III.1.2.5 - LA POLITIQUE CREDIT DISCRIMINATOIRE DES
BANQUES
Pour qu'une banque accepte de financer un projet
d'investissement, il faut que ce projet soit rentable, il faut qu'elle s'assure
qu'elle minimise le risque. En général, le critère de
rentabilité mis en avant part les banques, les amène à
développer délibérément une politique
discriminatoire de distribution des crédits. En effet, la politique de
crédit mise en place exclut du service bancaire le paysan, le petit
entrepreneur, les artisans et les PME. Cette exclusion s'explique par le fait
que les banques au Cameroun s'en tiennent aux données classiques pour
apprécier la demande de crédit de ce type d'opérateurs
économiques. Comme le souligne
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
ATTOUH (1980), cette discrimination dans la politique de
distribution de crédit est accentuée par toute une gamme de
formalités administratives auxquelles la grande entreprise
échappe, mais qu'on impose aux paysans, aux petits entrepreneurs, aux
artisans et aux PME. Par ailleurs, au Cameroun, il est plus facile d'obtenir un
crédit pour acquérir une moto ou une voiture que pour
créer un hectare de banane-plantain par exemple. D'autre part,
l'autofinancement de 20 % du montant total des investissements des entreprises,
actuellement imposé aux promoteurs contribue à renforcer la
politique discriminatoire de crédit des banques32. Il est
vrai, l'autofinancement obéit au principe économique qui veut que
l'épargne préexiste à l'investissement. Lorsque la banque
exige l'autofinancement de l'investisseur, il incite par ce moyen, à
l'épargne préalable de celui-ci. Bien plus, à partir de
l'autofinancement, la banque est plus encline à faire confiance à
l'investisseur, parce qu'il accepte de risquer dans l'investissement, son
épargne. Or, au Cameroun comme partout ailleurs en Afrique, très
peu d'investisseurs locaux peuvent réunir les 20 % d'autofinancement
minimum exigés par les banques. En définitive, on peut se
demander à la suite de YONDO (1986)33 « d'où
est-ce-que le jeune diplômé, désireux de s'installer
désireux de s'installer à son compte, muni d'un projet de PME
viable obtiendra les 40 millions représentant les 20 % d'autofinancement
? A moins qu'il soit d'une famille aisée dont le nombre total
représente une infime minorité de privilégié
»
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