I.1.3 « Questionnements et hypothèses »
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Ainsi, nous ne cherchons pas à justifier le bien
fondé au sens de légitimité d'une telle
pratique2. Pour autant, c'est l'analyse des processus de
définition de cette pratique qui est au coeur de notre
recherche : quelles sont les conceptions sous-jacentes à sa pratique ?
Quelles sont les argumentations conduisant d'une part, à justifier la
nécessité d'une telle pratique et d'autre part, à
qualifier cette pratique de thérapeutique ?
Dans le but d'enclencher notre enquête (Beaud, Weber
1997), nous avons formulé deux hypothèses de travail :
- la conception thérapeutique de cette pratique
dépend de la « culture institutionnelle » de
l'établissement psychiatrique
- la mise en oeuvre de cette pratique ne dépend pas
strictement de raisons médicales.
Ces deux hypothèses provisoires nous permettent d'avoir
un fils conducteur qui nous guidera durant la lecture de ce travail de
recherche.
I.1.4 « Eléments nécessaires à la
construction de notre recherche »
Nous présentons ici les différents aspects
nécessaires à la compréhension du monde de la santé
mentale jusqu'à la pratique de la mise en chambre d'isolement.
I.1.5 « Premiers regards sur la notion d'isolement
»
Ici, il s'agit de comprendre les différents sens que
recouvre le terme « isolement ». Nous précisons les sens qu'il
recouvre en psychiatrie et sa place parmi les autres pratiques. Puis, nous
donnons la définition du mot thérapeutique, traditionnellement
rattachée à cette pratique en France.
2 En effet, seule la catégorie des professionnels ont la
légitimité de pouvoir répondre à une telle
question.
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I.1.6 « Apparition du mot »
Dérivé direct du verbe isoler signifiant «
faire prendre la forme d'une île », le mot isolement apparaît
tardivement dans la langue française (1701) nous dit le Dictionnaire des
concepts de la psychiatrie (1997).
I.1.7 « Définition : du sens commun à la
définition médicale »
Selon Le petit Robert, état d'une personne
isolée ou qu'on isole. Pour la psychiatrie l'isolement a deux
significations différentes : la première renvoie à une
séparation physique, la seconde à une séparation
contrainte dans une visée « thérapeutique ». La
première forme d'isolement correspond à la volonté sociale
de mettre à part un individu. Il s'agit donc de séparer
spatialement l'individu de la société. La loi du 30 juin 1838
incarne cette conception, initiée par les médecins Pinel et
Esquirol. Ôter les relations sociales et affectives à
l'aliéné doit permettre au soignant de le
rééduquer. Placer un individu en hospitalisation correspond alors
à une première forme d'isolement. La loi du 27 juin 1990 est
l'incarnation actuelle de celle de 1838.
La seconde forme de séparation correspond à
l'enferment en chambre d'isolement du patient dans un but thérapeutique
et non plus social. La chambre d'isolement dont il est question correspond
à une pièce fermée destinée spécifiquement
à cet usage.
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