III-1-2-2 Au niveau des maîtres
Les maîtres ne sont pas du même avis quant
à l'application du travail en groupe à toutes les disciplines.
D'aucuns (soit 60%) avancent la primauté des disciplines fondamentales,
les autres trouvent que les disciplines comme le langage, l'écriture ou
la récitation ne s'adaptent pas au travail en groupe. Aussi, pensent-ils
pour les uns (soit 80%) que cette pratique peut se faire à tout moment
de la journée. Pour les autres, le travail de groupe ne peut être
pratiqué que le soir. La possibilité de faire des devoirs en
groupe divise aussi les maîtres. Si la plupart d'entre eux (soit 85%)
pense qu'ils peuvent faire des devoirs en groupe, M3 pense le contraire.
Pourquoi cette position face aux devoirs en groupe ? Pourquoi ne fait-il pas de
devoirs en groupe ? Pense-il que les résultats issus de ces devoirs ne
seront pas crédibles ou ne discriminent pas les niveaux individuels de
chacun des membres du groupe? Ne reflèteront-ils pas le niveau
général du groupe ? Pourtant ce procédé donnera
l'occasion au maître de s'imprégner des réalités de
ce groupe et de résoudre les quelques difficultés qu'ils peuvent
avoir. Ce qui permettra au groupe d'accroître ses compétences et
partant celles individuelles.
Les groupes doivent être animés par le
maître puis par le chef de groupe. Des styles d'animation existante, la
majorité des maîtres (soit 85%) font référence au
style démocratique. Seul M1 préfère le style autocratique.
Ce qui influence de facto la technique adéquate pour la gestion des
interactions. Le chef de groupe représente le maître car le groupe
est une petite classe que le maître gère autrement. Comment se
fait-il que tous les chefs de groupe font référence au style
autoritaire et tandis que leurs maîtres déclarent pourtant
être démocrates ? Pourquoi cette différence fondamentale de
style d'animation ? La gestion des interactions au sein du groupe est une des
responsabilités du maître. Alors, nous nous posons donc la
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question suivante : comment doit-on animer les groupes de
travail afin d'obtenir des résultats probants ? Au cours de nos
observations, nous avons vu plusieurs groupes dans lesquels les interactions
sont très faibles du fait de l'emprise trop grande de leurs leaders.
Pour le moment, nous pensons que si le groupe a été formé
démocratiquement, alors chaque leader doit le gérer
démocratiquement. Le système démocratique permet à
tout le monde de s'exprimer et surtout librement.
III-1-2-3 Au niveau des directeurs d'école
Les directeurs d'école ont eu quelques idées
divergentes dans leur appréciation sur le travail de groupe. D4 trouve
que les maîtres étant peu outillés, le travail de groupe ne
saurait donc être une solution efficace pour l'amélioration des
apprentissages. Effectivement, c'est une pratique qui demande beaucoup
d'exigences aux enseignants. Alors sans formation adéquate, le
maître qui va l'appliquer court le risque d'échouer. Ce qui fera
que l'élève n'aura rien appris ou presque. Et B. KAYE et I.
ROGERS (1971) le confirment en ces termes : « le succès des
activités du travail de groupe dépend dans une très grande
mesure de la préparation faite préalablement par le maître
».
Pourquoi les enseignants de l'école de D2 pratiquent
très peu le travail de groupe? Ne sont-ils pas formés ?
N'apprécient-ils pas les avantages que procure le travail de groupe ? D2
dirige une école de six classes. C'est dire qu'à peine deux
enseignants appliquent le travail de groupe dans son école. D2 est
même titulaire d'une classe de cent cinq (105) élèves. Il
ne fait pas recours de manière formelle au travail de groupe. Cependant
ses élèves sont assis en groupes pour apprendre leurs
leçons lorsqu'ils sont dehors. Le véritable problème pour
D2 est le retard que cette technique occasionne dans l'avancée du
programme. Ne peut-il pas être résolu par la formation et la
pratique quotidienne ? Pourquoi faut-il pratiquer le travail en groupe ? B.
KAYE et I. ROGERS (1971) affirment que « le travail de groupe se
propose de faire naître chez l'élève une attitude critique
et réflexive à l'égard de son travail, et nullement monter
en lui un système de réflexes et de réponses automatiques
». C'est dire que la question de retard que pose D2 est normale car
le but visé par le travail de groupe est d'installer chez
l'élève un esprit critique sans pour autant négliger le
programme.
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