1-3- Situation environnementale
Parlant de l'environnement, il y a une prise de conscience
croissante et notoire des questions environnementales en Algérie. Elle
est liée aux principales étapes institutionnelles suivantes :
> 1974 : création du Conseil National de l'Environnement (CNE) ;
> 1984 : rattachement des prérogatives de protection
de l'environnement au Ministère de l'hydraulique, de l'environnement et
des forêts ;
> 1994 : rattachement de nouveau de l'environnement au
ministère de l'intérieur, des collectivités locales et de
l'environnement ;
> 1996 : création d'un Secrétariat d'Etat
chargé de l'environnement ;
> 2000 : création du Ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement (MATE) ;
> 2007 : création du Ministère de
l'aménagement du territoire de l'environnement et du Tourisme (MATET).
(L. RIZOU et N. GHALEM, 2010).
Cette prise de conscience s'est traduite par la mise en place
des mesures d'accompagnement pour la protection de l'environnement. Mais il y a
un manque d'actions environnementales selon le Ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement (PNAE-DD, 2002).
L'estimation du coût de la dégradation de l'environnement faite
par le même Ministère, révèle des résultats
alarmants, 5.82% du PIB, une somme qui dépasse les dépenses
consacrées à la santé (3.87% PIB). C'est donc important de
dire que les dégâts occasionnés à
21
Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
l'environnement sont un sérieux problème que
l'État algérien doit faire face. Le tableau ci-dessous permet de
voir de plus près l'impact de la dégradation de l'environnement
en terme financier.
Tableau N°2 : Impact financier de la
dégradation de l'environnement
Catégorie économique
|
Evaluation monétaire des dommages (en
%PIB)
|
1- Santé et qualité de vie
|
|
Eau (morbidité, dégradation de la qualité
de la ressource
|
0.69%
|
Air
|
0.94%
|
Sols, foret et biodiversité (pauvreté)
|
0.15%
|
Déchets
|
0.19%
|
Littoral (accidents chimiques)
|
0.01%
|
Total
|
1.98%
|
2- Capital naturel
|
|
Eau (perte dans le réseau)
|
0.62%
|
Air (pertes agricoles)
|
0.01%
|
Sols, forets, biodiversités (pertes agricole,
déforestation, empiétement urbain, pertes en
biodiversité)
|
1.21%
|
Total
|
1.84%
|
3- Pertes économiques liées à la
dégradation de l'environnement
|
|
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Eau (habitant mal desservis)
|
0.18%
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Déchets (potentiel de recyclage perdu)
|
0.13%
|
Littoral et patrimoine archéologique (perte
touristique)
|
0.59%
|
Energie, matières, compétitivité (gestion
des ressources inefficace, perte d'image de marque)
|
1.10%
|
Total
|
2%
|
TOTAL (1+2+3)
|
5.82%
|
Source : Ministère de l'aménagement
du territoire et de l'environnement (2002)
En 2010, l'étude réalisée par des
chercheurs américains de l'université Yale et Columbia sur la
protection de l'environnement montre que l'Algérie a occupé la
42eme place dans le monde sur un échantillon de 163 pays.
Elle est ainsi classée la première dans le monde arabe et la
deuxième en Afrique. Cette étude s'est basée sur 25
critères comme la qualité de l'air, de l'eau, les
émissions de gaz à effet de serre, la biodiversité,
l'impact de la pollution sur la santé de la population et l'état
des forêts.
Néanmoins il convient de souligner que cette même
étude montre une grande corrélation entre le niveau de
développement économique, représenté ici par le PIB
par habitant, et la qualité environnementale. Comparé aux pays
plus développés comme la France par exemple, l'Algérie
enregistre un retard important dans la prise en charge de l'environnement.
Cependant, l'Algérie étant la deuxième puissance
économique d'Afrique, il est logique qu'elle figure parmi les premiers
de ce classement sur le continent africain. Dans le monde arabe, ceux sont ses
bons résultats sur les critères de biodiversité et de
problématiques liées à l'eau
22
Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
qui lui permettent de dépasser des pays comme les
Émirats arabes unis ou le Koweït, mieux classés en termes de
PIB par habitant.
Cette performance s'explique selon le Ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement par des facteurs
divers. Une amélioration de gouvernance environnementale et les actions
coordonnées à l'échelle des territoires ; les
investissements consentis dans le cadre du plan de soutien à la relance
économique (2001-2005) ; le plan complémentaire de soutien
à la croissance pour lutter contre la dégradation de
l'environnement (2005-2009) ; et la restauration de la vitalité des
écosystèmes.
Ainsi pour clore cette section qui a pratiquement fait le tour
sur les trois piliers essentiels du développement durable, il peut
être retenu comme conclusion que le gouvernement algérien a tant
bien que nécessaire intégré le processus d'un
développement plus respectueux par rapport aux exigences
économiques, sociales et environnementales. Etant l'apanage de tous, le
développement durable nécessite l'implication des
sociétés civiles ainsi que les acteurs étatiques. La
question est : quand n'est-il de la part des entreprises? Cela fera l'objet de
la section suivante où sera traitée la version
microéconomique du développement durable4 en
Algérie.
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