I.1.2 « Pédagogie et protocole »
Ces derniers sont chargés de l'organisation des soins
au sein dans l'unité, ils vérifient le respect des protocoles et
de l'application des prescriptions médicales. Ils sont garants du
respect des droits des patients. Ils gèrent le personnel soignant en
ajustant les effectifs afin d'assurer la continuité et la qualité
des soins.
Deux thèmes sont plus particulièrement
prégnants : le protocole et la pédagogie.
« ...moi comme le cadre de proximité j'essaye
de m'assurer que la prise en charge des patients respecte la procédure
en cours, il faut donc une prescription médicale de mise en chambre, la
mise sous contention est une prescription médicale, avec une
prescription de surveillance de la part des infirmiers que vont demander les
médecins, régulière, bon y a des traces écrites, y
a des imprimés prévus pour la surveillance de mise en chambre,
moi ma responsabilité c'est de voir si les prescriptions sont
respectées et si le travail infirmier est suivis... de toutes
façons il y a une procédure qui est suivie tant par les
médecins que les infirmiers.» (cadre supérieur de
santé)
« Éla mise en CI est quelque chose
de protocolisé, il y a un cadre mais au moins il y a le
référentiel de l'ANAES qui déterminent les raisons, le
moyen et la prise en charge de quelqu'un qui est en CI ». (cadre
supérieur de santé)
L'aspect pédagogique est assez prégnant dans le
discours des cadres. Outre la surveillance du bon déroulement des soins,
le travail du cadre comporte un accompagnement dans l'apprentissage de
l'univers de la psychiatrique. Comme je le précisais dans la
première partie, la chambre d'isolement ainsi que la pose de contentions
fait parties d'une démarche empirique. Le cadre se présente comme
étant une ressource pédagogique.
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« L'expérience ne s'acquiert que sur le
terrain avec ceux qui savent déjà et ceux qui sont là pour
apprendre, je pense que c'est ça qu'il faut se mettre dans la
tête, n'attendez pas du médecin qu'on vous forme, la formation, le
progrès c'est vous le cadre et vous vous appuyez sur les anciens qui ont
de l'expérience. » (cadre supérieur de santé)
« ... pour le cadre ou le cadre supérieur il a
une obligation de tirer l'infirmier vers le haut en leur permettent
d'accéder à la formation continue ; en leur passant un savoir et
en s'arrangeant pour que ce savoir qui existe déjà chez les
anciens soit transmissible et transmis aux jeunes, ça s'est un vrai
boulot de cadre, de faire l'amalgame entre les générations afin
que le savoir se perpétue. » (cadre supérieur de
santé)
Le second cadre se présente plus comme un
éducateur. Pour elle, la violence faite partie intégrante de la
maladie mentale, elle est indissociable. Son rôle est de le rappeler aux
soignants.
« J'essaye de réapprendre aux soignants que
ça fait parti de la pathologie que c'est dans le soin. ...on a
l'impression que maintenant c'est pris, on ne va pas porter plainte mais pas
loin. Des que ça bouge un peu c'est problématique, c'est
difficile, c'est le propre du service de psychiatrie aigue, c'est normal que ce
soit difficile. Quand un patient est un peu agité, pas comme il faut,
l'anormalité ne serait plus normale, quelque chose qui ne devrait pas
avoir lieu là. Ca fait parti de la spécialité du
métier, c'est comme si en soin palliatif il fallait plus mourir ».
(cadre supérieur de santé)
Ce cadre exprime sa difficulté à faire admettre
que la violence est « normale » en psychiatrie, qu'elle fait partie
du métier ; et que cette difficulté est liée aux
évolutions de la société qui influence l'attitude
soignante.
« y a quelque chose dans l'air du temps, y a quelque
chose de l'extérieur qui vient se calquer sur l'hôpital psy, la
psychiatrie en général prend l'influence extérieure qui se
calque un petit peu là-dessus, et le métier a
évolué, le métier a changé, la prise en charge de
la psy a évolué, c'est un ensemble de choses, moi mon
évolution par rapport à ma fonction, le problème, la prise
en charge de la violence reste le même pour moi que lorsque
j'étais infirmière » (cadre supérieur de santé
service B)
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