Les nouvelles routes de la soie Chine Afriquepar Mahamadou dit N'fa Simpara Université Sidi Mohamed Ben Abdellah - Licence 2019 |
Chapitre I : L'enjeu idéologique de la route de la soieCe chapitre consacré au retracement idéologique de la route de la soie sera divisé en deux parties. La première partie concernera la situation historique de cette route mythique, qu'est la route de la soie (section I) et la seconde partie sera réservée en la route de la soie comme une affirmation de la puissance chinoise (section II). Section I : Situation historiqueEn ce milieu de la première moitié du XXIe siècle, la prophétie napoléonienne est en passe de se réaliser. « Lorsque la Chine s'éveillera, le monde tremblera »5(*), tels étaient les mots de Napoléon Bonaparte, empereur français du XIXe siècle. Pays d'Asie de l'est avec un immense territoire ; membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU, puissance économique et politique disposant de l'une des plus vielles et prestigieuses civilisations au monde ; la Chine est le sujet de tous les fantasmes. Cet intérêt particulièrement accordé à la Chine tient également à l'extraordinaire initiative des nouvelles routes de la soie, qui place le pays au centre des débats actuels. Il apparait comme l'un des projets les plus ambitieux et les plus coûteux menés par le géant Asiatique6(*). La route de la soie est plus qu'un projet moderne, elles tirent ses origines d'une époque lointaine. La soie est avant tout l'idée d'historien, ce qui nous pousse à faire le contour historique- dans les faits et dans les idées- des fameuses routes de la soie (paragraphe I), tout en exposant leur évolution dans le temps et dans l'espace (paragraphe II). Paragraphe I : La naissance de la route de la soieL'apparition des premières routes de la soie a un lien particulièrement étroit avec l'évolution du droit international chinois. En effet, ces premières routes se sont manifesté de très bonnes heures, en affirmation des relations politiques sino-étrangères. La traditionnelle route de la soie mettait en scène des caravanes de chameaux, transportant la soie chinoise vers l'étranger. Ces caravanes circulaient, notamment entre l'Empire romain et la Chine, sous le règne d'Auguste. A cette époque, la Chine était traversée par deux grandes routes commerciales, l'une passant par le Nord de la mer Caspienne, l'autre au Sud des monts T'ien chan7(*). De référence au produit qui y était transporté de l'Asie vers l'Europe, la route de la soie servait de moyens commerciaux initiée par l'empereur Wudi avec l'objectif de fluidifier ses échanges avec l'Europe, mais aussi de contrecarrer les nomades `'Xiongnu''8(*) présentés comme des ennemis. Pour ce faire, l'empereur procède par l'envoie du voyageur Zhang Qian au royaume des Yuezhi, situé très loin à l'ouest, en Bactriane, qui, après 13ans de captivité, arrive à s'échapper et retourne en Chine. Le succès de cette mission, tant en matière d'informations rapportées qu'à leur exactitude, redonne la nécessité d'un second voyage en 119 av-Jésus. Ce succès fut également, la source des futurs ambassades et voyageurs de l'Orient et de l'Occident. Tel fut le début de ce que nous appelons aujourd'hui la route, ou les routes, de la Soie?: un réseau d'itinéraires commerciaux transcontinentaux, allant de la Chine à la Méditerranée l'Asie centrale et l'Iran, complété de routes maritimes. Dès le VIIIe siècle, l'Asie occidentale et la Chine nouaient déjà des relations commerciales. Ces relations sont nées dans l'esprit des routes de la soie. Admirer pour son savoir faire et la qualité de la soie qu'elle transportait, la Chine ravitaillait également les marchés romains en soie. Fait intéressant, le mot grec ancien pour la Chine est « Sères », ce qui signifie littéralement « la terre de la soie »9(*). Vers les IXe et Xe siècle, la route de la soie, qui ne concernait jusqu'alors la voie terrestre, atteindra la voie maritime. Exposé ci-dessus, l'idée des routes de la soie, émergeait déjà dans l'esprit ; et ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que le géographe allemand Von Richthofen conceptualise l'idée de ce commerce particulier en l'occurrence « LES ROUTES DE LA SOIE ». De ce siècle, on assiste également à la diversification de différents passagers qui voyageaient le long de la route de la soie. On passe des seuls commerçants aux géographes, archéologues... partis de l'Europe et du Japon pour explorer les sites de la soie. Et cette diversification touche également les produits qui y étaient transportés (de la soie, s'ajoutent d'autres aliments comme des fruits et des légumes, du bétail, des céréales, du cuir et des peaux, des outils, des objets religieux, des oeuvres d'art, des pierres et des métaux précieux et - ce qui est peut être plus important- la langue, la culture, les croyances religieuses, la philosophie et la science...). Parmi ses transporteurs de la culture asiatique vers l'occident, il y a notamment : Sir Aurel Stein (Grand Bretagne, 1862-1943), Paul Pelliot (France, 1879-1945), Albert von Le Coq (Allemagne, 1860-1930), parmi d'autres. Les historiens préfèrent maintenant l'utilisation du terme « les routes de la soie » au pluriel, qui reflète plus fidèlement le fait qu'il y avait plus d'une voie d'accès. Les routes de la soie comprenaient ainsi, un vaste réseau de postes de traite, de marchés et de voies de circulation stratégiquement situés, conçus pour simplifier le transport, l'échange, la distribution et le stockage des marchandises. Des produits tels que le papier et la poudre à canon, tous les deux inventés par les chinois pendant la dynastie Han, ont eu des impacts évidents et durables sur la culture et l'histoire en Occident. Ils étaient également parmi les articles les plus échangés entre l'Est et l'Ouest.10(*) Les gens qui parlaient des langues différentes se rencontraient souvent sur la route de la soie. Certains avaient appris plusieurs langues depuis leur enfance .D'autres ont dû apprendre les langues étrangères en tant qu'adultes, un processus plus ardu qu'il ne l'est aujourd'hui, compte tenu du peu d'aides à l'étude disponibles. L'héritage le plus important de la route de la soie est l'atmosphère de tolérance favorisée par les dirigeants de petits royaumes d'oasis pendus le long du nord et du sud de Taklamakan11(*). Au fil des siècles, ces dirigeants accueillirent des réfugiés de pays étrangers, leur accordant la permission de pratiquer leur propre foi. Le bouddhisme est entré en Chine, tout comme le manichéisme, le zoroastrisme et le christianisme d'Orient. Les sites archéologiques et les artefacts conservés offrent un aperçu de ce monde autrefois tolérant. * 5 Cette phrase aurait été prononcée par Napoléon en 1816 à Saint Hélène, après la lecture du livre de Lord Macartney, un ambassadeur de la Grande Bretagne. CONSEIL INTERNATIONAL POUR L'AMITIE ET LA SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE SOVIETIQUE vol. 08 juillet-aout 2010 La prophétie a été empruntée par Alain Peyrefitte comme titre de son essai paru à l'édition Fayard en 1973 en France. * 6 Géant, non seulement en matière de superficie dont 9 596 961 kilomètre carré selon les chiffres officiels de l'ONU et surtout démographique, car selon les derniers statistiques le pays compterait plus d' 1,4 milliard d'habitant, faisant de lui le pays le plus peuplé au monde. * 7 J. ESCARRA, La Chine et le droit international, Edité par A. PEDONE, Paris 1931, p2 * 8 Première confédération de pasteurs nomades connue en Asie orientale, qui apparaît sur le territoire de l'actuelle Mongolie comme une puissance redoutable à la fin du ~ IIIe siècle, alors que l'Empire chinois est en voie de création. Encyclopédie universalis France. * 9 Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle tome quatorzième, 1875, « SÈRES », p. 586. * 10 History.com, silk road 03 Novembre 2010 * 11 TAKLAMAN est un désert inhospitalier d'Asie Centrale dont la grande majorité de la surface se trouve dans la région autonome ouïgoure du Xingiang en République Populaire de la Chine. Du dictionnaire sensagent.le parisien.fr |
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