Facteurs explicatifs de l'inadequation professionnellepar Espoir LUKAU MATEZO Institut supérieur de statistique de Kinshasa - Licence en statistique / production et analyse des données 2016 |
1.3.10. Revue de la littératureLa mesure du sous-emploi n'est naturellement pas régulée de la même manière d'un pays à l'autre. En France par exemple, sur la base de la définition du BIT, les résolutions de l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques répartissent les personnes en sous-emploi en trois groupes : celles qui travaillent à temps partiel tout en recherchant un emploi pour travailler davantage, celles qui travaillent à temps partiel sans rechercher un autre emploi mais en souhaitant travailler davantage et en restant disponibles pour le faire, et enfin celles travaillant à temps complet ayant involontairement travaillé moins que d'habitude, c'est-à-dire ayant subi une situation de chômage technique, partiel ou de grève. Cette dernière catégorie est souvent négligée, au profit des deux premières (personnes travaillant à temps partiel) et qui se résument sous le nom de sous-emploi lié au temps partiel subi(dans la mesure où il est imposé). Selon la publication INSEE PREMIERE24(*), ce type de sous-emploi a été estimé en 2005, à près de 95% de l'ensemble des actifs occupés, travaillant sous le régime à temps partiel. Il touche en majorité les femmes car elles pratiquent plus le temps partiel que les hommes (30% contre 5% pour les hommes). Dans la tranche d'âge 25-49 ans, le sous-emploi lié au temps partiel subi affecte près de 40% des hommes parce que ces derniers ne trouvent pas toujours un travail à temps plein ; pourtant, il est d'environ 50% chez les femmes. Également, le sous-emploi lié au temps partiel est aussi la statistique de mesure du sous-emploi en Wallonie, région méridionale de la Belgique. Selon la 7ème publication du Service des EtudesStatistiques de 199925(*), le sous-emploi féminin est très fortement lié au temps partiel subi (85% en 1986, par rapport au temps partiel proprement dit) et représente pratiquement le double du sous- emploi masculin. Bref dans la période de 1981 à 1998, le taux de sous-emploi wallon n'excède pas 11% et admet pour déterminants la gent féminine, le travail intérimaire. Au Cameroun, les Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages I et II réalisées en 1996 et 2001 respectivement n'étaient pas compatibles avec une mesure du sous-emploi selon le BIT pour des raisons de questionnaires non adaptés. Mais, pour présenter entièrement tous les indicateurs du sous-emploi, les experts de l'Institut National de Statistique ont dû faire une hypothèse simple et vraisemblable pour classer les individus en sous-emploi. Elle se fonde sur le fait que les individus aspirent généralement à une meilleure situation professionnelle. Puisque la rémunération ici est jugée insuffisante aussi bien dans le public que dans le privé, les individus sont obligés d'exercer plusieurs activités. La législation camerounaise est d'ailleurs souple à ce sujet, notamment pour les fonctionnaires. On se rapproche ainsi du sous-emploi BIT. Cependant, ces fonctionnaires, bien que n'étant pas satisfaits de leurs conditions, ils sont moins tentés, aversion pour le risque oblige, par une expérience dans le privé. Ainsi est-il difficile de classer les fonctionnaires dans le sous-emploi. Suivant cette méthode de mesure, le sous-emploi au Cameroun a été estimé à plus d'un tiers de la population active, selon une publication de l'INS26(*), de décembre 2004. La littérature la plus récente sur le sous-emploi en République Démocratique du Congo est celle de l'enquête 1-2-3 de 2012. De par la nature du questionnaire qui a servi à la collecte, celle-ci présente les données beaucoup plus fiables sur l'emploi et le secteur informel, par rapport aux données d'autres enquêtes. Ici, le taux de sous-emploi visible correspond à la proportion des actifs occupés de plus de 10 ans, travaillant moins de 35 heures par semaine, et s'estime à près de 12,12%, s'il faut se ramener au Rapport Principal de l'enquête 1-2-3. Le sous-emploi invisible (ou situation d'emploi inadéquat, lié au revenu) quant à lui, se mesure en terme de pourcentage des actifs occupés de plus de 10 ans, qui gagnent moins de 30 000 FC dans leur activité principale. Le même rapport principal indique 69,30% comme taux de cet indicateur. Le sous-emploi invisible frappe davantage les femmes que les hommes, et se manifeste dans le secteur informel agricole. Les jeunes et les plus âgés gardent les taux les plus élevés (plus de 70%). Le niveau d'instruction est une caractéristique importante du sous-emploi invisible, et s'illustre en majorité par les non scolarisés, qui demeurent les plus exposés. * 24Revue INSEE PREMIERE No 1046 octobre 2005 * 25Revue SES No 7 Tendances Économiques, Service des Etudes Statistiques de Wallonie, novembre 1999 ; * 26Les Statistiques sur l'Emploi et le Marché de Travail au Cameroun, INS, décembre 2004 |
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