III.2.4 « La dimension sécuritaire
»
La chambre d'isolement, pour un psychiatre, est une conception
uniquement sécuritaire. La finalité n'est d'autres que de
protéger du danger, il ne s'agit pas de soigner.
III.2.5 « L' indéterminé »
L'infirmier que je mets dans cette catégorie ne m'a pas
laissé assez d'éléments pour identifier sa conception.
Appartenant à un groupe de travail qui s'est penché sur la
chambre d'isolement, il parle de cette pratique avec une relative «
neutralité » qui gêne une catégorisation.
III.2.6 « Trois temps sur la trajectoire du
patient »
La conception thérapeutique apparaît à
différents moments de la trajectoire du patient. La conception
thérapeutique est une construction sociale variable selon ses acteurs et
les moments de la trajectoire du patient.
Les conceptions thérapeutiques ne sont pas
caractérisées par l'origine de l'établissement. Trois
principales catégories regroupent huit acteurs. Ces catégories
représentent trois temps « thérapeutique »
différents sur la trajectoire du patient isolé.
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III.2.6.1 « Temps 1 : respect du protocole
»
Le premier temps thérapeutique est
représenté par le respect du protocole. Il vient s'inscrire dans
la trajectoire juste avant la mise en isolement. L'accent est mis sur le
respect de la procédure, sur le respect de la forme. C'est le respect de
la démarche qui en fait un acte thérapeutique. Il s'agit d'un
groupe homogène car composé de cadres de santé des deux
établissements. La figure charismatique du médecin à
l'hôpital ne serait-elle pas symbolisée par la prescription ?
III.2.6.2 « Temps 2 : acte thérapeutique
»
Le second temps thérapeutique est le moment ou le
patient est en chambre d'isolement. La chambre d'isolement existe en tant
qu'entité thérapeutique pour trois acteurs, si l'on fait
abstraction de la variabilité de l'utilisation pour deux d'entre eux. La
chambre est intrinsèquement thérapeutique. Ce groupe est
composé de deux infirmiers et d'une aide-soignante. La
variabilité de la perception de la chambre d'isolement trouve peut
être son origine dans le paradoxe soulevé par Goffman ou
l'ambivalence de la démarche soigner ou protéger est parfois
confuse pour les acteurs.
III.2.6.3 « Temps 3 : relation
thérapeutique »
Enfin, le dernier temps thérapeutique s'inscrit dans la
relation soignant soigné. L'isolement n'est pas un temps
thérapeutique mais s'inscrit dans une relation thérapeutique que
constitue la trajectoire du patient. Ce groupe est composé d'un
psychiatre, d'un cadre et d'un infirmier. Toujours pour échapper au
paradoxe goffmanien, les acteurs rationalisent leur pratique en
déplaçant la dimension thérapeutique dans une dimension
relationnelle et pas géographique.
Trajectoire du patient et « temps
thérapeutique » :
Temps 1 Respect du protocole
Unité de soin
Chambre d'isolement ou contentions
Temps 2 Acte
thérapeutique
Temps 3 Relation thérapeutique
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