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Blanchiment d'argent manifestation et procédure de lutte.

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par Aymen Guesmi
institut supérieur de gestion ISG tunis - licence appliquée en Ingénierie Economique et Financière 2015
  

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Section 2 : Les effets économiques du blanchiment des capitaux 

1:L'importance des flux générés par l'argent blanchi et les méthodes d'estimation

1-1 :Définition des flux illicites

Les termes « flux financiers illicites » réfèrent aux sorties des fonds privés à l'origine de l'accumulation d'actifs étrangers par des résidents qui contreviennent aux lois applicables et au cadre réglementaire existant. Il convient de noter que si cette définition s'applique aux flux financiers illicites émanant de la plupart des pays en développement, il existe toutefois des exceptions. Dans les faits, un pays en développement tel que l'Arabie saoudite n'exercent pas de contrôle officiel sur les mouvements de capitaux. La présente étude fait cependant état d'une moyenne annuelle de près de 54 milliards de dollars de sorties des fonds en Arabie saoudite, entre 2002 et 2006. L'Arabie saoudite se classe donc à cet égard au second rang, tout juste derrière la Chine. Le fait qu'un pays qui n'exerce aucun contrôle sur les mouvements de capitaux affiche le second plus haut taux de flux financiers illicites se qui laisse de supposer qu'une réglementation gouvernementale en matière de finance ne mène pas obligatoirement aux mouvements illicites des capitaux. Comme c'est le cas en Arabie saoudite, les flux financiers illicites découlent d'avantage de l'instabilité politique et macro-économique qui engendre parmi les investisseurs une mentalité de « crainte face à l'avenir » et les incite à placer leur avoir à l'abri, hors du pays. Donc, si les mouvements illicites des capitaux émanent souvent de la volonté de gérer les capitaux de façon à éviter les contrôles de capitaux internes, cette absence de contrôle ne signifie pas pour autant qu'un pays ne sera pas confronté à des mouvements illicites de capitaux, surtout en présence d'autres facteurs susceptibles d'encourager ce type de mouvements des capitaux. (Selon le rapport de FMI en 2007)

1-2 : Les méthodes d'estimation

Selon les modèles étudiés, deux voies sont utilisées pour la sortie illicite des fonds : l'exploitation clandestine du système bancaire international pour sortir des fonds d'un pays, représentée par le modèle Hot Money, le modèle résiduel de la Banque mondiale et la facturation commerciale frauduleuse, qui permet d'accumuler des fonds qui seront déposés dans des institutions bancaires étrangères. Les économistes utilisent fréquemment les trois modèles mis à profit dans le cadre de la présente étude, c'est-à-dire le modèle Hot Money, le modèle résiduel de la Banque mondiale et la facturation commerciale frauduleuse. Les données utilisées proviennent des bases de données macroéconomiques à grande échelle tenues à jour par le Fond monétaire international et la Banque mondiale.

La diversification des flux financiers illicites en provenance de pays en développement, basée sur les modèles utilisés, pour tenter d'éliminer les pays associés à des faibles ou « faux » flux financiers illicites. Une brève description des trois modèles est fournie ci-après pour illustrer de quelle façon les données officielles peuvent identifier les mouvements de fonds illicites. Les flux financiers illicites en provenance des pays en développement sont ici répartis sur cinq régions mondiales : l'Afrique, l'Asie, l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (MOAN) et l'hémisphère occidental.

Le modèle « Hot Money » : permet d'estimer les flux financiers illicites en fonction des erreurs et omissions nettes au niveau des objets des comptes nationaux extérieurs. La valeur nette des erreurs et omissions permet de faire la balance entre crédits et débits des comptes extérieurs d'un pays et donc de détecter les mouvements de capitaux non consignés et les erreurs statistiques. Une valeur nette des erreurs et omissions constamment élevée et négative est perçue comme le signe de mouvements illicites de capitaux. À cela s'ajoutent les « sorties comptabilisées de capitaux à court terme au sein du secteur privé ». L'on ne tient compte que des sorties de capitaux privés à court terme en vertu de l'hypothèse voulant que ni le gouvernement, ni les autorités monétaires, ni les banques n'expédient des fonds illégalement, et que les sorties de fonds n'impliquent que des avoirs financiers qui viennent à échéance à court terme, les fonds concernés devant obligatoirement être récupérés rapidement et à bref préavis.

Le modèle résiduel de la Banque mondiale : permet de déterminer la source des fonds d'un pays (les entrées de capitaux) au regard de leur utilisation consignée (sorties et/ou dépenses de capitaux).Toute entrée des fonds excessives par rapport à l'utilisation notée (ou aux dépenses) constitue un capital non imputé qui est de ce fait considérée comme un flux financier illicite. L'augmentation de l'endettement extérieur net du secteur public et le flux net de l'investissement direct étranger comptent parmi les sources des fonds identifiées ainsi que l'utilisation des fonds inclut le déficit courant financer par les mouvements de comptes de capitaux et les dotations aux réserves de la banque centrale.

La présente étude emploie deux autres façons de mesurer l'endettement extérieur net du secteur public : la première est basée sur les changements annuels au niveau des encours de l'endettement extérieur (CED) tandis que la seconde est basée sur le flux d'endettement net (NDF). L'inclusion ici des versions CED et NDF du modèle résiduel de la Banque mondiale relève de l'impact des variations du calcul du taux de change sur les encours de la dette. Les variations de calcul peuvent mener à une majoration de la dette lorsque le dollar perd de sa valeur ou à une sous-évaluation de la dette lorsque la valeur du dollar grimpe par rapport à la monnaie du pays qui a contracté la dette. L'on préfère généralement la version NDF à la version CED car les variations du taux de change ont moins d'impact sur les mouvements de fonds que sur les encours très élevés. Les données relatives aux versions CED et NDF devant théoriquement être consistantes (exception faite des écarts au niveau du calcul des taux de change), l'on ne doit pas s'attendre à des écarts prononcés au niveau des estimations des flux financiers illicites pour cette nouvelle source de fonds. Si l'étude a révélé que selon la version CED les flux financiers illicites étaient en moyenne plus élevés (2011 à 2014) que les estimations, l'écart n'était que de 5 pour cent.

Le modèle de facturation commerciale frauduleuse : la facturation commerciale frauduleuse étant reconnue depuis longtemps comme une voie importante de mouvements financiers illicites, motivée par le fait que les résidents peuvent acquérir de façon illégale des actifs étrangers en surfacturant les importations et en sous facturant les exportations, une comparaison est faite entre les exportations internationales d'un pays en développement et les importations enregistrées à l'étranger en provenance dudit pays, après ajustement des coûts de transport et d'assurance.

Une comparaison est également faite entre les importations internationales d'un pays et les exportations internationales vers ce pays rapportées. Les écarts au niveau des données commerciales avec les pays partenaires, après ajustement des coûts de transport et d'assurance, qui laissent supposer une surfacturation des importations et une sous-facturation des exportations, témoignent de flux financiers illicites. Il est cependant important de noter que le modèle de facturation commerciale frauduleuse peut également donner des résultats de type « négatif », synonymes de flux financiers illicites internes (c.-à-d. l'entrée non consignée de capitaux au pays) imputables à la surfacturation des exportations et à la sous facturation des importations.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard