1-2- Situation sociale
Pour évoquer la situation sociale en Algérie,
cela revient à analyser de plus prêt la question de l'emploi, des
indices comme l'IDH (Indice de Développement Humain), de la
santé, de l'éducation etc.
La question de l'emploi reste encore un défi pour
l'économie algérienne. Au regard des populations, ce sont les
jeunes qui sont les plus confrontés aux difficultés d'insertion
sur le marché du travail. Selon M. Joël Toujas Bernaté, le
chef de mission du FMI pour l'Algérie en 2011, « la population
active augmente à un taux compris entre 2,5% et 3% par an. Pour
stabiliser le chômage et absorber tous les nouveaux arrivants, il
faudrait probablement une croissance d'emploi d'au moins 5% dans les secteurs
autres que celui des hydrocarbures ». En plus, le bureau de
l'Organisation Internationale du Travail (OIT) en Algérie, voit
l'évolution de l'emploi passer par trois périodes principales
selon les réformes économiques :
V' La phase allant globalement de 1980
à 1994 : cette phase a vu la mise en oeuvre
progressive de nombreuses réformes jetant la base
institutionnelle d'une économie de
marché. Pendant cette période, l'économie
a été dominée par les entreprises étatiques.
Le pays a connu une progression du taux d'emploi jusqu'en
1986, année à laquelle le
prix du pétrole a chuté. Ce choc a
provoqué une baisse des investissements publics, ce
qui a conduit à la suppression de plusieurs milliers de
postes d'emploi.
V' La phase de 1995 à 1999 :
celle-ci a vu la réalisation d'un plan d'ajustement structurel (PAS) en
relation avec les organisations financières internationales (FMI, BM).
Le pays accuse alors une forte perte d'emploi sous l'effet de ces
opérations de restructuration.
V' La phase de 2000 à 2011 :
le taux de chômage a amorcé une baisse continue passant de 29,3%
en 2000 à 10% en 2011. C'est une baisse intéressante mais elle
reste faible
18
Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
par rapport au potentiel algérien. Elle est due
principalement au programme de promotion de l'investissement
réalisé par l'État, à la privatisation, au rachat
des entreprises publiques déclarées en faillites et aux
dispositifs d'aide à la création d'emploi3 comme
l'Agence Nationale de l'Emploi (ANEM), l'Agence Nationale de Gestion des
Microcrédits (ANGEM), etc. Cette phase est également
marquée par l'arrivée massive des femmes sur le marché du
travail.
Ces trois phases ont permis de voir en claire
l'évolution de la situation de l'emploi en Algérie. Il reste
quand même intéressant de souligner que les hydrocarbures,
contrairement au poids qu'ils regorgent dans la création de richesse du
pays, ont une part très peu significative dans le processus de lutte
contre le chômage. Le graphique proposé ci-après en est une
parfaite illustration.
Graphique N° 4 : Comparaison de
l'emploi global et l'emploi hors hydrocarbure 1984-2010
en milliers
Source : réalisé par nos soins
à partir des données du Ministère de la prospective et des
statistique L'enseignement qui peut être tiré de
l'évolution de la situation de l'emploi en Algérie d'entre ces
deux dates, en comparaison avec les emplois créés en dehors du
secteur des hydrocarbures, est que les emplois créés dans le
secteur des hydrocarbures sont peu représentatifs. Autrement dit,
l'influence significative que les hydrocarbures ont sur la rentrée de
devises ne reflète pas forcément qu'ils participent autant
à la création d'emploi. La lecture de ce graphique
révèle autre chose également qui mérite une
attention particulière. Les emplois que les autres secteurs qui entrent
dans la composition du produit intérieur brut, ont une très haute
influence en matière de création d'emploi et permettent ainsi de
résorber le
3 Les dispositifs d'emploi des jeunes ont
été renforcés suite aux évènements dits
« printemps arabes » dans la région. Bien que l'Algérie
ait été épargnée par ces mouvements de renversement
des régimes, les manifestations durant le premier trimestre 2011 dans le
pays ont conduit les autorités à prendre des décisions
importantes devant encourager l'emploi des jeunes. Beaucoup de facilités
ont été accordées pour favoriser l'insertion des jeunes.
(MUSETTE Mohamed Saïb, 2013.
19
Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
chômage. D'où la nécessité
d'accorder beaucoup plus d'importance à la diversification de son
économie.
Sur le plan du bien être social, de la santé et
de l'éducation, les autorités ne sont pas en reste. Selon le
rapport sur le développement humain 2013 du Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD) portant sur l'essor du Sud, ces dix
dernières années, tous les pays ont connu des progrès en
matière d'éducation, de santé et de revenus au titre de
l'indice de développement humain. Cependant les progrès demeurent
hétérogènes entre les régions et au sein de
celles-ci. L'Algérie pour son compte, son indice de développement
humain a considérablement augmenté entre 1990 et 2012 lui
permettant de se classer parmi les pays qui ont un développement humain
élevé. Au sein de la région maghrébine elle s'est
parfaitement illustrée (0,173) en dépassant d'un rang la Tunisie
classée 94eme et le Maroc.
Du point de vue de la santé, les efforts sont
considérables. En 2012, 5,3% du PIB sont alloués aux
dépenses totales consacrées à la santé. Le tableau
suivant montre les différentes statistiques.
Tableau N° 1 : Comparaison sur
certains critères de santé entre Algérie et France en
2012
Critères
|
Algérie
|
France
|
Population totale
|
38 482 000
|
63 937 000
|
Espérance de vie à la naissance H/F
|
70/73
|
79/85
|
Quotient de mortalité infanto-juvénile pour
1000 naissances vivantes
|
20
|
4
|
Quotient de mortalité 15-60 ans H/F pour
1000
|
165/122
|
109/52
|
Dépense totale consacrée à la santé
par habitant ($ US)
|
439
|
4 260
|
Dépense totale consacrée à la santé
en %
du PIB
|
5,3
|
11,8
|
Médecin par 1000 habitants
|
1,24
|
3,36
|
Source : Organisation Mondiale de la Santé
(2012)
Ce tableau révèle d'énormes
disparités entre ces deux pays sur le plan sanitaire. Cette situation
s'explique par le fait que les structures sociales ne sont pas régies de
la même manière d'une part, mais d'autre part la mise en place des
politiques par les autorités étatiques pour promouvoir un cadre
social favorable en Algérie, semble très difficile. Certes
l'Algérie reste un pays en voie de développement ce qui pourrait
également être un facteur explicatif de ce
phénomène. Malgré cela, les efforts sont consentis pour
lutter contre la mortalité maternelle et périnatale grâce
à la mise en place du programme national de périnatalité
en 2006. L'État se fixe pour objectif de réduire la
mortalité maternelle et l'amélioration de la prise en charge de
la santé maternelle et du nourrisson. La stratégie pour
réaliser cet objectif est axée essentiellement sur le
développement de l'infrastructure sanitaire lourde et
légère, l'accès aux soins gratuits pour toutes les couches
sociales, généralisation de l'alphabétisation, le
programme d'espacement des naissances... En 2012, d'après l'UNICEF, la
mortalité
20
Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
maternelle était de 70,3 pour 1000 naissances vivantes,
alors qu'en 1992, elle était de 215 pour 1000. Il y a eu donc une
diminution de 67,3% ce qui est de prime abord un résultat positif.
Pour l'éducation et la formation, l'État
algérien donne une priorité pour garantir la réussite des
plans de développement économique et social. Les dépenses
publiques totales dans ce secteur représentaient en 2008, 4,34% du PIB.
Selon l'article 53 de la constitution, le droit à l'enseignement est
garanti et gratuit dans les conditions fixées par la loi. Il est
obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 15 ans. Au plan de
l'alphabétisation, l'Algérie prévoit, dans le cadre de la
stratégie nationale d'alphabétisation, de réduire de 22 %
le taux d'analphabétisme auprès de la catégorie
d'âge de 10 ans et plus, à l'horizon 2015. Elle est arrivée
à généraliser l'accès à l'éducation
notamment au niveau primaire où, le taux est passé de 85%
à la fin des années 80 à plus de 97% en 2011.
L'enseignement supérieur a connu aussi une progression remarquable
illustrée notamment par plus de 1,9 million de diplômés
universitaires en 2012, contre 63 en 1964. Ces efforts dans l'accroissement des
structures physiques scolaires, se sont accompagnés d'une
amélioration des indicateurs du genre. C'est ainsi que la proportion des
filles dans l'enseignement secondaire a fortement augmenté (58.3 %) et
au niveau supérieur, deux diplômés sur trois sont des
filles (Perspectives Économiques en Afrique, 2013).
|