II.II.2 .2 - LES INSTRUMENTS DE POLITIQUE MONETAIRE
Depuis l'instauration du marché monétaire le 1er
juillet 1994, la BEAC utilise divers instruments indirects pour ses
interventions. Le mode d'action repose sur le contrôle de la
liquidité bancaire qui s'exerce à travers la politique du
refinancement (une action sur l'offre de monnaie centrale)
complétée par l'imposition des réserves obligatoires (une
action sur la demande de monnaie centrale).
II.II.2.2.1 - LA NOUVELLE POLITIQUE DE
REFINANCEMENT
La politique de refinancement, principal mode d'intervention
de la BEAC, s'exécute via le marché monétaire. Cette
politique est mise en oeuvre sous forme d'avance sur titres, et revêt
deux formes :
? une action par les quantités (objectif de
refinancement). Ici, la BEAC s'appuie sur l'exercice de programmation
monétaire pour arrêter les objectifs de croissance des
agrégats monétaires et de refinancement compatibles avec la
réalisation des objectifs finals de la politique monétaire. En
effet, dans le cadre des accords de mobilisation, la BEAC distingue parmi les
titres de créances inscrits à l'actif des établissements
de crédit, ceux qui
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
peuvent servir de supports à ses concours. Elle
arrête ainsi, de façon trimestrielle, un objectif de refinancement
qui représente la limite maximale des avances qu'elle est
disposée à accorder aux établissements éligibles au
niveau 2 du marché monétaire. Cet objectif peut être
dépassé par Etat si le taux de couverture extérieure de la
monnaie est globalement satisfaisant pour la Zone et s'il existe des
facultés d'avances disponibles recensées au niveau des
établissements de crédit éligibles. A cet effet, il est
prévu un mécanisme d'interventions ponctuelles assorti de
conditions de taux spéciales. En revanche, cet objectif devient un
plafond rigide si le pays est en programme avec le FMI ou si le taux de
couverture extérieure se dégrade profondément en se
situant en deçà de 20 %.
? une action par les prix (taux d'intérêt) qui
s'inscrit dans le cadre de la nouvelle politique des taux de la Banque. Les
avances sont accordées à un taux d'intérêt (TIAO,
soit le Taux d'Intérêt des Appels d'Offres) fixé par le
Comité de Politique Monétaire, suivant les objectifs de la
politique monétaire. De plus, la BEAC ponctionne de la liquidité
par le biais des appels d'offres négatifs, à un taux
d'intérêt fixé par le Comité de Politique
Monétaire (Taux d'intérêt sur les placements ou TISP).
II.II.2.2.2. - LA POLITIQUE DES RESERVES
OBLIGATOIRES
L'article 20 des Statuts de la BEAC prévoit que le
Comité de Politique Monétaire peut prendre toutes les
dispositions pour imposer aux établissements de crédit la
constitution de réserves obligatoires. Le recours aux réserves
obligatoires vise à « mettre en banque » le système
bancaire, c'est-à-dire, à le contraindre au refinancement lorsque
les facteurs autonomes de la liquidité bancaire engendrent un
excédent de monnaie centrale pour les établissements de
crédit. Ainsi, les réserves obligatoires, par leur action
structurelle, sont un complément à la politique du
refinancement.
Au vue de ce qui précède, force nous est
donnée de conclure que la politique de crédit
généreuse d'avant 1990 que les entrepreneurs regrètent
tant aujourd'hui relevait de la forte implication de l'Etat dans le
système bancaire camerounais ; notamment avec le rôle non
important que jouait le MINEFI en lieu et place des organes de
régulation indépendants. Ce qui a débouché sur une
crise bancaire dont les conséquences n'ont pas été
négligeables. D'où la restructuration dudit système qui a
suivi cette crise et qui était axée sur la nouvelle politique
monétaire, traduite par une intervention accrue de la BEAC sur le
marché monétaire via les instruments de la politique
monétaire tels que le refinancement des banques et la politique des
reserves obligatoires.
Relation Banque-Entreprise et croissance économique
au Cameroun
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