II.II.2 - LA POLITIQUE MONETAIRE ISSUE DES REFORMES DE 1990
: UNE POLITIQUE MONETAIRE TOURNEE VERS LE MONETARISME
Dans les textes de 1972 qui régissaient jusqu'alors le
fonctionnement de la Banque Centrale sous-régionale, la BEAC (Banque des
Etats de l'Afrique Centrale), l'objectif final de la politique monétaire
n'est pas explicitement énoncé. Élaborées au
début des années 70, les dispositions statutaires de la BEAC
reflètent « l'air du temps » et ont une orientation
administrative et dirigiste très marquée. A cette époque,
les pouvoirs publics appliquaient une pensée économique de type
dirigiste, croyaient aux vertus du plan (et moins à celles du
marché), et semblaient être à l'aise pour financer le
développement par la création monétaire. Les instruments
utilisés dans la conduite de la politique monétaire comprenaient
les taux d'intérêt, les plafonds de réescompte, les
réserves libres et surtout le contrôle qualitatif ou
sélectif du crédit.
Le système d'intervention de la BEAC, basé
principalement sur les plafonds de réescompte et les taux
d'intérêt fixés par le Conseil d'Administration, a
fonctionné sans trop de difficultés de 1972 à 1986
grâce, entre autres, à un environnement international favorable.
Cette stratégie de politique monétaire de la BEAC va être
mise à rude épreuve à partir de 1986, faisant ressortir
les défaillances importantes. En effet, à partir de cette date,
la situation monétaire de la Zone d'Emission de la BEAC s'est
considérablement dégradée, pour trois raisons :
y' l'effondrement des cours mondiaux des produits de base,
y' l'expansion rapide du crédit intérieur
pendant les années fastes,
y' les mécanismes de gestion monétaire
défaillants.
Les auteurs de la réforme de la politique
monétaire de 1990, ont repensé les objectifs et les instruments
de cette politique monétaire. Dans cette optique, non seulement les
objectifs intermédiaires et finaux ont été définis,
mais également, les instruments de cete nouvelle politique
monétaire ont été précisés.
II.II.2 .1- LES OBJECTIFS ET CIBLES INTERMEDIAIRES ET
LES OBJECTIFS FINALS
Les objectifs intermédiaires sont des variables
monétaires dont le contrôle et la régulation permettent
d'atteindre les objectifs finals de la politique monétaire. Les
objectifs intermédiaires doivent pouvoir répondre à un
certain nombre de conditions : ils doivent être le
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
reflet de l'objectif final recherché ; ensuite, leurs
évolutions doivent être contrôlables par la Banque Centrale
; enfin, ils doivent être clairs, simple à comprendre par le
public. Dans cette perspective, trois types d'objectifs intermédiaires
essentiels sont alors possibles : le niveau des principaux taux
d'intérêt, le taux de change et les différents
agrégats de monnaie.
Conformément à l'article 1er de ses Statuts,
l'objectif final de la politique monétaire de la BEAC est de garantir la
stabilité monétaire. Sans préjudice de cet objectif, la
BEAC apporte son soutien aux politiques économiques
générales élaborées par les Etats membres. Pour la
BEAC, dont la monnaie est rattachée à l'euro par une
parité fixe, l'objectif de stabilité monétaire signifie un
taux d'inflation faible et un taux de couverture de la monnaie suffisant (le
seuil minimal est de 20 %) ;
Pour évaluer les risques pesant sur la stabilité
monétaire et décider d'une action, la BEAC a adopté une
approche pragmatique basée sur les analyses des évolutions des
agrégats monétaires, de l'environnement économique
international, des conditions d'offre et de demande sur les marchés des
biens et des facteurs de production.
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