II-3-2 Efficacité
Organisationnelle
Nous nous appuyons sur l'assertion de Luc Brunet (2001) qui
dit : « L'efficacité est un construit qui n'est qu'une
abstraction de la réalité. Il existe seulement parce qu'on
l'infère à partir de phénomènes observables
». Un des éléments susceptibles d'influencer cette
efficacité est la perception du climat de travail. La perception
entretenue par les personnels de façon dont ils sont traités sert
de référents aux comportements qu'ils vont adopter. Le type de
climat perçu serait donc responsable d'une partie de l'efficacité
de l'organisation.
Toute organisation peut être vue comme poursuivant
diverses natures de buts liés certes à sa « production
», mais aussi à sa volonté de survie ou aux effets
indirects qu'elle peut obtenir.
La question de la mesure de l'efficacité
organisationnelle est en débat chez les Théoriciens des
organisations. Esquissons les trois modèles les plus connus. Le premier
mesure l'efficacité au regard de la capacité de l'organisation
à atteindre ses objectifs.
Un second modèle est centré sur la satisfaction
éprouvée par les membres à l'égard de
l'organisation. Les critères découlant d'une telle
appréciation visent à permettre un fonctionnement harmonieux de
l'organisation (seuil de tension acceptable) en assurant un niveau minimal de
satisfaction à ses membres.
Un dernier ensemble de modèles fait dépendre
l'efficacité du degré d'intégration (cohérence
interne) entre les parties composant une organisation, et son
adaptabilité à l'environnement. Cette approche
"systémique" de l'efficacité n'est pas exempte de
limites : elle véhicule une vision "passive" de l'organisation, une
prévalence des moyens sur les fins, néglige les stratégies
des membres. Ces modèles lient les critères d'efficacité
aux caractéristiques internes des organisations. R. Hall(1987)
établit, pour sa part, qu'on ne peut concevoir une efficacité
organisationnelle globale/totale (overallorganizationaleffectiveness) ; il
préfère proposer la mesure de cette efficacité selon des
critères simultanés : au regard des objectifs que l'organisation
s'est fixé, de la variété de ses ressources, de ses
composantes, des temporalités dans lesquelles s'inscrit son action (que
l'on peut qualifier d'efficacité située). La suggestion est
théoriquement satisfaisante, mais sa mise en oeuvre dans le cas pratique
pose de redoutables problèmes.
Dans un contexte d'amélioration continue, il nous
apparaît à propos de relier l'évaluation d'un programme de
formation à l'efficacité organisationnelle. Morin, Savoie et
Beaudin (1994) utilisent la définition suivante de l'efficacité
organisationnelle : « Un jugement prononcé par les multiples
constituants sur les produits, les résultats ou les effets de
l'organisation ou de ses processus » (p.129).
Les multiples constituants énoncés dans la
définition sont en fait quatre groupes qui ont des intérêts
à l'égard de l'organisation : les investisseurs
(créanciers, actionnaires, fournisseurs, etc.), les producteurs
(administrateurs, gestionnaires, employés), les clients (distributeurs,
consommateurs) et les organismes régulateurs (gouvernement,
associations). L'efficacité est donc une norme de performance
organisationnelle liée aux valeurs des personnes ou des groupes
concernés. Morin et al. nous proposent une conception
intégrée de l'efficacité organisationnelle selon quatre
dimensions : la valeur des ressources humaines, l'efficience économique,
la légitimité de l'organisation auprès des groupes
externes et la pérennité de l'organisation. De plus, ils
proposent certains critères pour juger de l'efficacité d'une
organisation.
Dans le milieu scolaire, plusieurs études tendent
à démontrer une relation entre le climat et l'efficacité
des écoles. En effet, plusieurs chercheurs s'accordent pour dire que les
écoles diffèrent d'une manière marquée, non
seulement dans l'architecture, le statut socio-économique des
élèves mais aussi dans l'atmosphère, le climat et la
culture (Halpin et Crofts, 1963) et que cette différence affecte les
résultats des étudiants.
D'une part, il appert que les variables écologiques
(aspects physiques et matériels), ont des relations faibles ou
inconsistantes avec les résultats scolaires. Par exemple, dans
certaines études (Duke et Perry, 1978, voir: Klitgaard et Hall, 1974),
plus les écoles sont petites, meilleurs sont les résultats
scolaires alors que dans d'autres (Rutter et al. 1979; Weber, 1971), la taille
de l'école ne produit aucun effet sur les résultats. Brunet et
al. (1991) ont aussi trouvé que des écoles situés dans des
milieux défavorisés pouvaient avoir une meilleure
efficacité que leurs homonymes de milieux favorisés à
cause de leurs climats plus ouverts.
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