2.3. Financements publics, des spécificités
en milieu rural
L'étude de la FEDELIMA en 2009 sur les Lieux de
Musiques actuelles en milieu rural, a posé un premier bilan des enjeux
et problématiques de ces structures, tout en proposant un état
des lieux en termes de projets, de modèles économiques et de
développement. Cette première étude sur les
caractéristiques des lieux a permis de faire apparaître des
différences marquantes de répartition des financements publics
par collectivités entre milieu urbain et milieu rural, et de constater
que les lieux en zone urbaine étaient largement plus soutenus par
'24 Sibertin-Blanc Mariette, « La culture dans l'action
publique des petites villes. Un révélateur des politiques
urbaines et recompositions territoriales », Géocarrefour,
n°83, 2008
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leur municipalité (à 23%) que ceux en milieu
rural (4%). On assiste, à l'inverse, à un fort soutien des
conseils régionaux pour les lieux en milieu rural, pour un taux moyen de
17% contre 8% en milieu urbain. Les conseils départementaux semblent
néanmoins subventionner les lieux urbains et ruraux dans les mêmes
proportions, avec un taux légèrement plus élevé en
milieu rural (10% contre 6%).
Le Pince Oreilles a révélé, nous l'avons
vu, que la part financière provenant des villes était majeure
puisqu'elle représente près de la moitié des financements
publics des structures seine-et-marnaises. Un taux qui s'élève
à 70% avec le soutien des intercommunalités. Sur les quatre lieux
identifiés dans le Gâtinais, ces taux sont nettement
inférieurs. Bien qu'il nous soit difficile de procéder à
de véritables comparaisons représentatives, notre
échantillon étant trop restreint, nous pouvons toutefois
dégager quelques tendances. Les MJC sur notre territoire, qui consacrent
de 5 à 15% de leur budget aux musiques actuelles, sont
particulièrement dépendantes de leur municipalité,
notamment en financement de fonctionnement, leur rattachement aux services
municipaux, qui octroie d'ailleurs leurs locaux, explique certainement
l'investissement communal estimé entre 33% et plus de 70%. Le Conseil
Départemental subventionne également ces deux structures à
hauteur de 41 et 20 %, au titre de Lieux Culturels de Proximité.
À noter que FLC ne bénéficie plus de l'attribution au
titre de Lieux d'Expression des Musiques Actuelles. La part des
intercommunalités et de la région est nulle. Pour l'association
Musiqafon et la Tête des Trains, le budget varie en 2014 de 140 000€
à 77 000€. Précisons qu'il est difficile d'estimer la part
exacte consacrée aux musiques actuelles étant donné la
diversité des actions proposées. Toutefois les deux structures
sont largement associées à l'activité de diffusion des
musiques actuelles. Notons que l'orientation « jeunesse » de
l'association Musiqafon s'est traduite par une augmentation des actions
à caractère pluri-artistique, mais pour l'essentielle, celles-ci
s'appuient sur le projet Musiques Actuelles. On constate que les deux
structures sont principalement subventionnées par le Conseil
Départemental : à hauteur de 14 % pour la Tête des Trains
(au titre de Lieux Culturels de Proximité), et de 37% pour Musiqafon
(dont 33% par le Service Jeunesse du département, et 4% par la Direction
des Affaires Culturelles). Les aides à l'emploi (État et CAF)
représentent près d'un tiers de financements publics des deux
structures. Enfin, la participation des communes est la plus faible, de 1%
à 11%, tout en précisant que ce taux résulte de la
participation cumulée de quatre à sept communes. Là aussi,
l'implication intercommunale est inexistante. Notons également que leurs
ressources propres représentent un tiers de leur budget.
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Aussi, on retrouve à notre échelle
d'étude, des constats similaires en termes de répartition des
financements publics des lieux en milieu rural étudiés par la
FEDELIMA, notamment entre villes et départements. Le conseil
départemental contribue en effet largement dans chacune des structures,
étant même dans trois structures, le principal financeur. Cela
conforte le rôle « redistributeur » des départements,
notamment au profit des structures en milieu rural. Le bilan est le même
que la fédération nationale à l'égard de la
participation des villes pour les structures en milieu rural (les MJC
étant entendues comme des lieux urbains en environnement rural, et sont
par leur essence, dépendantes des services municipaux). Dans le
Gâtinais, l'investissement des communes est même bien
inférieur au reste du département, avec une moyenne de 6% contre
48,7% pour l'ensemble du département. Le manque d'implication est
flagrant et résulte en partie des difficultés des communes de
faible densité à contribuer financièrement aux projets
culturels. On notera l'absence du conseil régional, mais
également celle des intercommunalités, que l'on aurait
pensées, par un phénomène de solidarité et de
compensation, en faveur des territoires ruraux. C'est justement ce qui va
constituer notre prochaine réflexion.
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