvoir dissuasif indéniable
empêchant des « pots-de-vin ».
468. Transparence et traçabilité sur la
délivrance d'un document officiel. Chaque autorité de
contrôle exécutera une mission de vérification sur la
probité des agents diplomatiques, et elle délivrera une
clé de chiffrement avec le nom, prénom et le pays d'affectation
de l'ambassadeur ou du consul dans le but de mettre en place une transparence
et une traçabilité sur une délivrance légale d'un
document d'identité et de voyage (passeports et visas). La mise en place
d'une blockchain recensant les noms des ambassadeurs et des consuls
des pays du Conseil de l'Europe et des Pays d'Afrique du Nord permettra
d'estomper l'infraction de l'obtention indue de vrais documents de voyage
à partir de fausses déclarations.
469. Sanction pénale de l'agent diplomatique
en cas de tentative de fraude. En cas de « tentative de fraude
»509, l'agent diplomatique pourra être exclu des acteurs
concernés, et sanctionné pénalement par les juridictions
du pays auquel il appartient. En conservant ce volet-là, il n'existerait
aucune atteinte au principe de la territorialité et
d'extraterritorialité, ni au principe de la souveraineté,
principes directeurs du droit international.
509 DE FILIPPI (P.), Blockchain et cryptomonnaies, op.cit.,
p. 67.
470.
162
Transition. Cependant, s'il est impossible de
prévenir l'infraction d'obtention indue d'un document d'identité
réalisé par un ambassadeur et/ou un consul étranger, la
réponse pénale passera par l'établissement d'une «
police de visas à distance » sur les agents diplomatiques
situés exclusivement dans les pays tiers à l'Union
européenne.
II. Une surveillance policière européenne de
visas à distance sur les agents diplomatiques délivrant de faux
visas Schengen situés dans les pays non-membres de l'Union
européenne
471. Perméabilité et
nécessité. Il existe une politique commune de
surveillance de visas perméable actuellement sur les agents
diplomatiques qui délivrent de faux visas Schengen situés dans
les pays tiers (A), c'est pourquoi une refonte du système Visas
Information Schengen (VIS) est nécessaire (B).
A) Une politique commune de surveillance de visas actuelle
perméable sur les agents diplomatiques délivrant de faux visas
Schengen situés dans les pays tiers
472. Le premier filtre administratif à distance se
montre perméable sur la surveillance des agents diplomatiques qui
délivrant de faux visas Schengen situés dans les pays tiers (1),
ce qui permet d'affirmer que le système VIS actuel n'est pas abouti
(2).
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