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Musiques actuelles en milieu rural - le cas du gà¢tinais sud seine-et-marnais


par Bilitis DELALANDRE
Université Paris-Est Marne-la-vallée - Département histoire - Master 2 Professionnel « Développement Culturel Territorial » 2016
  

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2.2. Les difficultés des collectivités locales

En milieu rural, force est de constater que les politiques culturelles sont quasi-inexistantes. Au regard des campagnes électorales locales, les rares fois où la culture est abordée, elle l'est souvent sous l'angle du tourisme, des loisirs, du scolaire ou dans une dimension sociale. Bien qu'inscrite dans la constitution, rare sont les occasions de rencontrer un candidat qui affiche la question culturelle dans son programme électoral. C'est généralement par le biais de la préservation du patrimoine, de la lecture publique ou encore de l'enseignement musical que les politiques départementales, régionales et de l'État se préoccupent de l'accès à la culture en milieu rural. Quelle que soit l'étiquette politique des élus, leur investissement dans le domaine culturel, relève davantage d'une politique de communication que d'une réelle politique culturelle121.

Les modalités d'élaboration des politiques publiques sont complexes : liant à la fois les conceptions politiques des élus locaux, leurs visions et le sens qu'ils donnent à leurs actions, et les marges de manoeuvre dont ils disposent pour appliquer le programme pour lequel ils ont été élus. De plus, il faut ajouter la difficulté pour certains élus d'anticiper les évolutions démographiques, les mutations sociales en cours, notamment dans les zones rurales influencées par la ville, qui attirent de nouveaux ménages.

Philippe Teillet et Emmanuel Négrier soulignent, en évoquant les situations départementales en France, que « si la forme est celle de la territorialisation, dans le fond il s'agit plutôt d'une déterritorialisation des politiques culturelles »122. Toute la difficulté pour les collectivités territoriales réside dans la définition d'un sens politique à donner à leur territoire. Difficulté qui se traduit par un cantonnement à un soutien ou à la construction d'équipements pour ressembler aux standards nationaux. Analysées par Erhard Freidberg et Philippe Urfalino, il apparaît que les politiques culturelles locales « bénéficie(nt) a priori d'une plus grande indépendance vis-â-vis de l'État et de ses services extérieurs »,123 traduisant une certaine forme d'autonomie des municipalités en terme de choix culturels. À la différence d'une politique culturelle menée à l'échelle nationale, les rapports entre les élus locaux et les acteurs culturels sont plus directs, mais demeurent marqués par un lien essentiellement utilitaire. En effet, la

121 Philippe Sidre, « Les habitants des milieux ruraux sont-ils exclus de la culture ? », Drôle d'époque, 05/2006, 18, p. 135

122 Négrier Emmanuel, Teille Philippe in Saez Jean-Pierre (Sous la direction de ), Un lien â recomposer , Éditions de l'Attribut, 2008

123 Freidberg Erhard, Urfalino Philippe, Le jeu du catalogue, les contraintes de l'action culturelle dans les villes, La Documentation française, 1984

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politique culturelle locale se caractérise davantage par une accumulation d'équipements et de domaines d'intervention, ce que les auteurs nomment « le jeu de catalogue », plus que par une réelle coopération, cohérente et réfléchie, entre les différents secteurs et sans véritable attention portée à leurs problématiques.

Selon Philippe Berthelot, les élus locaux considèrent généralement que le développement des musiques actuelles sur leur territoire est comme extérieur à eux, principalement lié aux jeunes ruraux qui s'autogèrent. Certains perçoivent d'ailleurs l'activité de ses acteurs musiques actuelles comme relevant de l'exploitation commerciale, des lieux lucratifs qui ne nécessitent pas d'investissement public. Peu associées dans l'imaginaire collectif, et chez certains élus locaux, au monde rural, les musiques actuelles seraient du ressort des villes et des pôles urbains.

Ainsi, la culture et son développement territorial seraient aux mains d'élus locaux dont les compétences en matière de culture demeurent relatives, individuelles et peu légitimes. Ceux-ci, nous l'avons vu, manquent de critères objectifs dans leurs choix culturels. Ils se sont généralement dotés d'équipements, des « services de base » '24(bibliothèques, école de musique) mais dans un contexte de rationalisation des dépenses, la création d'équipements s'est ralentie, donnant davantage de place aux projets moins pérennes aux aspects territoriaux et sociaux. Une évolution qui s'explique en partie par les critères de financements établis par les différents partenaires territoriaux (départements, régions, intercommunalités, Union Européenne) désormais indispensables à ces logiques de projets et de coopérations impulsées par l'État.

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