WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Entre trajectoire du patient et temps thérapeutiques. Analyse sociologique du monde de la psychiatrie à  partir de la chambre d'isolement.

( Télécharger le fichier original )
par Stéphane LE ROUZIC
Institut de Formation des Cadres de Santé de Sainte Anne Paris - Cadre de santé  2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.3.2 « Normes et mises sous contentions »

Dans cette partie nous allons décliner quels sont les facteurs normatifs (médicaux et sociaux) qui participent à utilisation des contentions.

I.3.2.1 « La peur »

Le premier critère que nous pouvons repérer est la peur de l'équipe soignante. Celle-ci constitue une contre-indication selon l'ANAES mais elle est très prégnante d'après le cadre.

« Moi le premier critère de la mise en chambre d'isolement, je vous dis ça en plaisantant, mais en même temps c'est pas hasard que je vous dis ça c'est la peur de l'équipe ; pour moi c'est ça le premier critère, ça veut pas dire que je reprocherais à l'équipe d'avoir peur, je suis en train de dire que l'équipe peut avoir peur au sens profond mais avoir peur de, peur d'une réaction, peur d'une conséquence des choses comme ça. » (cadre supérieur de santé)

I.3.2.2 « La violence »

La violence comme je l'ai dit, constitue la première indication de mise en chambre d'isolement. Dans les extraits de corpus suivant on distingue 2 types de violence : verbale et physique. La violence physique ne prête pas à discussion, elle induit une mise sous contention. La violence verbale est soumise à discussion, la situation est évaluée

par les acteurs. Bien que les services des interviewés ne comportent pas de chambre d'isolement, les acteurs emploient spontanément le terme de chambre d'isolement lors des situations de violence évoquées.

« É et il commençait à être agressif, moi-même il a voulu me casser la figure mais verbalement c'était ; et ça s'est discuté en équipe, et puis il a été mis en chambre d'isolement et en pyjama pour être contenu... » (ide)

« La violence si elle est verbale c'est toujours pareil il faut l'apprécier. Si il y a un passage à l'acte, là on est dans une violence clastique, à ce moment il n'y a pas à hésiter, renfort et mise en chambre d'isolement. »(cadre supérieur de santé)

La première norme pouvant induire une utilisation des contentions est la violence. Celle-ci peut être définie, a minima, comme une violence physique voir comme une violence verbale. Cette dernière fera l'objet d'une évaluation de la dangerosité d'une manière collégiale.

Ce cadre explique que la pratique des contentions évolue car les professionnels ne perçoivent plus la violence de la même manière, il y a une moindre tolérance. Le soignant se situe plus comme un citoyen.

« ...mais pas rapport à la violence, c'est pas forcément mieux pris chez les anciens que chez les jeunes, alors ils savent mieux si prendre dans certaines situations, mais on sent aussi que la mentalité a évolué, comme ne plus accepter la violence et l'agressivité de la même manière. Moi je trouve qu'on utilise plus les contentions, enfin je trouve que ça augmenté, c'était assez rare, mais j'ai l'impression souvent maintenant qu'il y a une demande des équipes... » (cadre supérieur de santé)

« On sent les réactions même par rapport à une agressivité verbale, lorsqu'on se fait insulter, on l'a l'impression que le soignant se positionne plus en citoyen... » (cadre supérieur de santé)

Nous pouvons retenir que la pratique évolue en fonction de la perception de la violence qu'on les acteurs. La violence ressentie est une construction sociale extérieure et clinique.

41

I.3.2.3 « Mise en danger du patient »

42

La seconde norme est celle de la mise en danger du patient. L'équipe est alors contrainte de protéger le patient de lui-même ou des autres. Ce n'est pas son état clinique qui induit la mise sous contention mais le risque de conséquences de cet état clinque.

« C'est vraiment quand le patient se met en danger ou est complètement dispersé et a besoin d'un contenant quoi très clairement et que sinon il est exposé aux stimuli extérieurs et que ça le perturbe complètement quoi. » (ide)

« on est amené à la mettre en chambre d'isolement quelquefois parce que l'angoisse est trop forte, quand elle commence à se faire frapper par d'autres patients, on est obligé de la protéger par ce moyen là. On ne peut pas être derrière 24/24 heures. »( ide)

I.3.2.4 « La clinique »

Je ne m'étends pas sur les éléments cliniques car l'interprétation du comportement du patient sur un plan sociologique et clinique porterait à confusion. Néanmoins, nous pouvons comparer les éléments avec la classification d'Esquirol et les indications cliniques de l'ANAES.

I.3.2.5 « Conclusion de partie du processus mise sous contention »

La mise sous contention est ainsi la conséquence d'une déviance. Nous pouvons en déduire que les normes de la déviance sont constitutives de faits (violence physique) et de la perception de la dangerosité par un groupe d'acteurs (violence verbale ; peur des acteurs ; mise en danger du patient par lui-même). La peur, en tant que critère, constitue un facteur normatif à part dans la mesure où elle est constitutive de la déviance du groupe des soignants puisqu'il s'agit d'une contre-indication de l'ANAES (1998). Paradoxalement la peur est un phénomène déviant qui conduit parfois à étiqueter l'autre de déviant pour s'en protéger.

Au total, le processus de mise sous contentions est induit par la transgression de normes de protection. Il s'agit alors de protéger le groupe des soignants ou le patient lui-même de violences réelles ou ressenties comme probables.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld