3- Analyse reflexive du stage
Une expérience professionnelle dans une institution
comme ONU HABITAT permet d'avoir une vision transversale des questions
urbaines. En effet j'ai pu durant le stage aborder plusieurs thématiques
au delà de la restructuration de l'habitat précaires. Il a
été question de formuler un programme de développement
territorial des pôles urbains des fleuves Sénégal et Gambie
en partenariat avec l'OMVS (Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve
Sénégal). Il a été également question de
suivre entre autres un programme d'amélioration et de promotion de
l'éco-construction au Sénégal à travers une
intégration des concepts de durabilité dans le code de la
construction du Sénégal. Ces diverses thématiques montrent
à quel point l'urbanisme est une question transversale et
nécessite une vision politique préalable pour que les
stratégies puissent être déclinées et les projets
formulés. A ce propos, ONU HABITAT s'inscrit davantage dans l'appui
technique aux institutions et projets nationaux que dans le simple financement
de ces projets en tant que bailleur. Raison pour laquelle il est
nécessaire que les partenaires soient réactifs pour leur part aux
différents niveaux d'intervention. Réactivité qui n'est
pas souvent au rendez-vous de même que la rigueur dans l'exécution
de certaines activités.
Cependant des difficultés liées aux conditions
pratiques du stage sont à relever. De manière synthétique
elles peuvent être résumées ainsi :
- Manque d'outil de communication pratique et efficace
(intranet, Webmail, téléphone fixe) : Les moyens de communication
représentent un facteur décisif dans toute structure dans la
mesure où ils facilitent la coordination des activités et par
conséquent l'efficacité de l'action publique. Certains services
ne disposant pas de téléphone fixes, les échanges se
faisaient par téléphone mobile généralement.
- Manque de réactivité des correspondants lors
d'échanges de mails ;
- Coupures intempestives d'électricité : cette
question de l'énergie très sensible est en quelque sorte le
défi permanent des régimes qui se succèdent au
Sénégal. Les coupures d'électricité sont un facteur
de frustration et de ras-le-bol social dans la mesure où elles
handicapent sérieusement l'activité économique et elles
jouent un rôle non négligeable dans le confort des
ménages.
- Coupure fréquentes de la connexion internet et wifi
;
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- Questions de ponctualité lors des rendez-vous : c'est
un défaut bien ancré dans les habitudes des uns et des autres au
Sénégal. Les retards (des autorités
généralement) dans le démarrage de certaines
activités pèsent énormément sur leur
efficacité.
- Changements institutionnels (limogeage du directeur de
l'urbanisme) qui fait traîner les projets en cours en partenariat avec la
direction de l'urbanisme : sur ce dernier point, l'instabilité
institutionnelle au niveau de l'administration centrale est à fustiger.
En effet, il est fréquent que l'interlocuteur change suite à un
réaménagement des postes et que la nouvelle équipe mette
beaucoup de temps à comprendre et à intégrer les enjeux et
processus déjà en cours. Même si le noyau administratif ne
change pas, les chefs de services peuvent avoir des sensibilités et une
implication différente de celles de leur prédécesseur.
Le métier d'urbaniste est assez peu connu au
Sénégal. Et cela s'explique pour plusieurs raisons.
Premièrement il n'y a pas d'école d'urbanisme à Dakar et
les seuls urbanistes encore au ministère de l'urbanisme (dont la plupart
sont aujourd'hui en retraite) ont été formés en France
à la fin des années 1980 avec des bourses du gouvernement
sénégalais. Deuxièmement il y a très peu de
cabinets d'urbanisme au Sénégal et ce sont les architectes et
ingénieurs en génie civil qui font généralement le
travail de l'urbaniste même si le résultat n'est pas souvent
à la hauteur des attentes en termes d'approche systémique. Il ne
fait nul doute que pour un urbaniste dans un pays en développement il y
a du travail et un travail conséquent à faire pour
améliorer ce qui peut l'être. La profession d'urbaniste
évoque chez les gens que je côtoie, la personne qui pourra mettre
de l'ordre dans l'anarchie qui règne dans l'occupation de la voie
publique, l'irrégularité de la trame urbaine, l'occupation des
trottoirs par les commerçants, l'absence d'espaces verts, la
récurrence des inondations, la congestion à Dakar...
Le constat d'une nécessaire planification de nos villes
n'échappe à personne. Sachant que d'ici 15 ans les citadins
représenteront 50% sur le continent africain, les défis pour les
autorités locales en matière de planification, de
réalisation d'infrastructures et de services urbains sont à
prendre très au sérieux et surtout anticiper.
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