2.3- La cherté des prix des matériaux de
construction
Les coopératives d'habitat ainsi que les particuliers
qui souhaitent construire leur maison, subissent le contrecoup des prix
très élevés des matériaux de construction. Cela
induit nécessairement une répercussion sur le prix des loyers
dans les aires urbaines, un recours plus important aux matériaux de
récupération ou de moindre qualité dans les quartiers
d'habitat précaire. Cela induit également une mise en friche de
beaucoup de terrains par leur propriétaire lorsque les capacités
financières ne permettent pas l'achat des matériaux de
construction. Enfin dans le paysage urbain à Dakar les maisons à
moitié achevées sont omniprésentes et celles-ci deviennent
souvent habitées dès que les conditions minimales fonctionnelles
sont réunies. L'enduit extérieur, la peinture et le carrelage
attendront. On peut en tirer la conclusion selon laquelle le prix des
matériaux de construction malgré la venue de deux autre
producteurs de ciment au Sénégal (Cimenteries de Sahel et Dangote
en plus de la SOCOCIM), reste élevé pour des personnes à
revenus modestes. Raison pour laquelle, la politique de l'État pour
promouvoir l'habitat social en faveur des classes défavorisées
manque souvent de cohérence. La demande ne cesse d'augmenter, dans un
contexte où il est de plus en plus difficile d'accéder à
un logement.
2.4- Les lenteurs dans la régularisation
foncière
Le secteur du logement urbain est aussi marqué par la
présence et l'intervention d'une multitude d'acteurs institutionnels aux
logiques d'opération différentes en plus de pratiques corruptives
signalées. A travers les Ministères chargés de l'habitat,
de la construction et de l'hydraulique, de l'urbanisme et de l'assainissement,
de l'économie et des finances, ce ne sont pas moins de 12 directions
centrales qui jouent des rôles clés dans les processus de
production
17 N HABITAT, profil du secteur du logement au
Sénégal, 2012
51
et d'affectation du foncier et du logement. Cette
fragmentation explique en grande partie les lenteurs (voir tableau 3),
l'explosion des coûts de régularisation, le défaut
d'application des lois et règlements, et l'existence des pratiques
informelles. En effet, une opération de promotion immobilière
initiée par une coopérative d'habitat peut prendre 5 ans pour
être menée à terme.
Tableau 3 : Exemple de décompte des lenteurs
administratives dans la promotion immobilière18
Actions
|
Durée
|
Identification du site
|
1 mois
|
Certificat d'urbanisme
|
1 mois
|
Autorisation de transaction
|
1 mois
|
Avant-projet architectural
|
2 mois
|
Permis de construction préalable
|
2 mois
|
Permis de construire
|
6 mois
|
Plan des réseaux de viabilisation
|
2 mois
|
Dossier d'exécution
|
2 mois
|
Plans de béton armé
|
1 mois
|
Appels d'offres
|
2 mois
|
Agrément du programme immobilier
|
2 mois
|
Visa des plans de réseau par les sociétés
concessionnaires
|
2 mois
|
Passation des marchés
|
1 mois
|
Déclaration d'ouverture de chantier
|
1mois
|
Cumul avant travaux
|
26 mois
|
Durée des travaux
|
14 mois
|
Procès-verbal de réception
|
3 mois
|
Cadastre
|
Parcellaire
|
SONES
|
Réseau d'adduction d'eau
|
SENELEC
|
Réseau d'électrification
|
TP Cap vert
|
Voirie
|
ONAS
|
Réseau d'assainissement
|
Certificat de conformité urbanisme
|
1 mois
|
Autorisation de morcellement des parcelles
|
2 mois
|
Autorisation de transactions avec les acquéreurs
|
6 mois
|
Création des titres fonciers individuels
|
6 mois
|
Exonération décennale du foncier bâti
|
2 mois
|
Cumul après travaux
|
20 mois
|
18 Source: Fall, 2009
52
|