3.4. STRATEGIES DES ACTEURS
Dans cette partie, nous démontrons d'une part les
méthodes des contournements que les creuseurs clandestins mobilisent
pour pénétrer ou sortir dans la mine, et les stratégies
que les agents de sécurité mobilisent pour empêcher les
intrusions et également les mécanismes pour entretenir leurs
relations avec les creuseurs clandestins lorsque ces derniers les menacent ou
les agressent sur le site minier d'autre part. À l'issu des
entretiens,nous avons ressortiles stratégies utilisées par les
creuseurs et les agents de sécurité de l'entreprise en
question.
Robert Agnew, cité par Gariepy (1947 : 81)
soutient dans le même cadre d'idées que, « Lorsque les
voies légitimes du succès et de la réussite paraissent
bloquées, il en résulte chez l'individu un état de tension
qui peut dégénérer en comportements illicites. Certains
individus choisissent alors de se joindre à des pairs délinquants
qui partagent leurs valeurs et de rejeter la société qui,
à leurs yeux, ne les accepte pas.
3.4.1. Les stratégies des creuseurs clandestins
L'entreprise MMG a érigéune tranchée pour
empêcher que les creuseurs clandestins accèdent facilement dans le
site minier. Autour de cette tranchée, il ya des fils barbelés.
Mais il se faitque ces derniers mobilisent aussi leurs stratégies et
mécanismes pour la contourner. Voyons dans les lignes qui suivent
quelques stratégies que les creuseurs clandestins mobilisent pour
accéder ou sortir dans la mine.
1. Le contournement via le trench (la
tranchée)
· La création des escaliers
Dans la tranchée, les creuseurs clandestins ont
créé des escaliers dans la tranchée dans certains endroits
du site, en l'occurrence au secteur de la mine pour leur permettre de sortir
facilement avec les biens qu'ils ont volés. Hormis la création
des escaliers, ils ont également coupé les fils barbelés
qui sont autour du trench (Cfr figure N° 06 & 08). Le
grand problème avec cette tranchée est qu'elle a
été creusée sous forme verticale avec la vision selon
laquelle si une personne tombe dedans, qu'elle ait la possibilité de
s'en sortir facilement. Cependant, ladite vision est devenue un canal par
lequel les creuseurs clandestins arrivent à atteindre leurs objectifs
(Cfr figure N° 06).
Le creuseur TANGO explique en ces mots :
« tunesha ku chimbula ma escalier mu trench, ata kama
tuko na charge ya dje tunapitaka paka, ma fuashi ingine tunapangaka maibue
munene ndjo tuna toka bien ».
La traduction française
« Nous avons déjà creusé
des escaliers dans la tranchée,même si nous avons n'importe quelle
charge, on passe toujours, dans certains lieux noussuperposent les grosses
pierres ».
· La création d'un pont
Cette technique s'applique pendant la période
pluvieuselorsque la tranchée est remplie des eaux de
pluie.Elleconsistepour les creuseurs clandestins àmettre des planches
sur la trachée sous forme d'un pont qui va leur permettre de traverser.
Il est à noter que pendant la période pluvieuse, les creuseurs
clandestins portent très souvent des bottines de joueurs pour se
protéger contre les glissements.
Le creuseur KK enrichit
« Wakati ya mvula mayi inayalaka sana mu
tranchée, pale tunapangaka ma mbaho sa kilalo ndjo tunatambuka na bintu
bietu ».
Ce qui veut dire en français :
« Pendant la période pluvieuse, la
tranchée est remplie de l'eau, nous mettons des planches sur la
tranchée sous forme d'un pont pour traverser ».
· La chasse au garde ou la surveillance du
surveillant
Comme la tranchée est un couloir principal par lequel
les creuseurs clandestins pénètrent et sortent dans la mine, ils
ont tendance à surveiller la position ou le mouvement des gardes en
se cachant dans les herbes; une fois qu'un des gardes est distrait, ils en
profitent pour entrer ou sortir de la mine.
· L'application de la force
majeure
Le creuseur clandestin KK explique en ces termes :
« Umu mu usine muko ma ndjiya ya mingi, kama
tunona motoka ya intervention tunafuchamaka mu pori ju bo abengiyakemo, hao
kamaba garde bekonatufuata, ...soit tutanzatubatupa
mayibue ».
Ce qui veut dire en français :
« Il y a beaucoup d'itinéraires dans la
mine, si nous voyons le véhicule d'intervention, nous nous cachons dans
la forêt parce qu'eux n'accèdent pas là-bas soit s'ils nous
poursuivent, ...soit on va les lancer des pierres ».
La force majeure consiste pour les creuseurs clandestins de se
débrouiller d'une autre manière au moment où ils sont
poursuivis par une équipe d'intervention sur le site minier.Devant cette
situation, ils vont s'enfuir et se disperser dans la forêt.
L'application de cette stratégie demande une connaissance
géographique du site. En outre, la force majeure consiste pour les
contentieux à agresser et à lancer les projectiles aux gardes et
l'équipe d'interventions des projectiles.
· La négociation et la
renégociation
La négociation est l'une des stratégies que les
creuseurs clandestins mobilisent pour sortir ou accéder dans la mine, en
s'arrangeant avec les gardes en place. Elle permet aussi aux creuseurs
clandestins de négocier avec les gardes lorsqu'ils sont
arrêtés par ces derniersou parune équipe d'intervention
afin qu'ils ne soient pas mis à la disposition du parquet de Kipushi.
Un creuseur clandestin s'explique :
« ...kama tuko ba mingi, tuna tumaka chef
d'equipe njo atasumburiya nabo, kishakupatana nabo tunabatshiya kiloko ile tuko
nayo njo tunatoka ».
Ce qui veut dire en français :
« Si nous sommes nombreux, le chef
d'équipe doit causer avec les gardes, s'ils terminent on va leur donner
quelque chose ».
La renégociation s'applique lorsqu'à leur sortie
ils trouvent un autre agent de sécurité dans le couloir où
ils étaient entrés ou lorsqu'ils changent les itinéraires.
C'est-à-dire en entrant, un groupe des creuseurs clandestins peut
s'arranger avec un garde en lui donnant l'argent afin qu'ils accèdent
dans la mine, mais à la sortie ils se rendent compte que le garde avec
quiils se sont arrangés a été muté dans un autre
poste, ils vont engager une renégociation avec le nouveau agent afin
qu'ils puissent sortir.
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