I.3 « Processus de mise sous contention »
Dans cette partie nous nous intéresserons au processus
de mise sous contention. Nous verrons que celui-ci repose sur une pratique
empirique. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux
normes et aux circonstances qui guident cette pratique.
I.3.1 « L'empirisme et anticipation »
L'empirisme constitue le fondement théorique de la
pratique. Lorsque je demande à l'infirmier si il se souvient d'avoir
étudié la question de la chambre d'isolement à l'IFSI, il
me répond que cela est empirique : il le sait car il l'a lu.
« Mais c'est empirique, la chambre d'isolement et la
contention ça s'apprend sur le terrain et c'est de la transmission entre
anciens et jeunesÉJe suis allé sur le site Serpsy et j'ai lu des
mémoires ». (ide)
Dans les extraits suivants les cadres mettent en avant un
apprentissage essentiellement empirique qui se transmet oralement entre
professionnels.
« Il faut être sur que la personne veuille
travailler en service de psychiatrie, après on lui apprendra tout,
l'agressivité, la violence, comment le gérer, la contention...
» (cadre supérieur de santé )
«É j'ai l'impression d'avoir appris sur le
terrain, c'est vrai ça s'apprend pas à l'école, mais si on
peut donner des théories, des conseils, je pense c'est
l'expérience du terrain qui apprend, c'est vrai en psychiatrie on a
toujours la difficulté de transmettre les choses, il n'y a pas de
technique, on a jamais rien écrit vraiment, c'est des choses plus de
comportement qui se transmettent en faisant et en voyant les choses que par
écrit, c'est le problème pour bien d'autres choses en
psychiatrie... » (cadre supérieur de santé)
L'anticipation est une qualité professionnelle à
acquérir. Il s'agit d'avoir le réflexe d'une démarche
permanente de prédiction du comportement du patient. Cette
qualité de prédiction s'aiguise par la pratique. Le comportement
du patient fait l'objet d'une interprétation constante de ses faits et
gestes afin d'être en mesure de détecter à temps toutes
déviances.
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« Je ne supporterais jamais qu'un patient
dégomme les infirmiers, ça s'est pas possible. C'est d'ailleurs
pour ça qu'il faut apprendre aux infirmiers à demander au
médecin très en amont, de prendre les précautions pour que
cela n'arrive pas, ça n'empêchera pas mais ça peut le
limiter, je pense que c'est ça qu'il faut positionner, après
n'importe quel infirmier peut travailler en service de psychiatrie. »
(cadre supérieur de santé)
«É ils ont l'expérience (les
infirmiers), ils voient un patient arriver, ils arrivent à cerner le
personnage, comment il faut se comporter, comment le patient pourrait se
comporter, avec leur expérience elles ont une qualité de
prédiction au sens clinique, mais ça je pense que c'est avec
l'expérience qu'on l'acquiert, que l'on soit DE 92 ou ISP. »
(ide)
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