I.2.4- LA SELECTION DE LA CLIENTELE ET L'EXCLUSION BANCAIRE
: UNE SOLUTION AU PROBLEME D'ASYMETRIE DE L'INFORMATION
La sélection de la clientèle en pratique
bancaire, devrait techniquement intervenir avant l'exclusion bancaire. C'est
pour cette raison qu'on l'exposera d'abord avant de s'attarder ensuite sur
l'exclusion bancaire.
I.2.4.1- LA SELECTION DE LA CLIENTELE
La sélection de la clientèle permet aux banques
d'identifier les bons des mauvais des emprunteurs. En général,
les emprunteurs connaissent leur risque (bon ou mauvais), alors que les banques
ne connaissent que la répartition globale des emprunteurs entre ces deux
classes de risque. Pour résoudre ce problème de sélection
de la clientèle (financements des projets ne présentant que de
bons risques), la banque utilise plusieurs techniques pour évaluer le
risque de défaut des emprunteurs, surtout en ce qui concerne les petits
emprunteurs (PME)12 ; en premier lieu, la banque utilise un menu de
contrats de crédit afin d'affiner leur sélection et
séparer les bons risques des mauvais. En second lieu, la banque tient
compte des facteurs spécifiques à l'emprunteur pour se faire une
idée précise sur le risque de ce dernier, et par la suite, pour
prendre sa décision concernant la demande du client en question. Enfin,
d'un point de vue plus pratique, la banque utilise de plus en plus des
techniques statistiques de « scoring » (crédit scoring) qui
lui permettent d'évaluer les risques liés aux clients. Parmi ces
techniques utilisées, on peut citer :
? L'autosélection à partir d'un « menu de
contrats » de crédit comme première technique. BESTER (1985
et 1987) distingue deux types de contrat que la banque peut proposer à
sa clientèle ;
? un contrat stipulant un taux d'intérêt
relativement faible, mais exigeant des garanties relativement
élévées ;
? un contrat stipulant un taux d'intérêt
élevé, mais exigeant peu de
garanties.
12 Les avancé récentes en
technologie de l'information bancaire et financière incluent le service
de base des données et les logiciels de scoring proposés aux
banques par les organismes spécialisés dans l'information et
l'évaluation financière (DUN et BRADSTREET).
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
La mise en place de ce « menu de contrat » peut
amener les emprunteurs à relever la nature de leurs risques. Les bons
risques ayant tendance à opter pour le premier contrat, les mauvais pour
le second.13 On parle alors d'autosélection puisque ce sont
les clients eux-même qui se sélectionnent en choisissant l'un ou
l'autre des contrats proposés. Ce mécanisme de sélection
est dénommé « screening ».
y' la sélection à prtir des facteurs
spécifiques à l'emprunteur. Il s'agit des caractéristiques
propres à chaque emprunteur pris individuellement. Parmi celles-ci on
peut retenir entre autre :
? la surface financière de l'emprunteur ; la richesse
est le premier critère de sélection de la clientèle. La
banque a tendance à sélectionner priotairement les promoteurs
riches dans la mesure où ces derniers peuvent apporter un certain nombre
de garanties (matérielles) qui viennent limiter le risque de la banque.
Plus précisément, la valeur des actifs dont le promoteur est
propriétaire est un critère de sélection fondamental. Etre
propriétaire de son logement constituerait un avantage évident.
Par ailleurs, les flux de revenus constituent également un
critère important. La banque a souvent une bonne information sur cet
élément par simple observation des mouvements sur le compte du
client (pour ceux ayant un compte bancaire). De plus, le niveau d'endettement
est également pris en compte. Il est clair à cet égard
qu'un promoteur déjà fortement endetté risque de se voir
refuser un prêt supplémentaire en raison des risques de
surendettement.
? La situation professionnelle ; elle peut également
être considérée comme un critère de
sélection, même si elle est en grande partie, déjà
prise en compte dans le critère de revenu et de richesse. Cela dit, les
préférences des banques vont clairement en faveur des promoteurs
exerçant déjà une activité et présentant une
certaine stabilité professionnelle.
y' La réputation de l'emprunteur ; en
général, la relation entre la banque et sa clientèle
s'inscrivent dans la durée. On parle alors de « relation de long
terme » ou encore de « relation de clientèle », la
relation de long terme permettent aux bons clients de se forger une bonne
réputation, ce qui peut favoriser laur accès aux divers services
bancaires, mais aussi de réduire les coûts des services bancaires.
A l'opposé les problèmes de remboursement passés
constituent évidemment le fondement d'une mauvaise réputation et
par conséquent, d'un
13 Les observations empiriques tendent plutôt
à infirmer ce résulmtat théorique ; en
général, de fortes garanties sont plutôt associées
aux emprunteurs plus risqués.
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
accès plus difficile aux services bancaires. La
théorie bancaire a d'ailleurs clairement montré que l'existence
de relations de long terme est un facteur de réduction des
phénomènes de rationnement de crédits à l'endroit
des PME. Ce sont en effet, les entreprises ayant engagé des relations de
long terme avec leurs banques qui sont le moins contraintes en termes
d'accès au crédit bancaire (PETERSON et RAJAN, 1994).
? La sélection par le «
crédit scoring » ; le crédit scoring peut se définir
comme une méthode statistique d'évaluation du risque de
crédit des demandeurs de prêts. En utilisant des données
sur le passé des emprunteurs et des techniques statistiques, cette
méthode produit un « score » que la banque utilise pour
classer en terme de risque ses emprunteurs ou les demandes de financement qui
lui sont adressées. Un « score » plus élevé
indique un risque moins élevé. Le banquier définit un
score seuil, basé sur le niveau de risque qu'il est prêt à
accepter. S'il s'en tient rigoureusement au modèle, la banque accorde le
prêt lorsque le score du demandeur est supérieur au seuil et
refuse le prêt lorsque le score du demandeur est inférieur au
seuil.14
En définitive, quelque soit le moyen utilisé, la
banque cherche des informations précises afin de prendre une
décision d'accepter ou de rejeter une demande de services bancaires
(ouverture de compte, demande de crédit etc..). Une fois ces
informations analysées, la banque décide d'exclure un certain
nombre de clients.
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