I.2.2- LE RISQUE DE CREDIT DES ENTREPRISES : UN RISQUE
MAJEUR
La théorie financière stipule que tout rendement
exigé d'un actif est fonction du niveau de risque qu'il présente.
Le risque total d'une entreprise peut être décomposé en
deux types de risque à savoir : le risque d'affaires et le risque
financier.
Le risque d'affaires est le risque que présente une
entreprise dans l'expoitation des ses activités. Il peut être
scindé en risque commerciale et en risque de gestion. Le risque
commercial concerne la dimension du marché potentiel, à la
réaction des concurrents actuels ou futurs, aux fluctuations de la
demande et aux difficultés recontrées dans les canaux de
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distribution. Chez les PME, ce risque se manifeste de la
façon suivante : une dépendance très forte envers un
certain type de client et une diversification des produits pas assez grande.
En raison de ces éléments, la PME peut
éprouver certaines difficultés à acceder au financement
bancaire qui préfèrent prêter aux grandes entreprises. Le
risque de gestion de son côté est relatif au rôle
prépondérant du propriétaire-dirigeant. Ce rique se
rapporte entre autre au manque de connaissance en gestion, à l'absence
d'outils de gestion appropriés tels que la plannification
financière, un système comptable convenablement
développé et un système informatique adéquat. Le
propriétaire-dirigeant est souvent spécialisé dans une
fonction particulière et accorde moins d'importance et/ou fait preuve
d'inaptitude en ce qui concerne les autres aspects de l'organisation qui
peuvent s'avérer critiques (SCHERR et al, 1993).
Le risque financier quant à lui, résulte
directement de la structure financière d'une entreprise et fait
référence aux problèmes de capitalisation, de
liquidité et de rentabilité des entreprises. La PME
présente ainsi les caractéristiques d'une structure sous
capitalisée et en manque de liquidités.
I.2.3- L'ASYMETRIE DE L'INFORMATION ET LE RISQUE DES
EMPRUNTEURS
Le problème de l'asymétrie de l'information est
particulièrement important. Les banques traitent les demandes de
financement des entreprises. L'asymétrie de l'information sur le risque
des emprunteurs conduit aux phénomènes d'antisélection et
d'hasard moral ou encore d'aléa moral qui ont été
examinés dans le cadre des marchés de crédit et dont les
principales contributions sont celles de STIGLIZT et WEISS (1981, 1983),
DIAMOND (1989, 1991).
En effet, l'antiselection encore appelée selection
adverse dans le secteur bancaire se manifeste par le fait que, l'emprunteur
conserve, même après un examen minutieux par le créancier
des informations privilégiées ou avantageuses que son partenaire.
Le partage inéquitable du savoir10 sur le risque de
défaillance attaché aux crédits rend problématique
l'identification des bons emprunteurs (STIGLIZT et WEISS (1981)), les mauvais
emprunteurs cherchant à cacher leurs caractéristiques. Raison
pour laquelle, à défaut de pouvoir fixer des taux
d'intérêt à des niveaux correspondant au risque effectif,
au risque du projet à financer, les banques appliquent des taux
réflétant la qualité moyenne des emprunteurs. Cette
pratique
10 Les dirigeants d'entreprises sont en effet mieux
informés sur les projets à financer que les investisseurs.
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pénalise les « bons » risques (les promoteurs
aux projets peu risqués), qui paient des primes de risque trop fortes.
Cependant, cette pratique avantage les « mauvais » risques
(promoteurs aux projets risqués) qui paient des primes trop faibles.
Cela incite les « bons » risques à quitter le marché
bancaire : il y a donc « antiselection » ou « selection adverse
» qui apparaît alors comme une tendance à la fuite des bons
risques, notamment lorsque la banque augmente son taux
d'intérêt.
Quant au risque moral, encore appelé alea
moral11, il s'agit d'une situation où l'incomplétude
de l'information provient des actions et comportements non observables, mais
suceptibles d'être entrepris par les agents après la signature du
contrat. C'est dont l'attitude ex-post d'un opportuniste de tromper ou de se
détourner de ses engagements contractuels du fait qu'il est conscient
que le contrôle de cette attitude par l'autre partie est difficile,
imparfait et onéreux. La notion de risque moral ou encore d'aléa
moral conduit à mettre l'accent sur les comportements
stratégiques issus de la non constatation de certaines actions se
traduisant par le non respect des engagements (ARROW 1963).
Dans le secteur financier, l'aléa moral se
refère à toute situation dans laquelle les resultats de la
relation de crédit dépendent des actions engagées par
l'emprunteur après la signature du contrat. Cet aléa moal n'est
généralement pas facile à cerner par le créancier.
Dans cette optique, une PME qui contracte un crédit peut s'engager de
façon plus ou moins considérable dans la réussite du
projet. Les dirigeants peuvent alors effectuer des dépenses superflues
au développement de l'entreprise en déviant à leur profit
une part des résultats du projet sous forme d'avantages en nature ou de
rémunérations excessives. Ce sont donc les difficultés,
les coûts de détection et de contrôle du comportement
approprié des parties contractantes qui génèrent le
phénomène d'aléa moral qui demeure un problème
d`information asymétrique.
Cependant, il reste que, pour résoudre les
problèmes d'antisélection et d'aléa moral, les banques
utilisent deux moyens essentiels à savoir : la sélection de la
clientèle et l'exclusion bancaire.
11 Ce terme provient du jargon des asureurs, il désigne la
tendance des assurés à modifier leur comportement de telle
manière quéils doivent recourir plus fréquemment aux
prestations offertes par la compagnie d'assurance.
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