INTRODUCTION GÉNÉRALE
La SONATRACH, entreprise d'État, est en fait la
première entreprise qui a adopté une démarche de
responsabilité sociale en Algérie, ne se limitant pas aux
préoccupations sociales et environnementales de ses activités,
mais bien élargie aux besoins sociaux et économiques des
populations défavorisées. Cette spécificité
s'explique en grande partie par les moyens financiers dont dispose
l'entreprise.
Pour appréhender au mieux la problématique
soulevée un peu plus haut, le mémoire, qui est autant
théorique qu'analytique sera structuré comme suit :
Dans un premier chapitre l'émergence du concept RSE en
Algérie à travers deux sections : la première qui sera
consacrée à la présentation de l'Algérie pays sur
lequel porte essentiellement ce mémoire. Et la deuxième
consistera, après un bref rappel sur ce que c'est la RSE, à
montrer bien que l'Algérie peine à mettre en place une
véritable RSE, mais cela n'empêche pas de dire qu'elle commence
à gagner du terrain et ce depuis le lancement du projet RS-MENA en
2011.
Puis dans un deuxième chapitre, faire une étude
sur l'entreprise SONATRACH pour voir en quoi elle est leader en matière
de RSE. Pour ce faire deux sections seront adoptées : une
première qui fera l'objet d'une présentation de cette entreprise
qui est un acteur central dans l'histoire des hydrocarbures en Algérie
et enfin, une deuxième qui sera axée sur les engagements pris par
rapport à ces démarches responsables.
PREMIER CHAPITRE
L'Algérie face au nouveau
concept : la RSE
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Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
Ce chapitre a pour objet de présenter la situation
économique, sociale et environnementale de l'Algérie. L'objectif
visé est de montrer bien que le concept de responsabilité sociale
des entreprise est nouveau en Algérie, mais cela n'empêche pas de
dire qu'il commence à gagner du terrain et ce depuis le lancement des
projets comme RS-MENA en Algérie en 2011 et la récente plateforme
« RSE Algérie » issue d'un partenariat entre l'institut
algérien de la gouvernance et l'Observatoire français sur la
Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE).
Section 1 : Présentation socioéconomique
et environnementale de l'Algérie
Cette section consiste à faire une présentation
économique, sociale et environnementale de l'Algérien. L'objectif
est de voir la situation du pays à travers ces trois pôles qui
constituent fondamentalement le socle du Développement Durable.
1-1- Situation économique
La politique économique algérienne était
une politique basée sur une économie fermée, super
protégée. Il a fallu attendre jusqu'aux années 1990 pour
voir l'émergence d'une nouvelle ère :
l'ouverture. Cette ouverture, décidée par le
gouvernement de Mouloud HAMROUCHE1 à l'époque, se
poursuivra avec les encouragements du Fond Monétaire International
(FMI). Elle est rendue possible également grâce aux exigences
liées à la mondialisation.
La structure de l'économie algérienne est
basée sur la rente pétrolière et gazière.
L'Algérie est le sixième pays producteur de gaz et le
douzième producteur de pétrole dans le monde. En 2012, 97% des
exportations algériennes reposées sur ces deux sources (Dominique
LAGARDE et al, 2012). Cependant même « si les premiers impacts
du krach de 2007-2008 ont pu être maîtrisés grâce aux
réserves de change accumulées et à une importante
épargne budgétaire, mais aussi à la faible
intégration à la sphère financière internationale
» (Fatiha TALAHITE et Ahmed HAMMADACHE, 2010), l'économie
algérienne reste restreinte dans sa diversification et vulnérable
à l'instabilité des marchés d'hydrocarbures, chose qui
explique l'importation d'une majeure partie des produits industriels et de
consommation.
Parlant de la croissance économique,
représentée ici par le Produit Intérieur Brut (PIB), elle
reste fortement dominée notamment par les hydrocarbures (37% du PIB, 97
% des exportations et 60% des recettes fiscales pétrolières) et
les services. En effet, selon le rapport du Service Économique
Régional d'Alger, les projections du FMI révèlent que le
taux de
1 Mouloud HAMROUCHE né en janvier 1943
à Constantine est un homme politique. Il a été chef du
gouvernement entre septembre 1989 et juin 1991
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Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
croissance de l'économie algérienne, qui
s'était établi à 3,3% en 2012, devrait
légèrement s'affaisser en 2013, à 3,05%, mais devrait
enregistrer un rebond en 2014, à 3,68% et en 2015, à 3,73%. A
titre illustratif, ce graphique montre l'évolution du P11B entre 1986 et
2012.
Graphique N° 2 : Évolution du
PIB entre 1986 et 2012
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PIB ($US courant) Algérie
1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
2012
Sources : réalisé par nos soins à
partir des données de la Banque Mondiale
D'après l'allure de ce graphe, l'évolution du
P11B algérien a connu deux phases. La première se situe entre
1986 et 2000. Cette phase est caractérisée par une stagnation du
PIB due à la chute du prix du baril de pétrole liée au
contre-choc pétrolier2. S'agissant de la deuxième
phase, entre 2000 et 2012, le PIB algérien a considérablement
augmenté de 54,79 Mds $ jusqu'à 207,95 Mds $. Ces
résultats viennent confirmer ce qui a été dit un peu plus
haut sur l'influence majeur des hydrocarbures dans la création de
richesse du pays. Malgré la période de crise de 2007/2008 qui a
sévi pratiquement toutes les économies mondiales,
l'économie algérienne a su tirer son épingle du jeu.
Les services, ils représentaient pour leur part en
2012, 22% du Produit Intérieur Brut selon le même rapport du
Service Économique Régional d'Alger. Cette
représentativité permet de
2 Le contre-choc pétrolier est la situation
connue au lendemain des deux chocs pétroliers 1973 et 1979. Il est
caractérisé par une surproduction en vue de compenser le
ralentissement de l'économie. Cette surproduction a engendrée une
baisse brutale du prix du baril de pétrole (10$ en 1986). Cette
situation est également qualifiée comme étant le
résultat d'un accord entre les États-Unis et l'Arabie Saoudite,
visant à augmenter la production de pétrole, en vue de satisfaire
les besoins occidentaux en énergie et diminuer les revenus de l'Union
Soviétique.
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Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
qualifier ce secteur comme étant le deuxième
pourvoyeur de richesses derrière les hydrocarbures (31%) et le premier
en matière de création d'emploi. En ce qui concerne les autres
secteurs, à savoir l'industrie hors hydrocarbure, les Bâtiments et
Travaux Publics (BTP), droits de douanes et TVA, Services des Administrations
Publiques (Services non marchands) et enfin l'agriculture, leur contribution
est de 47%. Le graphique ci-dessous montre ainsi la part de chacun de ces
différents secteurs.
Graphique N° 3 : Répartition
sectorielle du PIB en 2012
6%
18%
22%
9%
9%
31%
5%
Agriculture
Hydrocarbure
Industrie HH
BTP et Construction Services Marchands Droits de Douanes et
TVA
Services des Administrations Publiques
Source : Service Économique Régional
d'Alger (Indicateur Économique et Financier de l'Alger, Novembre
2013).
Néanmoins, en dépit du Produit Intérieur
Brut jusqu'ici utilisé pour analyser la situation économique de
l'Algérie, il y a d'autres indicateurs tels que le PIB/habitant qui
permet d'évaluer l'économie d'un pays. En effet le PIB/habitant
reflète principalement le niveau d'activité économique. Il
se détermine en faisant le ratio Production/Population totale. Pour ce
qu'il est de l'Algérie, si l'on se fie aux données de la Banque
Mondiale (BM), cet indicateur, a considérablement augmenté en
2013 (5438 $ US). Cependant, bien que cet indicateur témoigne d'une
bonne santé de l'économie algérienne, sa dépendance
vis-à-vis du gaz et du pétrole pose toujours problème. En
effet, l'expansion de certains secteurs ne parvient pas à masquer les
difficultés de l'industrie hors hydrocarbures. La faiblesse du secteur
privé, pénalisé par un climat des affaires peu propice
à l'investissement étranger, reste le problème majeur. Le
projet Doing Business qui mesure le climat des affaires et son
application effective dans 189 économies et certaines villes au niveau
infranationale et régionale place l'Algérie 153eme. En
raison de ce résultat décevant, la législation s'efforce
de rendre plus aisé
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Premier Chapitre : L'Algérie face au nouveau concept : la
RSE
et plus attractif l'investissement en Algérie. Quelques
exemples de mesures initiées pour encourager ces investissements peuvent
être cités :
V' Une réduction de 5% en matière de
droit de douane pour les équipements importés pour
l'investissement,
V' La franchise de la TVA (17%) pour les biens et
services entrants dans le cadre de l'investissement,
V' Une exemption des droits de mutation concernant
les acquisitions entrant dans le cadre de l'investissement.
Mais malgré ces avantages et d'autres qui n'ont pas
été énumérés, le volume des investissements
étranger reste faible (de 2002 à 2011 il ne représentait
que 1% du nombre de projets d'investissement global, selon l'Agence Nationale
de Développement de l'Investissement (ANDI)).
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