1.3. INSCRIPTION DE L'OBJET D'ETUDE EN CRIMINOLOGIE
Pour Lupitshi Wa Numbi (2019 :
8), « l'objet d'étude envisagé doit trouver une
bonne place dans la discipline d'appartenance, pour notre cas d'espèce
la criminologie. Sinon on peut évoluer hors discipline. Donc le
thème à traiter doit avoir un lien avec la discipline
scientifique dans laquelle on évolue ».
D'une manière générale, la
compréhension et l'élucidation des situations-problèmes
s'inscrivent dans deux paradigmes criminologiques : celui du passage
à l'acte et celui de la réaction sociale.
Dans le premier cas, le crime existe en soi et le point focal
c'est « l'individu ». On l'appelle aussi
« l'étiologie du crime parce qu'il étudie les facteurs
ou les causes de la délinquance du passage à l'acte. Et dans le
deuxième cas, le crime n'existe pas en soi, il est le produit de la
construction juridique.
Notre objet de recherche a une place en criminologie dans le
sens où les pratiques que les acteurs effectuent sur la mine sont
criminalisées par la législation congolaise et par les
règlements internes de l'entreprise MMG. Parmi les pratiques
problématiques nous pouvons citer le vol et recel des substances
minérales, l'achat et la vente illicite des substances minérales,
le transport illicite des substances minérales, la détention des
substances minérales et le vol des autres biens de l'entreprise, des
menaces et des agressions, etc.
En outre la législation minière congolaise
autorise les opérations minières et/ou de carrières qu'aux
seules personnes détentrice d'une carte d'exploitant artisanal dans une
zone minière agrée. (Code minier de 2018, art.5 et art
300-304).
1.4. PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
Selon Quivy et VanCampenoudt (1995 : 21-35), nous avons
deux approches d'une problématique : La première consiste
àfaire le point des diverses approches du problème et
élucider leurs caractéristiques essentielles de base.Et la
seconde conçoit la problématique comme le principe d'orientation
théorique de la recherche, elle est l'approche ou la perspective
théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème
posé par la question de départ.En d'autres termes, la
problématique estl'angle théorique adoptée pour approcher
un objet d'étude, elle constitue le socle théorique de la
recherche.
Pour rendre intelligible les interactions que les acteurs
impliqués entretiennent sur le site minier, nous avons mobilisé
deux approches théoriques que nous avons trouvé pertinentes
à savoir : la grille de l'acteur et le système de MICHEL
Crozier & Erhard Friedberg etla théorie de l'interactionnisme
symbolique selon David Le Breton.
1.4.1. Grille de
l'acteur et le système (Michel Crozier & Erhard Friedberg)
Est acteur tout individu ou groupe d'individu qui participe
à une action.Il est donc engagé dans un système
d'action concret et doit découvrir, avec la marge de liberté
dont il dispose, sa véritable responsabilité (p. 388).
Dans le cadre de notre objet d'étude, l'entreprise
minière MMG est constituée d'une diversité de personnes
(des employés et les contractants), elle est affrontée a des
diverses formes d'intégration des comportements des acteurs tant
internes qu'externes dont chacun a ses objectifs a atteindre. Pour certains
acteurs, particulièrement les creuseurs clandestins, meme s'il faut
changer la manière de faire, le recours à la miniapplication ou
à la négociation(le contrat) avec les agents de
sécurité est un atout fondamental(Crozier et Friedberg,
1977 : 24).
Par cette grille, nous essayons de comprendre que les
relations entre les agents de sécurité et les creuseurs
clandestins sont interdépendante et réciproque ; chaque
personne a une influence sur l'autre étant donné que, d'une part,
les agents de sécurité détiennent le pouvoir
d'accès et de sortie sur la mine et les ressources (biens) qui y sont,
et les creuseurs clandestins ont le pouvoir d'achat et monétaire d'autre
part.Et pour y arriver, ils engagent une coopération et
négociation en vue d'atteindre leurs objectifs. Crozier et Friedberg (P.
204) soutiennent que « les problèmes de coopération (et
donc d'intégration) des acteurs sociaux poursuivant des objectifs
multiples, et d'incertitude liée au caractère
indéterminé des ressources (technologiques, économiques)
seraient redéfinis et résolus en vue de l'amélioration des
résultats. Car il n'y a pas d'actions sans relation ou sans pouvoir.
De ce fait, cette relation n'est possible quesi l'un de membre
d'un groupe dispose des ressources disponibles (possibilités
d'accéder ou de sortir sur la mine que les gardes doivent assurer aux
creuseurs, et la motivation financière que les creuseurs clandestins
possèdent) que chacun dispose pour accomplir ses besoins sans
intermédiaire d'une autre personne mais face à face.C'est dans
cette logique que Crozier et friedberg : (1977 : 65) soutiennent
qu'au cours des interactions entre les acteurs, le pouvoir est une
possibilité pour certains individus ou groupes d'individus d'agir sur
d'autres. C'est une relation d'échange et de négociation entre
les acteurs sur un but qui n'est pas transitive (elle est directe, pas
d'intermédiaire), et qui est réciproque.
En outre, les interactions entre les acteurs internes du site
minier (agents de sécurité et d'autres employés et
contractants de MMG) et les acteurs externes(les habitants des villages
environnants le site minier, en l'occurrence les creuseurs) sont fonction de
quatre sources Crozier et Friedberg (p. 66) énumèrent comme
fondamentales que les acteurs possèdent pour accomplir leurs besoins
matériels ou financiers. Parmi ces sources des interactions nous
avons : 1).La possession d'une compétence ou d'une
spécialité pour les acteurs, 2). Les relations entre
l'organisation et son environnement, 3). Le contrôle de la communication
interne et 4). L'utilisation des règles organisationnelles (les
règles sont en quelques sorte un couloir pour les acteurs d'accomplir
leurs besoins que nous aurons à démontrer dans le résultat
de la recherche).
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