II.2 - LA VERIFICATION EMPIRIQUE DU MODELE, INTERPRETATION
ET ANALYSE DES RESULTATS
II.2.1 - LA VERIFICATION EMPIRIQUE DU MODELE
Les données relatives aux variables retenues sont
tirées des statistiques monétaires de la BEAC, de l'annuaire
statistique du FMI, de la Banque Mondiale et de l'INS sur une période
allant de 1980 à 2011 soit 32 années. Le choix de cette
période se justifie d'une part, par le fait qu'elle prend en compte la
période avant et après la réforme financière dans
la CEMAC, et d'autre part, afin d'avoir une série suffisamment longue
pour respecter les propriétés asymptotiques.
Le modèle à tester est spécifié de
la manière suivante :
PIBR= a + a CCMLT + a MM +
a TIR + a DUM + ? (1)
0 1 2 3 4
Sachant à titre de rappel que :
y' PIBR , est la variable dépendante. C'est le
taux de croissance du PIB réel du
Cameroun à l'instant t.
y' CCMLT , est le crédit octroyé par les
banques au secteur privé à l'instant t,
son signe attendu est positif.
y' MM , est la masse monétaire du Cameroun
à l'instant t, son signe attendu est
aussi positif.
? TIR , est le taux d'intérêt réel
du Cameroun à l'instant t, son signe attendu est
ambigu dans la littérature, mais dans notre cas
étant donné que le taux d'intérêt au Cameroun est
élevé, son signe attendu est négatif.
y' D U M , est une variable muette qui permet de
capter l'effet de la réforme financière ; elle prend la valeur 0
avant la réforme financière et 1 après la reforme
financière.
y' ? , est le terme d'erreur.
? ai, i = 0 ,,,,,,,,,4, sont les paramètres
à estimer.
Avant d'estimer ce modèle, il faudrait vérifier la
stationnarité des séries afin d'éviter une
régression fallacieuse. Dans une étude de séries
temporelles, plusieurs tests de racine
![](Relation-banque-entreprise-et-croissance-economique-au-Cameroun84.png)
80
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
unitaires peuvent être utilisés pour
vérifier la stationnarité des séries, notamment les tests
de Dickey-Fuller Augmenté (ADF), ou encore Philip Perron (PP). Dans ce
travail, on fera appel au test de ADF
Le test ADF, est une extension du test de Dickey-Fuller simple
(DF, 1979). Dans les modèles utilisés pour les tests de
Dickey-Fuller simples, le processus åt est par hypothèse un
bruit blanc. Or il n'y a aucune raison pour que l'erreur soit
à priori non corrélée. Le test de ADF prend en compte
cette hypothèse.
Les hypothèses du test ADF sont les suivantes : H0 : la
série n'est pas stationnaire
H1 : la série est stationnaire
La règle de décision est la suivante : si la
valeur de la probabilité est supérieure à 5%, on accepte
l'hypothèse nulle de non stationnarité de la série ; si
elle est inférieure à 5%, alors on accepte l'hypothèse
alternative de stationnarité de la série.
Les résultats du test de racine unitaire sont
consignés dans le tableau ci-dessous. Tableau 4: Résultat
du test de racine unitaire (ADF, 1981)39
Libellé des variables
|
P-value En niveau
|
P-value
En différence
|
Degré d'intégration
|
PIBR
|
0.0001
|
|
I(0)
|
CCMLT
|
0.9705
|
0.0001
|
I(1)
|
MM
|
0.4079
|
0.0037
|
I(1)
|
TIR
|
0.8351
|
0.0000
|
I(1)
|
Source : L'auteur à partir des calculs d'Eviews
7
Dans le Tableau ci-dessus :
y' I(0), signifie que la variable est intégrée
d'ordre 0, c'est-à-dire qu'elle est stationnaire en niveau.
y' I(1), signifie que la variable est intégrée
d'ordre 1, c'est-à-dire qu'elle est stationnaire en différence
première.
39 Voir les résultats du test de racine
unitaire à l'annexe
![](Relation-banque-entreprise-et-croissance-economique-au-Cameroun85.png)
81
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
Dans ce modèle, certaines variables sont stationnaires
en niveau et d'autre en différence. Avant de passer aux estimations, il
convient de vérifier d'abord s'il existe une relation d'équilibre
de long terme entre ces variables. Pour cela, on recourra au test de
cointégration de Johansen.
En effet, pour déterminer les r valeurs propres non
nulles qui vont nous donner les r relations de cointégration, Johansen a
proposé le test de la trace. Ce test repose sur l'hypothèse nulle
qu'il existe au plus r relations de cointégration (ce qui signifie qu'il
y a r valeurs propres non nulles et N-r valeurs propres nulles)
La règle de décision est la suivante : on
accepte H 0 lorsque la valeur de la statistique de la trace est
inférieure à sa valeur critique. Cela signifie qu'il y a absence
de cointégration.
Les résultats du test de cointégration en
annexes montrent qu'il n'existe aucune relation de cointégration entre
les variables du modèle, car il n'est pas possible d'estimer un
modèle à correction d'erreur, mais plutôt un modèle
VAR (P) en différence.
Dans cette optique, soit le modèle VAR à k
variables et à p retards noté VAR (p) suivant :
X A X t X
1 1 p
A
t t
?
? ? ? ?? ?
,1 , ,1 ? ?? ?
N N N ?
? ? p
? ? ?
N N N N , ,1
|
t
|
avec :
? t ? N(0, ? )
Xt , est un vecteur de variables
endogènes.
Xt ? 1 , est un vecteur de variables
retardées.
Ai, est un vecteur de coefficients à
estimer.
Le modèle VAR (P) en différence est de la forme
suivante : ?X t ? A1?X t ? 1 ? ? Ap ?
1?Xt? p ?1 ? ?X t ? 1 ? ?t
Pour déterminer le nombre de retard dans ce
modèle, le critère Akaike Information Criterion (AIC) est pris en
considération. Le modèle qui est alors choisi est celui qui
affichera le AIC le plus petit. Dans cette optique, le modèle VAR qui a
le AIC le plus petit est le VAR
(2).
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
![](Relation-banque-entreprise-et-croissance-economique-au-Cameroun86.png)
82
Tableau 5: Résultats de l'estimation du
modèle VAR (2) en différence (1)
|
MODELE 1
|
VARIABLES
|
DPIBR
|
DMM
|
DCCMLT
|
DTIR
|
DPIBR -1
|
.587654***
|
-.0221558
|
.1060023
|
-.0576944
|
|
(5.79)
|
(-0.52)
|
(0.98)
|
(-1.04)
|
DPIBR -2
|
.1407672
|
-.0009043
|
.0886758
|
-.093964*
|
|
(1.37)
|
(-0.02)
|
(0.81)
|
(-1.67)
|
DMM -1
|
.2716861
|
.9767054***
|
-.1410324
|
-.2003794
|
|
(0.73)
|
(6.20)
|
(-0.35)
|
(-0.98)
|
DMM -2
|
-.6069194
|
-.5588232***
|
-.3389241
|
-.3832552*
|
|
(-1.50)
|
(-3.29)
|
(-0.79 )
|
(-1.74)
|
DCCMLT -1
|
-.3522804**
|
.2036317**
|
.8095691***
|
-.0603167
|
|
(.2797095)
|
(2.85)
|
(4.49)
|
(-0.65)
|
DCCMLT-2
|
.2797095
|
.1198639
|
.0174528
|
.1395648
|
|
(.3475441)
|
(-1.62)
|
(0.09)
|
(1.46)
|
TIR-1
|
.3475441
|
-.3098542**
|
-.3510041
|
.4827631**
|
|
(1.10)
|
(-2.33)
|
(-1.05)
|
(2.80)
|
TIR-2
|
-.5312605
|
-.0441096
|
-.5458676
|
-.0472758
|
|
(-1.58)
|
(-0.31)
|
(-1.53)
|
(-0.26)
|
Constante
|
10.44826
|
15.25865***
|
25.70033**
|
19.2635**
|
|
(0.93)
|
(3.23)
|
(2.16)
|
(3.14)
|
R2
|
0.7037
|
0.9072
|
0.9156
|
0.7942
|
Source : l'auteur à partir des calculs de Stata
11
.Les chiffres entre parenthèses sont les
t-statistics. Les signes ***, ** et * attestent la significativité des
coefficients respectivement au seuil de 1%, 5% et 10%.
![](Relation-banque-entreprise-et-croissance-economique-au-Cameroun87.png)
83
![](Relation-banque-entreprise-et-croissance-economique-au-Cameroun88.png)
84
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
Tableau 6 : Résultats de l'estimation du
modèle VAR (2) en différence (2)
|
MODELE 2
|
VARIABLES
|
DPIBR
|
DMM
|
DCCMLT
|
DTIR
|
DPIBR -1
|
.4095291***
|
-.0033103
|
.2147699**
|
-.1126486**
|
|
(5.72)
|
(-0.09)
|
(2.00)
|
(-2.14)
|
DPIBR -2
|
.104277
|
.0058781
|
.1128093
|
-.1079887**
|
|
(1.56)
|
(-0.16)
|
(1.13)
|
(-2.21)
|
DMM -1
|
.0480705
|
1.416808***
|
.2594389
|
-.6637439**
|
|
(0.15)
|
(8.11)
|
(0.53)
|
(-2.78)
|
DMM -2
|
-.3942414
|
-1.148015***
|
-.8279374
|
.2190201
|
|
(-1.01)
|
(-5.48)
|
(-1.41)
|
(0.76)
|
DCCMLT-1
|
-.1459539
|
.1591771**
|
.6692418***
|
.0247645
|
|
(-1.26)
|
(2.56)
|
(3.84)
|
(0.29)
|
DCCMLT-2
|
1.131323***
|
-.07371
|
-.4162115
|
.2732666**
|
|
(6.50)
|
(-0.79)
|
(-1.59)
|
(2.14)
|
DTIR -1
|
.3316325
|
-.330377
|
-.3553616
|
.4988837***
|
|
(1.63)
|
(-3.03)
|
(-1.16)
|
(3.34)
|
DTIR -2
|
-.2332458
|
-.0920368
|
-.738235**
|
.0601948
|
|
(-1.04)
|
(-0.77)
|
(-2.20)
|
(0.37)
|
DUM-1
|
13.7116 ***
|
4.283414**
|
-4.73861
|
-1.199997
|
|
(4.67)
|
(2.72)
|
(-1.08)
|
(-0.56)
|
DUM-2
|
5.041435**
|
-4.898169***
|
-5.844662
|
5.688848**
|
|
(1.98)
|
(-3.60)
|
(-1.53)
|
(3.05)
|
Constante
|
-21.73062**
|
19.16001***
|
45.66446***
|
8.865309
|
|
(-2.42)
|
(3.98)
|
(3.39)
|
(1.34)
|
R2
|
0.8770
|
0.9374
|
0.9300
|
0.8461
|
Source : L'auteur à partir des calculs de Stata
11.
Les chiffres entre parenthèses sont les t-statistics. Les
signes ***, ** et * attestent la significativité des coefficients
respectivement au seuil de 1%, 5% et 10%.
|