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CONCLUSION
La procédure à suivre pour que la valeur d'un
bien soit reconnue au titre de « patrimoine mondial » est longue et
exigeante et peut se découper comme suit :
· L'établissement de la liste indicative : tout
bien doit d'abord être inscrit sur la liste indicative, inventaire non
exhaustif des biens susceptibles d'être proposés à
l'inscription sur la liste du patrimoine mondial. Cette liste est
établie et déposée auprès de l'UNESCO par chaque
Etat partie et modifiable par lui à tout moment.
· L'Etat partie doit ensuite préparer un dossier
de candidature qu'il dépose au Centre du patrimoine à l'Unesco,
au plus tard le 1er février de chaque année. Le montage des
dossiers est devenu très lourd car le Comité du patrimoine
mondial est de plus en plus exigeant135. Ils doivent ainsi
être préalablement analysés au niveau national avant
d'être soumis pour inscription :
- les dossiers parvenus à maturité sont
examinés à l'échelle nationale par des instances
habilitées et la délégation nationale auprès de
l'UNESCO en assure la transmission.
- A l'échelle internationale : Le Centre mandate un
organe consultatif qui se charge de l'expertise du bien. Selon que le bien soit
naturel ou culturel, l'organe consultatif sera l'Union mondiale pour la
conservation de la nature (UICN) ou le Conseil international des monuments et
des sites (ICOMOS). L'organe consultatif établit et rend un rapport en
quelques mois. Le bien est soumis au bureau du Comité du patrimoine
mondial en avril de l'année suivant le dépôt de
candidature. Le bien est enfin soumis directement au Comité du
patrimoine mondial en juillet pour prise de décision
finale136.
135
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Procedure.html
(consulté le 22 août 2014)
136 Idem
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La participation de la population locale au processus de
proposition d'inscription est essentielle pour pouvoir partager avec l'Etat
partie la responsabilité de l'entretien du bien. Les Etats parties sont
encouragés à préparer les propositions d'inscription avec
la participation d'une large gamme d'acteurs concernés, y compris des
gestionnaires de sites, autorités locales et régionales,
communautés locales, ONG et autres parties
intéressées137.
Une proposition d'inscription sur la Liste du patrimoine
mondial n'est aussi que le point de départ d'une entreprise de bien plus
longue haleine. En cas de succès, l'inscription fait obligation à
l'État partie d'assurer en permanence la protection, la conservation et
la gestion du bien afin d'en préserver perpétuellement la valeur
universelle exceptionnelle. En ce sens, la proposition d'inscription n'est que
le premier pas d'un très long voyage dont le but est d'améliorer
les procédures de conservation à tous les
niveaux138.
L'idée de l'engagement d'une proposition pour qu'elle
aboutisse à l'inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial est
qu'elle permette sa conservation et sa mise en valeur à long
terme139.
En ce qui concerne les Monuments Naturels de l'Est du
Burundi, une protection efficace ne peut en aucun cas se séparer des
activités de développement socio-économiques de la
région. La gestion de ces aires en défens doit s'intégrer
dans le plan de développement de la région de Nkoma. Etant
donné que la protection des monuments est fondée sur
l'écotourisme, ce sont les revenus issus de ce secteur qui doivent
contribuer au développement socio-économique des
communautés. Des fonds devront servir au financement des
activités agricoles dans le but d'améliorer des méthodes
agricoles pour rehausser la production. Ils seront aussi alloués
à l'aménagement des sources d'eau potables. Les activités
de développement identifiées par les communautés locales
sont l'élevage moderne et l'agriculture
137 Orientations, Op. Cit. ; §123
138 UNESCO / ICCROM / ICOMOS / UICN, Établir une
proposition d'inscription au patrimoine mondial, Deuxième Edition,
2011 ; p 11
139 Établir une proposition d'inscription ... ;
Op. Cit. ; p 1
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intégrée140. Rien ne sert d'ignorer
que ce sont les activités de riverains du site qui font subissent des
pressions sur sa biodiversité.
Toujours, est-il que le label du patrimoine mondial
présente un certain nombre d'avantages, notamment:
· offrir à l'État partie et à la
communauté locale la possibilité de célébrer leur
bien comme l'un des sites naturels et culturels les plus précieux de la
planète ;
· faire du bien l'emblème par excellence du
système national de classement des zones et sites
protégés, et amener ainsi la communauté à mieux
prendre conscience de son patrimoine et à se soucier davantage de sa
protection ;
· susciter l'intérêt de la
communauté internationale pour le patrimoine mondial, qui a souvent pour
effet d'encourager la coopération internationale et les efforts
conjoints en faveur de la protection du bien ;
· aider à mobiliser les financements et les
appuis, y compris le soutien des donateurs et du Fonds Mondial de la Nature;
· faire connaître des techniques et des
méthodes de protection, de conservation et de gestion susceptibles
d'être appliquées au patrimoine national et
local141.
Si l'inscription d'un bien sur la liste du patrimoine mondial
est un projet à prendre au sérieux en sorte qu'elle exige des
efforts considérables tout au long du processus ; il convient aussi de
se soucier davantage au résultat. En effet, cette inscription oblige
l'Etat abritant le bien de prendre - seul ou en coopération avec les
Etats parties à la Convention concernant la protection du patrimoine
mondial, naturel et culturel de 1972 - des mesures efficaces nécessaires
à sa conservation et à sa protection. Ceci est d'autant plus vrai
vu que l'inscription d'un bien sur la liste du patrimoine mondial n'est pas
définitive.
140 Plan de gestion ... ; Op. Cit. ; p 21
141 UNESCO / ICCROM / ICOMOS / UICN, Établir une
proposition d'inscription au patrimoine mondial, Deuxième Edition,
2011 ; p 10
Sur la base de ces examens réguliers, le Comité
doit décider, en consultation avec l'Etat partie concerné (...)
d'envisager le retrait du bien à la fois de la Liste du patrimoine
mondial en péril et de la Liste du patrimoine mondial, si ce bien a
été à tel point altéré qu'il ait perdu les
caractéristiques qui avaient déterminé son inscription sur
la Liste du patrimoine mondial, selon la procédure décrite aux
paragraphes 192198 des Orientations devant guider la mise en oeuvre de la
Convention du patrimoine mondial142 .
En réaffirmant que les enjeux de l'inscription du site
de la faille de Nyakazu et des chutes de la Karera sont grandes, il semble bon
aussi de rappeler que ce projet reste miné de défis non
négligeables qu'il est nécessaire que l'Etat burundais dans les
plus brefs délais surtout que la dégradation de la
biodiversité du site est en toujours en progression faute des relations
tendues que les riverains entretiennent jusque là avec les
conservateurs.
Evoquant un problème de budget d'élaboration du
dossier et de conservation et de protection de l'environnement des sites de la
faille de Nyakazu et des chutes de la Karera, un préoccupation ressentie
dans d'autres pays en développement, une question de base et digne de
réflexion est posée a propos des mesures jusque là prises
pour soutenir la participation de tous les pays dans la mise en valeur du
patrimoine mondial. Serait-ce l'assistance financière du Fonds Mondial
de la Nature ou encore la Stratégie globale pour une Liste du patrimoine
mondial représentative, équilibrée et crédible, on
ne peut ne pas se demander si cela sera assez pour garantir la
crédibilité de la Convention concernant la protection du
patrimoine mondial, naturel et culturel de 1972 ainsi que la Liste du
patrimoine mondial.
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142 Orientations, Op. Cit. ; § 191
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