II.2 « Les normes sous-jacentes de la philosophie de
soin »
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Il n'y a pas d'unité de pensée. Les
différents acteurs agissent en fonction de leurs propres repères
théoriques ou empiriques. Ces repères correspondent à des
modèles biologiques, anti-psychiatriques ou bien personnels.
II.2.1 « Un modèle inopérant
»
Pour le médecin chef, les repères normatifs du
soin sont inspirés du modèle biologique. Selon lui, le concept de
psychothérapie institutionnelle est inopérant dans le cas de
certaines agitations. La chambre d'isolement est un outil nécessaire.
« Philipe Paumelle, qui a construit le secteur du
13me arrondissement de Paris qui était le secteur
modèle, le premier secteur, lui, a dit que le meilleur traitement de
l'agitation c'est la psychothérapie institutionnelle. Alors c'est quoi,
c'est des prise en charge par des hommes qui fait que l'agitation se calme, ou
des attaches, je ne sais pas quoi...Une phase maniaque on ne peut pas
arrêter le cycle, c'est bizarre. Bon ça veut dire qu'il doit y
avoir une base biologique, ou une reprise biologique du trouble, j'en sais rien
mais il y a un truc là, sinon on arrive à calmer les gens et ils
s'arrêtent, non ça ne s'arrête pas. »
La seconde conception du soin, c'est qu'avec une prise ne
charge réalisée à 85% sur l'extrahospitalier,
l'hôpital « subit » des hospitalisations sous la contrainte
pour rupture de traitement. D'après lui, il y a confusion entre
internement et obligation de soin. La loi dans sa forme actuelle confond
obligation de soin et séquestration. La loi de 1990 doit être
changée afin d'axer l'obligation de soin sur l'extrahospitalier et non
plus dans le cadre d'un internement uniquement. Nous retrouvons dans cette
vision, la volonté d'axer la prise ne charge psychiatrique sur la ville
et le secteur.
« La théorie de l'isolement a vieilli, c'est
vrai qu'actuellement on a deux lois, pour nous gouverner. Il y a la loi intra
hospitalière qui est la loi de 90, qui quand même la loi de 1838 :
c'est l'internement. L'erreur, historique, qui n'était pas une erreur
à l'époque mais qui le devient aujourd'hui c'est une obligation
de soin avec séquestration, l'internement... Il faut dissocier cette
notion de l'internement. La base c'est l'obligation de soin, ensuite c'est le
problème des conduites, mais la base c'est quand même l'obligation
de soin. »(chef de service)
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Ce psychiatre aussi souhaiterait revenir à une
organisation des soins plus ouverte. Il lui semble que la dynamique de
l'enfermement ne soit pas toujours justifiée dans les modalités
d'ouverture et de fermeture de l'unité.
« On a ouvert, fermé, ouvert, fermé et
puis à un moment c'est redevenu re-tout le temps fermé et en
fait, on ne se pose plus la question, de la possibilité de rouvrir les
unités dans les moments ou l'état d'aucun patient ne
nécessite de laisser le service fermé. On a repris l'habitude
comme quand je suis arrivé, comme avant qu'on fasse cet effort.
»(ph)
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